Peirce : la signification pratique des signes Qui est Charles Sanders Peirce (1839-1914)? Philosophe et logicien, Peirce marqua toute la...
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Peirce : la signification pratique
des signes
Qui est Charles Sanders Peirce (1839-1914)? Philosophe et logicien, Peirce marqua toute la philosophie américaine du xxe siècle dans les nombreux domaines qu'il étudia.
N'ayant pas la
possibilité de faire une carrière universitaire, ses ouvrages et
articles furent publiés à titre posthume.
Il laissa à sa mort environ cent mille pages de manuscrits et aucune œuvre systématique.
Une faible partie seulement de la sélection d'écrits édités
(Collected Papers, 8 vol., 1931-1958) est traduite en français.
Il
apporta des contributions majeures en logique contemporaine.
Sa réflexion sur la nature des signes fonde la sémiotique (ou
science des signes) qui est la source de la linguistique moderne,
avec l'œuvre de Ferdinand de Saussure (1857-1913).
(Voir chapitre 12, page 182.) Il est l'auteur d'une phénoménologie et le
fondateur du pragmatisme.
Peirce et William James étaient les
principaux animateurs du Metaphysical Club où s'élaborèrent
les thèses du pragmatisme.
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La maxime du pragmatisme
Peirce est attentif à la complexité de la nature du signe, qui ne
se laisse pas enfermer dans un seul aspect, et plus particulièrement à sa dimension pratique.
Le pragmatisme est la théorie de
la détermination de la signification des signes : comment arrêter l'acception d'un mot? De fait, la signification d'un mot ne se
réduit pas à la notion présente dans l'esprit de quelqu'un (la
recherche de Peirce n'est pas psychologique) mais elle doit
inclure les effets pratiques :
« Considérer quels sont les effets pratiques que nous pensons pouvoir être produits par l'objet de notre conception : la conception de
tous ces effets est la conception complète de l'objet.
»
Peirce, Collected Papers
Cette maxime du pragmatisme exige d'être éclaircie.
■
Une méthode plutôt qu'une doctrine
Cette méthode permet d'abord de fournir un critère de démarcation entre les énoncés abstraits ayant un sens et ceux qui en
sont dépourvus.
L'énoncé abstrait (les mots ou énoncés qui
décrivent des choses et des êtres matériels ne sont donc pas
concernés ici) doit pouvoir être la source de conséquences expérimentales et observables.
La métaphysique est plus particulièrement visée puisque ses "énoncés" sont une « suite de mots
disposés conformément à la grammaire, simulant une proposition sans en être une » (Collected Papers, 7.204).
Peirce vise par ce moyen à résoudre les problèmes philosophiques
fondamentaux qui reçoivent des solutions diverses, voire contradictoires, ce dont témoigne l'histoire de la métaphysique.
Le pragmatisme est donc une méthode de clarification des idées plutôt qu'une
doctrine.
Elle doit permettre de se débarrasser des idées générales
de la métaphysique et des abstractions de l'idéalisme.
Selon la
formule de James, la fonction de la philosophie devrait être de
découvrir « quelle différence résulterait-il pratiquement pour un
homme» (Le Pragmatisme) s'il adoptait telle ou telle conception.
Une conception opératoire et plurielle
de la vérité
■
Une définition de la vérité tournée vers l'action
Ainsi en va-t-il de la notion de vérité.
L'idée de la vérité-correspondance est inefficace et inconsistante.
La vérité n'est pas simplement la concordance d'un énoncé avec la réalité.
Elle doit
permettre l'action.
Ce qui importe n'est pas de développer des idées
universelles mais des idées qui s'articulent dans (ou que prolonge)
un dispositif opératoire pour l'action.
La signification d'une idée
dépend de la conduite concrète qu'elle suscite.
Voilà ce qui permet
de rendre nos idées claires.
Telle est la valeur d'une idée ou d'une
théorie qui « réside uniquement dans les effets concevables qu'elle
est susceptible d'avoir sur la conduite de la vie» (Collected Papers).
De fait, cette conception de la vérité, articulée à l'action
concrète, en plus d'être parfaitement originale, est la racine
d'une nouvelle conception du savoir scientifique.
Vous avez dit « vérité-correspondance » et « vérité-cohérence » ?
Contrairement à ce que peut croire le sens commun, la notion de vérité est multiple.
Il y a plusieurs manières de la comprendre et de la définir.
Pour la véritécorrespondance, est vraie la théorie ou la proposition qui correspond adéquatement à ce qui existe dans la réalité.
« Il pleut » est vrai si et seulement s'il pleut
effectivement au moment où je parle.
La vérité-cohérence est une conception
plus élaborée.
Elle découle notamment de la réflexion sur la vérité en mathémati que.
Dans la vérité-cohérence est vraie la proposition qui est cohérente avec
l'ensemble des propositions d'un système donné (par exemple, une théorie physique ou un domaine particulier des mathématiques).
■
Une critique de l'idéalisme
La compréhension par Peirce de l'activité scientifique aboutit
à une critique de l'idéalisme.
Selon Peirce, en effet, la vérité
n'est pas indépendante du consensus de la communauté des
savants ; elle n'est pas détachée du sujet qui la produit, même
si le sujet, en l'occurrence, est la communauté scientifique.
Elle ne se fonde pas sur la certitude individuelle d'un cogito
solitaire.
Les théories sont provisoirement acceptées par la
communauté des chercheurs.
Nous ne doutons pas« en philosophie de ce dont nous ne doutons pas dans nos cœurs »
(Textes fondamentaux de sémiotiques).
Par cette formule, Peirce
déclare explicitement qu'il n'y a aucune séparation entre notre
vie sensible et partagée avec d'autres et nos conceptions scientifiques ou philosophiques.
De plus, l'activité scientifique ne vise pas la vérité absolue de
ce que serait la nature en-soi (c'est-à-dire indépendamment de
la connaissance que nous en prenons) ; une théorie scientifique n'est....
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