Pascal 1623-1662 • Deux excès : exclure la raison, n'admettre que la raison. ,. Pensées Éléments de biographie t Un...
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«
Pascal
1623-1662
• Deux excès : exclure la raison, n'admettre que
la raison.
,.
Pensées
Éléments de biographie
t Un génie extraordinaire
Blaise Pascal, doué selon Chateaubriand d'un« effrayant génie», manifeste
dès son enfance d'incroyables aptitudes pour les sciences: lorsqu'à douze
ans il est privé de livres de mathématiques par son père qui estime qu'il
se détourne trop du latin, il reconstruit par lui-même la trente-deuxième
proposition du premier livre d'Euclide.
À seize ans, il écrit un savant
Essai sur les Coniques et il invente, à dix-huit ans, la première machine à
calculer, la« Pascaline ».
t l'importance de la religion
À vingt-trois ans, il se convertit avec sa famille au jansénisme, doctrine
selon laquelle l'homme obtient le salut par faveur divine, non par ses
propres efforts.
Il connaît une période mondaine de 1652 à 1654 à Paris.
Mais l'expérience
mystique qu'il vit le 23 novembre 1654 le bouleverse et décide de sa
vocation.
Désormais, il consacrera sa vie à Dieu.
Lorsque les jansénistes sont attaqués par les Jésuites pour hérésie,
il les défend par des pamphlets pleins d'ironie réunis sous le titre Les
Provinciales.
Mystique, il se mortifie malgré les souffrances que la maladie
lui fait endurer depuis son plus jeune âge, au point de décider de porter en
permanence une ceinture à clous à même la chair.
Confronté lors de sa période mondaine aux libertins, il entreprend en 1657
de rédiger une Apologie de la religion chrétienne en vue de convaincre les
incroyants.
Mais la maladie le ronge, et, lorsqu'il disparaît, à trente-neuf
ans, c'est un ensemble de notes fragmentaires qu'il nous lègue, publiées
en 1670 sous le titre de Pensées.
Thèses essentielles
Pascal, en lecteur de Montaigne, use du scepticisme pourfaire l'apologie
de la religion chrétienne.
Rien, excepté Dieu, n'est sérieux.
t La relattutté de la justice
Pascal cultive un certain relativisme à l'égard de la justice.
Celle-ci est
issue des coutumes:« On ne voit rien de juste ou d'injuste qui ne change
de qualité en changeant de climat.
[...] Plaisante justice qu'une rivière
borne ! Vérité au-deçà des Pyrénées, erreur au-delà».
Mais, dans la mesure où elle instaure un ordre social, la justice, même
relative, est nécessaire et doit être respectée.
La seule justice véritable est
celle de Dieu.
L'homme, être corrompu et passionné, ne peut édifier de
lois justes en elles-mêmes.
t L'homme, ce« roseau pensant»
« Ni ange ni bête », l'homme est le lieu des contrariétés, et les inconsé
quences de son comportement le prouvent.
En lui, raison et passion
s'affrontent.
Pascal n'a de cesse de dénoncer la misère et la grandeur de
la condition humaine.
L'homme est misérable parce que privé de Dieu,
corrompu suite au péché originel, mais il est grand parce qu'il porte en
lui des bribes de la nature d'Adam avant le péché.
Pour Pascal, le dogme
religieux est principe d'explication de la condition humaine.
L'homme est « un roseau pensant » : misérable en tant que corps,
fragile face à l'infinité de la nature, il ne peut, par sa raison seule, se
connaître lui-même ni comprendre les deux infinis (!'infiniment grand
et l'infiniment petit) qui constituent l'univers.
Mais c'est un « roseau
pensant », si bien qu'il saisit sa finitude et la fragilité tragique de sa
condition.
Là réside sa dignité : « La grandeur de l' homme est grande en
ce qu'il se connaît misérable.
Un arbre ne se connaît pas misérable».
t Le dtuerttssement
Reste que se connaître misérable, c'est se trouver face à l'angoisse de la
mort, du vide, de l'ennui, c'est prendre acte de la vanité de l'existence.
L'homme échappe à une telle angoisse par l'amour-propre, tendance
du sujet à se centrer sur lui-même, mais aussi par l'imagination
qui, attribuant aux êtres des qualités inexistantes, comble ce vide
insupportable.
Le paraître l'emporte sur l'être dans la vie sociale, celle-ci
n'est qu'illusion: «La vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle; on
ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter.» L'imagination, cette « folle
du logis», est une« maîtresse d'erreur et de fausseté» qui nous trompe et
nous interdit l'accès à la vérité.
Enfin, pour échapper à la pensée de sa misérable condition, l' homme
se tourne vers le divertissement.
Est divertissement toute activité (jeu,
travail ...) qui détourne l' homme de lui-même, de la pensée de sa tragique
condition et du néant.
Mais c'est là une occupation inconsistante et
illusoire : « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est
de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre.
»
Le divertissement empêche la saisie du présent, car, toujours tournés vers
le futur, vers les objectifs que nous nous fixons, nous ne savons jamais
vraiment profiter de ce qui est ici au moment présent.
En cherchant le
repos et le bonheur par le divertissement, nous nous condamnons à ne
jamais les trouver.
t Grandeur et faiblesse de la raison
Mais ce n'est pas la raison qui nous permettra de dépasser l'angoisse
à laquelle nous prétendons échapper par le divertissement.
Les deux
grandes philosophies dignes de ce nom aux yeux de Pascal, le stoïcisme
et le scepticisme, ont fait erreur.
�pictète a survalorisé les pouvoirs de la
raison jusqu'à l'orgueil, alors que Montaigne les a dévalorisés jusqu'à la
justification de la lâcheté.
Tous deux ont commis « deux excès : exclure la
raison, n'admettre que la raison ».
Or, « nous avons une impuissance de prouver, invincible à tout le
dogmatisme.
Nous avons une idée de la vérité, invincible à tout le
pyrrhonisme » : la raison, marque de grandeur, est cependant faible tant
qu'elle ne reconnaît pas ses limites.
Soumise aux caprices de l' imagination
et de la mémoire, elle ne peut, comme le voudrait le dogmatisme, tout
démontrer.
Elle doit reconnaître qu'« il y a une infinité de choses qui la
surpassent », et telle est sa dignité.
t Vérités du cœur et vérités....
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