Nucléaire (Energie-} Si certaines évolutions des sciences sont prévi sibles, celle qui a suivi -la découverte fortuite de la radioactivité...
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Nucléaire (Energie-}
Si certaines évolutions des sciences sont prévi
sibles, celle qui a suivi -la découverte fortuite de la
radioactivité naturelle, par Henri Becquerel en 1896,
était inattendue.
Son résultat immédiat a été l'étude
du noyau de l'atome par les physiciens, la découverte
de rayonnements et de particules nouveaux, et des
perspectives considérables dans le domaine de la
production énergétique.
La découverte de la réaction de fission de l'uranium-,
235 en 1938 par Hahn et Stressman, le contexte poli-,
tique international de l'époque, ont conduit le gouver
nement américain à privilégier, dans ce domaine, les
recherches à finalité militaire et à fabriquer des armes
d'un pouvoir de destruction considérable, mettant fin
définitivement à l'assimilation de la science au pro
grès humain et changeant complètement les données
de la politique internationale.
L'accroissement de la consommation énergé
tique, Je tarissement prévisible des sources d'éner
gies fossiles excessivement mises à contribution, ont
déterminé des gouvernements à accentuer la produc
tion d'électricité par des centrales utilisant des réac
teurs nucléaires à fission.
Les accidents très graves
survenus récemment dans des centrales de ce type,
les prévisions d'une pénurie à venir des sources
actuelles d'énergie, conduisent à s'interroger sur les
possibles énergies de remplacement.
Différentes for
mules sont crédibles, d'autres (Je thermonucléaire en
particulier) sont encore incertaines.
Produit très symbolique de la physique et de la technologie du
XXe siècle, l'énergie nucléaire n'a guère intéressé que les
sciéntifiques, jusqu'au 6 août 1945.
Ce jour-là, un aviateur
américain a, sur l'ordre du président des États-Unis Harry Tru
man, lancé sur Hiroshima (Japon) la deuxième bombe à fission
nucléaire de l'histoire (la première avait été expérimentée, peu
de jours auparavant, dans le désert du Nouveau-Mexique).
Plus
de 100 000 victimes dans-l'immédiat.
davantage à Nagasaki
quelques jours après, le choc psychologique produit (même si
des bombardements classiques avaient fait auparavant autant
de morts - à Dresde, par exemple) ternit, et sans doute à
jamais, l'image de la sci~nce bienfaisante héritée du scientisme
du XIX• siècle, et surtout marque vraiment le début de
l'alliance des scientifiques et du pouvoir politique.
A la fin des années 60, l'utilisation de ce type d'énergie pour
fabriquer de l'électricité à l'échelle industrielle a été l'occasion
d'un débat particulièrement houleux, aggravé par de graves
, accidents plus récents (Tchernobyl, 1986), dans un contexte
marqué par des problèmes énergétiques croissants.
Système énergétique et forme de la société
Énergie est un terme qui apparaît épisodiquement et brièvement dans le langage de la physique jusqu'au XIX• siècle.
Ce
sont.
après l'essor de la mécanique depuis le XVII•, la naissance de la thermodynamiqut: (science de la chaleur) en' 1823,
et la structuration des rapports entre ces deux branches de la
physique, qui instaurent définitivement le concept d'énergie, en
obligeant du même coup à le définir.
A la fin du siècle, au moment même où les contradictions de
la physique newtonienne s'aiguisaient, q~lques savants (Wilhelm Ostwald, Pierre Duhem ...
) se sont faits les promoteurs
d'une doctrine, baptisée I' énergétisme.
Métaphysique et non
théorie scientifique, l'énergétisme niait l'existence de la
matière, prétendant résumer tous les phénomènes à des
échanges d'énergie.
Le contenu entier de l'énergétisme n'était
pas faux (l'équivalence masse-énergie d'Einstein aurait
d'ailleurs pu, dans un autre contexte ...
et dans un autre cadre
théorique, le conforter), mais sa prétention à synthétiser toute la
science, quelques contre-vérités flagrantes, le font figurer
parmî les mauvaises réponses que des scientifiques ont tenté de
donner à la crise de l'époque (voir art.
20 et 21).
La définition scientifique brute de l'énergie est : « Propriété
d'un système capable de fournir du travail» (Fleury, Kastler et
Mathieu).
L'expression la plus simple d'un travail est relative
au cas d'une force F, déplaçant son pofot d'application d'une
longueur 1, les directions de la force et celle du déplacement
étant confondues (par exemple, un cheval tirant un chariot tout
droit, à vitesse constante, sur une route horizontale).
Dans ce
cas, le travail exercé par la force est : W = F .1.
L'unité légale de
travail (S.I.) est le Joule.
Le cheval dispose d'une énergie musculaire, dont il dépense une partie pour déplacer le chariot.
Ce
que l'on peut retenir, en plus, c'est que l'énergie existe sous de
multiples formes (mécanique, chimique, électrique ...
) et qu'il
est possible de transformer une de ses formes dans une
autre.
Par exemple, l'explosion d'un mélange de vapeur
d'essence et d'air, dans un moteur d'automobile, permet de
faire se déplacer cette dernière : énergie chimique ➔ énergie
mécanique.
Il faut retenir aussi que le prix à payer, pour cette
transformation, est une diminution de l'énergie utilisable.
Le
rendement énergétique est obligatoirement inférieur à 1
(voir art.
22), même si l'énergie totale se conserve.
Pour écrire l'histoire des hommes, si l'on ne souhaite pas se
limiter à une chronologie (et donc à une succession d'époques
et de faits), il faut un fil conducteur, c'est-à-dire une question
que l'on suit, en étudiant les rapports au long des siècles entre
elle et les différentes sociétés.
