Pakistan (2005-2006) Un pouvoir très éloigné de la population Le 8 octobre 2005, un tremblement de terre a dévasté l’Azad-Cachemire...
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Pakistan (2005-2006)
Un pouvoir très éloigné de la population
Le 8 octobre 2005, un tremblement de terre a dévasté l’Azad-Cachemire et la
Province de la frontière du Nord-Ouest (NWFP), faisant plus de 87 000 morts et
près de 3 millions de sans-abri.
La société civile et les organisations
humanitaires internationales se sont mobilisées pour mener les opérations de
secours en collaboration avec les groupes islamistes radicaux déjà présents dans
la région et qui ont bénéficié du soutien logistique de l’armée.
Sur le plan intérieur, l’année a été marquée par la polarisation grandissante de
la société, la dégradation de la situation sécuritaire dans la NWFP et au
Baloutchistan et la poursuite des violences confessionnelles.
Sept ans après sa prise de pouvoir (1999), le général Pervez Musharraf
apparaissait comme le véritable centre de l’autorité, court-circuitant le
Premier ministre et le Parlement, et il semblait décidé à pérenniser une
structure politique hybride dominée par l’armée et dans laquelle les partis ne
joueraient qu’un rôle prédéterminé.
Pourtant, n’ayant pas réussi à se constituer
une base de soutien dans la population, il semblait de plus en plus isolé et
dépendant des États-Unis tout en poursuivant une politique ambiguë de
coopération sélective à la « guerre contre le terrorisme », notamment par le
maintien de son alliance avec les partis religieux.
Une scène politique figée
Les élections locales, qui ont été organisées en août et en octobre 2005,
officiellement sans participation des partis, ont été remportées par la Ligue
musulmane du Pakistan (PML, rassemblant les partisans du général Musharraf) et
entachées de fraudes massives.
Ce scrutin a donné le coup d’envoi de la campagne
pour les élections législatives prévues pour la fin de 2007 alors que le général
Musharraf, qui entendait briguer un nouveau mandat présidentiel, ne semblait
toujours pas décidé à renoncer à la fonction de chef de l’État-Major.
L’ancien Premier ministre en exil Nawaz Sharif renversé par le coup d’État de
1999 a été autorisé à quitter l’Arabie saoudite pour Londres.
Quant à Benazir
Bhutto, qui vivait également en exil, elle continuait à négocier avec le
gouvernement les conditions de son éventuel retour au Pakistan tout en se
rapprochant de Nawaz Sharif en vue de constituer une alliance pour les
élections, mais tant la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) que le Parti
du peuple pakistanais (PPP) apparaissaient affaiblis par les nombreuses
défections dans leurs rangs au profit de la PML.
Par ailleurs, le gouvernement
manipulait les partis religieux pour créer un contrepoids au Muttahida Majlis-e
Amal (MMA, « Conseil d’action unifié », alliance de six partis religieux).
Toutes ces manœuvres avaient pour but de garantir le succès de la PML aux
élections législatives dont personne ne pensait qu’elles seraient « libres et
régulières » comme le réclamaient les États-Unis.
Nouvelles insurrections et violences confessionnelles
La situation au Baloutchistan est devenue explosive : attaques contre les
infrastructures et les moyens de communication, sabotages du gazoduc, attentats
à l’explosif et embuscades visant les forces de sécurité ponctuaient le
quotidien.
Le gouvernement a choisi l’option militaire et accusé les pays
voisins de soutenir l’insurrection dans cette province, qui a retrouvé son
importance géostratégique depuis l’intervention américaine en Afghanistan.
Les
insurgés, qui réclamaient la reconnaissance des droits des Baloutches sur le gaz
et les autres ressources naturelles de la province, s’opposaient aux projets de
développement autour du port de Gwadar et à l’implantation de garnisons
militaires, ainsi qu’à l’attribution de terres et d’emplois à des
non-Baloutches.
L’Armée de libération du Baloutchistan (BLA, revendiquant la
plupart des opérations de la guérilla) a été déclarée mouvement terroriste et
interdite en avril 2006.
Malgré la présence de quelque 70 000 soldats pakistanais dans les Zones tribales
(jouxtant l’Afghanistan), l’un des principaux objectifs des opérations
militaires déclenchées en février 2004 – empêcher l’infiltration de militants
d’Al-Qaeda et de combattants taliban en Afghanistan – n’a pas été atteint.
Ces
zones semi-autonomes continuaient de servir de sanctuaire aux taliban afghans
que certains éléments de l’armée considéraient comme de futurs alliés
stratégiques du Pakistan après le départ des États-Unis d’Afghanistan.
Cet échec
a entraîné une recrudescence des incursions terrestres et aériennes américaines
dans la région, dont les civils ont été les principales victimes, ce qui a
renforcé le sentiment antiaméricain et la perception de l’armée pakistanaise
comme menant une guerre injuste pour le compte des États-Unis.
Les militants
opposés aux opérations armées ont lancé une campagne contre les chefs tribaux
progouvernementaux, dont plus de cent ont été tués en 2005.
L’administration
civile était paralysée et l’anarchie régnait au Waziristan, où la population se
trouvait à la merci des taliban locaux, qui ont consolidé leur emprise sur la
région et étendu leur influence aux villes voisines.
Comme les années précédentes, les violences confessionnelles, y compris entre
sunnites, n’ont pas connu de répit.
Les attentats-suicides se sont multipliés
alors que le gouvernement menait une politique des plus ambiguës envers les
groupes interdits, et notamment le Sipah-e Sahaba (SSP, Armée des compagnons....
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