Peut-on dire que les écarts entre les PDEM et les PED se sont réduits depuis la Seconde Guerre mondiale? INTRODUCTION...
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Peut-on dire que les écarts entre les PDEM et les PED se sont réduits
depuis la Seconde Guerre mondiale?
INTRODUCTION
!si Accroche du sujet
L'économie mondiale, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, apparaît
divisée en trois mondes, selon la terminologie popularisée dès 1952 par
A.
Sauvy.
Après presqu'un demi-siècle de croissance économique, cette
économie mondiale est devenue plus complexe.
Il semble donc plus pertinent
de parler de monde multipolaire, organisé autour des trois pôles de la
«Triade» et connaissant différentes formes de développement, sinon de crois
sance.
Ces trajectoires de croissance et de développement, au-delà de leurs
différences, révèlent qu'un vaste processus de rattrapage est en marche.
Ill Définitions et problématique
F.
Perroux définit le développement comme: «la combinaison des change
ments mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître,
cumulativement et durablement, son produit réel global».
Cette définition
propose deux pistes de réflexion : le développement possède une dimension
quantitative représentée par la croissance de la production de biens et de
services et une dimension qualitative caractérisée par un profond changement
des structures et des comportements qui ne concerne pas seulement la sphère
économique.
Au regard de ces deux dimensions du développement, les pays
dits en développement (PED) ont bien connu un processus de rattrapage qui,
pourtant, coexiste avec une pauvreté de masse et le maintien, sinon l'exten
sion, de processus de marginalisation.
Il Annonce du plan
En effet, les PED se sont rapprochés des PDEM et il semble bien qu'un
vaste processus de croissance et de développement soit en marche au niveau
mondial (I).
Ce processus de développement n'a pourtant pas supprimé les
écarts avec les PDEM et, paradoxalement, il en a aggravé certains (II).
PARTIE J
L'évolution des indicateurs de développement depuis 1945 montre une réduc
tion de certains écarts et un rapprochement des structures (A); cette réduction
conforte certains enseignements de la théorie économique (B); tandis que
l'analyse historique des processus de rattrapage à l'œuvre met en évidence les
conditions préalables nécessaires (C).
Il A.
L'étude des indicateurs statistiques montre qu'un processus de rattrapage
entre PED et PDEM est en marche.
Trois séries d'indicateurs permettent d'apprécier la croissance et le dévelop
pement des PED : le PIB et le PIB par habitant, l'IDH, les données statistiques sur
les structures économiques comme la part de la population active dans l'agricul
ture ou l'importance des exportations de produits manufacturés.
La croissance des PED depuis 1945 est indéniable: le monde en développement contribue actuellement à plus du tiers de la production mondiale.
Mais ce
processus n'a été ni linéaire, ni uniforme dans l'espace.
La forte croissance du
Tiers-Monde s'effectue surtout jusqu'en 1980 et depuis 1992, la décennie des
années quatre-vingt apparaissant comme une «décennie perdue pour le
développement».
Selon les calculs effectués par P.
Bairoch, le PIB par habitant
dans l'ensemble du Tiers-Monde a très certainement décru pendant la première
moitié du xxe siècle, avec le début de l'explosion démographique.
Par contre,
pendant la période des Trente Glorieuses, le Tiers-Monde, dans son ensemble,
connaît un taux de croissance du PIB exceptionnel : + 4,2 % par an.
Ce taux est
supérieur à celui des PDEM pendant la même période (+ 4 %) et bien supérieur
à celui des pays qui ont connu une industrialisation forte pendant le xrxe siècle
(+ 1,9 %).
Cependant, la croissance démographique est telle que le taux de crois
sance du PNB par tête réel a été de + 3,1 % par an en moyenne jusqu'en 1973.
Ce
qui correspond tout de même à un doublement de la croissance de biens et de
services à peu près tous les 25 ans.
De 1974 au début des années quatre-vingt, il
représente presque + 2 % par an.
Depuis 1992, la croissance du produit par tête
est redevenue supérieure à celle des PDEM.
La rapidité de la croissance des
PED ne s'est pourtant pas globalement traduite par une réduction des écarts de
richesse avec les PDEM.
Ceux-ci ont augmenté en raison de l'explosion
démographique dans le Tiers-Monde et du faible niveau de richesses de ces
pays à la sortie de la Seconde Guerre mondiale.
Néanmoins, l'écart de richesses
!, par habitant s'est tout de même réduit pour les Nouveaux Pays Industrialisés
d'Asie (NPIA); il devrait se réduire pour Yensemble des économies émergentes
à mesure que ces pays terminent leur transition démographique.
De plus, l'écart
croissant des richesses par habitant entre les pays ne se répercute pas nécessai
rement sur les autres dimensions du développement.
L 'indice de développement humain (IDH), introduit dans l'analyse du
développement, en 1990 par l'ONU, confirme le rattrapage.
Cet indice synthé
tique tient compte de la mortalité, du niveau d'éducation et du revenu par
habitant.
Il rend mieux compte du processus de développement que les
mesures traditionnelles du PIB par habitant.
À la fin des années quatre-vingt
dix, plus des deux tiers de la population mondiale se trouvent dans des pays
à IDH élevé ou moyen (supérieur à 0,5).
