Paru en 1761, Julie ou La Nouvelle Héloïse connut un succès fulgurant : Impossible d'afficher l'image liée. Le fichier a...
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Paru en 1761, Julie ou La Nouvelle Héloïse connut un succès fulgurant :
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Saint-Preux, Julie, Claire, M.
de Wolmar, Milord Edouard forment une constellation
romanesque où se croisent, s’éclairent et se répondent les attentes, les rêves et
les pensées du siècle.
Mais c’est surtout le lyrisme novateur de cette œuvre qu’il
faut souligner et interroger puisqu’il introduit la problématique de la frontière
générique.
Quelle voix « adressée » s’élève, suite à un baiser donné par la femme
aimée, sur le mode de la plainte et de la lutte intérieure ? Quelle vision du désir
combattu par la conscience morale (« garde tes baisers ») se dégage de l’extrait ?
Quel lyrisme est, en conséquence, pris en charge, bousculant les limites du genre
romanesque ?
Du
« souvenir
immortel »
d’un
baiser
au
présent
de
l’écriture marqué par la douleur (« je ne puis plus vivre dans l’état où je
suis »): la plainte d’un être divisé
-
Le texte est porté par une voix qui dès
l’ouverture proclame sa douleur mortifère avec des termes tels que : « poison »,
« me tue », « me fait mourir ».
Cette amorce annonçant une tonalité élégiaque,
sur le mode de la déploration, est corroborée par l’accent plaintif des
exclamatives : « tu feras le supplice et le bonheur de ma vie! », « Hélas ! », « O Julie ! ».
De
nombreuses occurrences du « Je » sont liées au lexique de la sensation, « quand je sentis »,
« mes sens sont altérés », « je te sens et te touche », la parole déployée dans cet extrait se fait
donc de plus en plus incarnée et la mention des impressions corporelles ajoute à l’agitation
intérieure qui se dessine au fil du texte.
L’omniprésence du « Je » et du « tu » semble créer un
espace d’isolement pour l’épistolier et sa destinataire ; ce dialogue de proximité fait par
conséquent émerger une parole intime.
-
L’extrait est centré sur un souvenir : un baiser donné ; ce dernier étant parallèlement
source de plaisir et de douleur.
Ce motif est traité sur le mode de la lutte entre ces deux pôles,
ainsi
que
le
soulignent
les
oppositions
« toucher
délicieux »/« trop
âcres »,
« volupté »/ »tourment horrible ».
Cette tension forme l’ossature du texte puisqu’il s’ouvre et
se ferme sur cette dualité avec les expressions « « le supplice et le bonheur de ma vie » « que
j’expire à tes pieds…ou dans tes bras ».
L’oscillation permanente qui en découle crée un effet
d’instabilité et de trouble reflétant l’intériorité agitée du personnage.
-
La lettre semble être le lieu où le fossé entre l’exaltation de l’instant passé (« cet
instant d’illusion, de délire et d’enchantement ») et la douleur présente (« un égarement dont
je ne puis plus revenir ») se fait le plus présent.
En effet, ce mode narratif fixe dans l’instant de
l’écriture l’ensemble des sensations qui traversent ou ont traversé le personnage, ce qui amène
à une forme « condensée ».
Le système des temps souligne l’hiatus entre un passé plus heureux
et un présent placé sous le signe de la mort, par épuisement des sensations (« un transport
dont je ne suis plus maître »).
L’imparfait est employé pour faire référence à des instants de
félicité, placés en arrière plan : « je jouissais », « le feu s’exhalait », tandis que le présent et le
passé composé signalent la douleur et le tourment : « je ne puis plus vivre dans l’état où je
suis ».
Entre désir et raison, une vision du monde marquée par l’ambivalence entre le langage du corps et la
maîtrise de soi.
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L’ensemble du texte est marqué par la présence d’un imaginaire charnel.
On le voit
grâce à....
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