Paul Claudel ou le Diplomate inspiré La carrière Le jour de !'Epiphanie 1900, un pèlerin qui revient de Terre sainte,...

« Paul Claudel ou le Diplomate inspiré La carrière Le jour de !'Epiphanie 1900, un pèlerin qui revient de Terre sainte, un diplomate qui rentre de Chine, revoit les côtes françaises.

Il a pour nom Paul Claudel et sa carrière diplomatique l'entraînera sur ces routes océanes et vers ces horizons lointains qui serviront de toile de fond à ses drames. Il occupe des fonctions consulaires (1893-1916), puis diplomatiques (1917-1933) qui l'élèvent jusqu'au rang d'ambassadeur.

Chaque étape nourrit sa pensée et son œuvre : l'ascension de ce solide paysan picard est à la mesure de son tempérament. Le chrétien Perçu parfois comme un auteur hermétique et ennuyeux, Paul Claudel est un poète hors du commun.

Son œuvre poétique et dramatique est soulevée par une inspiration chrétienne intense. La foi fait soudain irruption dans sa vie le jour de Noël 1886 alors qu'il se tient près d'un pilier de Notre-Dame de Paris.

Cette «illumination», c'est à Rimbaud qu'il la doit. Pour Claudel, Rimbaud a su sur son lit d'hôpital, alors qu'il rentre du Harrar et qu'on doit l'amputer d'une jambe, que « par l'esprit on va à Dieu». Catholique soumis au dogme, convaincu qu'il n'y a de libération pour l'homme que dans la mort, Claudel définit d'abord les rapports de sa foi toute nouvelle avec la poésie.

C'est le sujet de /'Art poétique (1907) dans lequel il appréhende la création telle qu'elle est sortie des mains de Dieu.

Connaître, explique-t-il, c'est con-naître, naître avec : ce sentiment de la simultanéité de notre existence avec celle des autres ne nous apporte-t-il pas la preuve que Dieu nous a créés ensemble pour nous élever vers Lui? Cette pensée, Claudel en cherche la preuve dans !'Ecriture.

Ses commentaires, ses exégèses, ses médita­ tions sur la Bible, occupent sept volumes de ses œuvres complètes. Le poète Les Cinq grandes odes (1904-1910) portent trace à la fois de son chemin spirituel et de son aventure humaine.

Ces poèmes se caractérisent par leur élévation spirituelle et par leur débordement lyrique : Que m'importent tous les hommes à présent! Ce n'est pas pour eux que je suis fait, mais pour le Transport de cette mesure sacrée! 0 le cri de la trompette bouchée! ô le coup sourd sur la tonne orgiaque! Que m'importe aucun d'eux? Ce rythme seul! Qu'ils me suivent ou non? Que m'importe qu'ils m'entendent ou pas? Voici le dépliement de la grande Aile poétique! Que me parlez-vous de musique? Laissez-moi seule­ ment mettre mes sandales d'or! Comme on l'a déjà vu, le poète est aussi un voyageur. Dans les poèmes en prose qui constituent le recueil de Connaissance de l'Est {1900-1907), à travers les évoca­ tions des nuits, des rumeurs, des fêtes, des cloches et des jardins, échappant à un exotisme facile, il cherche à pénétrer l'âme chinoise.

L'Asie sera longtemps son inspiratrice et il y situe de nombreux épisodes de ses drames. Sa pensée se coule dans un vers qui n'a ni rime ni mètre et qui ne suit, sur le modèle du verset biblique, que le rythme intérieur du poème.

En raison même de la complexité des images qui s'y bousculent, elle ne se livre pas d'un seul coup et sa limpidité n'apparaît que lorsque les obscurités apparentes du style ont été élucidées.

On est alors frappé par la clarté et par l'ampleur des idées que charrie le fleuve massif, désordonné, majestueux, de la langue. Les drames C'est pourquoi, dans son théâtre, Claudel est moins soucieux de l'intelligibilité dramatique que de la puissance du souffle créateur. A vingt ans, il écrit Tête d'or', chef-d'œuvre de poésie cosmique, où les personnages parlent comme des pro­ phètes inspirés, parlent des choses de la terre et des choses de l'amour, du pouvoir ou de la mort, dans un.... »