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PENSER : LA CRIT/UUE DE LA RAISON PURE (11)
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l(ant delmute aussi celui de ce que nous ne pouvons
connaître ; en montrant pourquoi mathématique et physique sont des
sciences, il montre pourquoi la métaphysique' n'en est pas une.
Reste
à l'examiner dans le détail, selon le principe de la différence entre pen
ser et comiaître.
Les éléments de la connaissance sont : un concept et
une intuition correspondant à ce concept; ce que je pense (concept),
ü faut aussi le voir (intuition) pour le connaître.
Cependant, ma pen
sée peut fort bien s'exercer sans intuition correspondante ; je puis pen
ser ce qui n'a pas place dans une expérience possible.
Penser un objet,
connaître un objet, ce n'est pas la même chose.
Les objets de la méta
physique ne sont pas des objets d'expérience sensible : l'âme, le monde
en sa totalité, Dieu ne sauraient tomber sous l'expérience.
La méta
physique n'est pas une science ; en ce domaine, dit l(ant, « je dus abo
lir le savoir pour faire place à la foi».
1.
La métaphysique générale
A.
Croire et savoir
■ La croyance est l'acte subjectif de tenir pour vrai ; si c'est pour des
raisons objectives, on l'appelle conviction; pour des raisons subjectives
seulement, persuasion.
La pierre de touche de la croyance est donc dans
l'objet, sur lequel chacun s'accorde.
Seule la conviction est communi
cable de droit; la persuasion, il faut la garder pour soi.
■ La conviction comporte trois degrés : l'opinion, la foi, le savoir.
L'opinion est consciente de son insuffisance subjective et objective; la
foi est consciente d'être subjectivement ferme, mais objectivement insuf
fisante; le savoir est conscient d'être subjectivement et objectivement
certain.
En mathématiques, il n'y a de place ni pour l'opinion ni pour la
foi; en métaphysique, il n'y a de place que pour la foi, qui est une forme
de modestie de la raison, en même temps qu'une absolue confiance
intime.
La foi ne sert pas à prouver l'existence des objets de la métaphy
sique; mais les objets de la métaphysique peuvent se réfugier dans la foi,
à défaut de faire partie du savoir.
La morale, en revanche, contraint cha
cun à croire, pour soi-même, à la liberté, à une vie future et à l'existence
d'un Dieu: ce sont les postulats de la raison pratique (cf.
fiche 46).
B.
L'ontologie de l'entendement
■ En recherchant les caractères les plus généraux des choses, l'entende
ment tente de répondre à la question: qu'est-ce qu'un objet en général?
II est tenté de prendre alors pour des caractères de l'objet lui-même ce
qui n'est que les conditions sous lesquelles nous pensons nécessaire
ment tous les objets.
Parce qu'il n'examine pas au préalable les titres
de ses prétentions, l'entendement procède dogmatiquement.
Les catégories (cf.
fiche 44) ne sont pourtant pas les chapitres d'une
ontologie.
Nous comprenons les choses à l'aide de certains concepts, qui
sont la voie unique par laquelle nous les pensons.
Pourtant, nos
concepts ne déterminent pas les choses telles qu'elles sont en soi,
mais seulement pour nous.
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C.
La métaphysique de la raison
■ Kant distingue l'entendement de la raison.
L'entendement est le
pouvoir que nous avons de comprendre les choses que nous sentons,
c'est-à-dire de mettre en relation un concept et une intuition.
La raison
est ce qui en nous recherche un absolu; c'est le pouvoir de remonter la
série des causes, la série des f ondements ou la série des êtres jusqu'à
trouver le repos dans une cause première, un fondement originel, un être
absolument nécessaire.
■ Nous pouvons bien avoir en nous la volonté de trouver de tels incon
ditionnés ; notre raison peut bien exiger que notre recherche des condi
tions des choses, qui à leur tour ont des conditions, etc., s'achève par la
découverte d'un inconditionné, cela ne signifie pas pour autant que de
telles conditions existent.
L'expérience ne nous livre aucun incondition
nel ; nous ne pouvons donc avoir la connaissance d'aucun être incon
ditionné, même si notre raison semble en requérir impérativement
l'existence : la raison est donc grevée d'une illusion fondamentale.
11 Pourtant, cette illusion n'est pas le but naturel de la raison, qui n'est
pas la faculté de l'illusion.
Elle joue en effet un rôle important dans la
recherche scientifique, en la guidant, et en systématisant ses résul
tats.
Le biologiste fait comme s'il pouvait prouver l'ordre rationnel du
monde: ainsi classe+il les animaux en espèces et en genres.
D'une
part, la raison le pousse à chercher, et l'aide à trouver : c'est son rôle
heuristique.
D'autre part, elle a pour fonction de systématiser les
connaissances: c'est son rôle régulateur (cf.
fiche 44).
2.
La métaphysique spéciale
A.
L'âme
■ Un mauvais usage de la raison entraîne des illusions qui, résidant en sa
nature même, sont inévitables.
On peut donc bien se garder d'y croire,
mais on ne saurait les dissiper.
Ainsi en va-t-il des démonstrations de
l'immortalité de l'âme par la psychologie rationnelle.
II nous est dif
ficile de croire que nous puissions cesser de penser un jour ; la pensée
nous semble permanente.
Nous ne pouvons nous imaginer non plus
qu'elle se dissolve en parties, comme la matière qui se décompose, puis
qu'elle n'a pas de parties, et consiste en cette simple activité: la pensée.
Enfin, puisque nous en avons conscience séparément du corps, et que
nous avons l'expérience qu'elle s'exerce indépendamment de lui, elle....
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