La relation énergie dominante
;! forme de la société est, de ce point de vue, très intéressante.
"En acquérant de nouvelles forces productives, les
hommes changent leur mode de production, et en changeant leur mode de production, la manière de gagner leur
vie, ils changent tous les rapports sociaux.
Le moulin à
bras nous donnera la société avec le suzerain; le moulin
à vapeur la société avec le capitaliste industriel.»
écrit Karl Marx.
En extrayant une phrase d'un texte, on schématise la pensée de l'auteur.
C'est ce qui a souvent été fait de la première de ces phrases (entre autres).
Elle a également été cataloguée parmi
les lois de l'histoire, susceptible, comme telle, de prévoir l'avenir..
Il est douteux que de telles «lois» existent, mais cela ne nous
conduit pas à nier la relation entre l'énergie dominante dans une
société et la forme de cette demiére.
C'est un constat provisoire,
valable tout au moins jusqu'à notre époque.
De la nuit des temps préhistoriques jusqu'au XIIe siècle environ, l'énergie dominante, celle qui a permis aux sociétés
humaines de fonctionner et de se transformer, c'est l'énergie
musculaire (des hommes seuls, d'abord, puis des hommes et
des animaux après l'apparition de la domestication).
Les instruments divers qui ont été inventés au fil des siècles (outils,
armes, etc.) ne sont que ce que l'on nomme en physique des
machines simples: elles facilitent le travail de l'homme, le rendent plus efficace, lui permettent de mettre en œuvre une force
moindre (dans un temps plus long) ...
, mais ne créent pas
d'énergie (ou, plus exactement, se limitent à un usage plus pertinent de l'énergie musculaire).
L'énergie ne se crée pas, elle
se transforme.
Ces machines sont le levier, le treuil, la poulie,
la roue, la catapulte, etc.
D'autres énergies (celle du vent, par
exemple, pour faire se mouvoir les bateaux) servent parfois,
mais marginalement.
Les sociétés qui se succèdent ont un
trait commun: le groupe social (la classe sociale, si l'on veut)
n'a pas d'intérêt à promouvoir des changements profonds.
Au cours de la période médiane de ce que les historiens européens ont appelé le Moyen Age, du fait de différents bouleversements sur lesquels nous ne nous attarderons pas, l'énergie
musculaire devient insuffisante.
Elle est alors complétée, remplacée souvent, par l'énergie hydraulique («la première
forme d'énergie purement inorganique de l'histoire», écrit
l'historien M.
Bloch).
C'est celle des moulins à eau, plus tard
renforcée par celle des moulins à vent.
La catégorie sociale qui
est à l'initiative du mouvement est la bourgeoisie naissante.
Elle acquiert le pouvoir économique au détriment de la
noblesse foncière et guerrière.
-Il faut attendre la fin de cette
période, voire les débuts de la période suivante, pour qu'elle
s'empare aussi du pouvoir politique.
Contrairement aux catégories sociales qui l'ont précédée, l'innovation dans les processus de la production est une nécessité pour elle, à la fois pour
exister et pour progresser.
Les limites (techniques, économiques ...
) du système énergétique, dont l'élément de base est le moulin, sont atteintes vers la
fin du xvne siècle.
D'autres problèmes se posent (notamment
la pénurie croissante de bois, matériau et combustible dominant).
Un nouveau système voit alors le jour, dont l'élément de
base est la machine à vapeur, le combustible principal étant le
charbon (dit « de terre»; la houille, par conséquent).
Nous
entrons dans le mode de production capitaliste.
La fin du XIXe
et le XXe siècle ont vu des modifications importantes : le remplacement (provisoire, sans doute) du charbon par le pétrole,
surtout marqué après la Deuxième Guerre mondiale ; et,
plus importante, l'introduction généralisée de l'électricité dans
la vie des sociétés (voir art.
23).
Il n'y a pas, pour l'instant, de pénurie d'énergie, contrairement à ce que des hommes politiques ont déclaré à l'occasion
de certains événements (guerre au Moyen Orient, par exemple).
II y a, par contre, à envisager l'épuisement (dans quelques
décennies) des réserves de pétrole.
De graves problèmes dus à
la dégradation accélérée de l'environnement se présentent par
ailleurs (voir art.
9).
C'est dans ce contexte que se posent les questions·: fallait-il
- ou non - avoir recours à l'énergie nucléaire de fission?
Puisque cela a été fait, faut-il l'abandonner progressivement bt
- si oui - comment la remplacer?
De la découverte de la radioactivité naturelle
à celle de la fission de l'uranium
En I 896, en grande partie par hasard, Henri Becquerel
constate qu'un minerai d'uranium et de plomb (la pechblende)
émet un rayonnement (qu'il baptise au départ rayons uraniques) qui impressionne une plaque photographique.
Il étudie
le phénomène, bientôt rejoint par Marie Curie, puis par ~n
époux Pierre Curie, l' Anglais Rutherford, etc.
L'un des premiers enseignements des travaux effectués est que le rayonnement est dû à ce que l'on appellera bientôt le noyau de l'atome
d'uranium.
Marie Curie isole un nouvel élément qui possède la
même propriété (laquelle est baptisée radioactivité); elle lui
donne le nom de polonium.
Ensuite, avec son mari, elle isole un
autre élément, plus radioactif; ce sera le radium.
Becquerel soumet le rayonnement à l'influence d'un aimant.
Il constate que le rayon initial est divisé, par le champ magnétique, en trois parties distinctes : un....
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