Par ailleurs, les PED semblent être
entrés dans la phase finale du modèle de la transition démographique.
Cette
stabilisation de la population est aussi un indicateur de développement.
Le
démographe J.-C.
Chesnais en avait fait en 1985 le signe de la «Revanche du
Tiers-Monde».
On peut aussi apprécier les progrès en analysant l'évolution de
la mortalité infantile.
Cet indicateur constitue, en effet, un critère pertinent car
il est un indice des progrès sanitaires et de l'amélioration du niveau de forma
tion des femmes.
Depuis les années soixante, le taux moyen de mortalité
infantile a été divisé par deux dans l'ensemble du Tiers-Monde.
Mais il s'éta
blit encore en moyenne à 70 %0 alors qu'il est passé sous la barre des 10 %0
pour les PDEM.
En Asie de l'Est, l'évolution est spectaculaire : il chute de 150
à 42 %o.
Au total, selon le PNUD: «les pays en développement ont réalisé en
trente ans (1950 à 1980) les mêmes progrès humains qu'il avait fallu presque
un siècle aux pays industrialisés pour accomplir».
L'archétype du pays sous-développé - faible degré d'industrialisation,
poids de l'agriculture, notamment de l'agriculture de subsistance ne corres
pond plus à la majorité des PED.
La part de l'industrie dans le PIB de
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l'ensemble des pays du Tiers-Monde est passée de 30 % en 1965 à 40 % à la fin
des années quatre-vingt-dix.
La part de la population active agricole au sein
des actifs de 71,5 % à moins de la moitié pendant cette même période.
" Cependant, c'est le critère de l'exportation de produits manufacturés qui
apparaît le plus significatif.
Pour l'ensemble des NPI, la part des exportations
,• de produits manufacturés dépasse, depuis deux décennies, celle des produits
bruts.
L'évolution est aussi sensible pour l'ensemble des pays du Tiers-Monde
,· puisque, de 1965 à 1990, la part des produits bruts dans les exportations de ces
pays est passée de 74 % à 47 % , celle des produits manufacturés de 26 % à 53 % .
Il n'en reste pas moins qu'un nombre important de PED demeurent exporta
teurs de produits bruts et que la majorité des NPI sont encore caractérisés
comme des «pays-ateliers» avec un niveau de productivité globale inférieur à
celui des PDEM.
1
■
B.
Les explications théoriques de ces processus de croissance tiennent compte de
la spécificité du Tiers-Monde.
La théorie économique classique avait dégagé, dès la première moitié du
,," xrx• siècle, certains ressorts de la «Richesse des Nations»: épargne importante
permettant de financer l'accumulation du capital, mobilisation des ressources
humaines, entre autres.
La croissance économique de la Première Révolution
, industrielle résultait bien de l'émergence d'un nouveau système économique:
le capitalisme industriel de marché.
Du xrx• siècle au xx• siècle, les transfor
mations du système capitaliste conduisirent les économistes à insister sur
d'autres facteurs déterminants pour la croissance : progrès technique, inter:, vention de l'État, intégration des économies nationales dans des réseaux
d'échanges internationaux.
Ces enseignements furent intégrés dans ce qui
allait devenir, pendant les années cinquante et soixante, «l'économie du
': développement».
Citons les analyses de W.
Rostow qui mirent en valeur le
rôle de l'agriculture, de l'évolution des mentalités, de l'intervention de l'État;
celles de Rosenstein-Rodan et de R.
Nurkse sur l'importance de l'effort
i d'investissement excédant les possibilités de ces pays et devant donc être en
partie financé par l'extérieur; celles d'A.
Lewis sur les transferts de main
d'œuvre de l'agriculture à l'industrie.
Ces enseignements se vérifièrent dans
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les trajectoires de croissance et de développement qui donnèrent naissance
aux Nouveaux Pays Industrialisés (NPI) et/ou aux économies émergentes.
Ces théorisations intégraient, en partie, certaines spécificités des pays du
I'
Tiers-Monde comme l'insuffisance des revenus ou le dualisme des économies.
Toutefois, la difficulté de certains PED à accéder au développement conduisit
les économistes à insister sur les différences entre la situation économique,
sociale et politique des pays sous-développés au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale et celle des pays en voie d'industrialisation au xrx• siècle
contraintes démographiques plus fortes, environnement international
nouveau, héritages des colonisations.
L'économie du développement se
scinda alors en plusieurs «écoles».
Certains économistes, comme F.
Perroux et
1: A.
Hirschman, mirent en avant les déséquilibres subis par ces pays, ainsi que
i: les déséquilibres nécessaires pour créer les conditions d'une croissance
durable.
D'autres économistes préconisèrent des stratégies de développement
autonomes passant par un refus de s'intégrer aux réseaux d'échanges interna
tionaux dominés par les PDEM et les Firmes Multinationales (FMN).
Même si
ces stratégies de croissance autocentrées provoquèrent de nombreuses désillu-
sions, elles aboutirent dans certains pays à l'émergence d'une base indus
trielle.
Par ailleurs, les PED obtinrent, au sein des organisations inter
nationales, notamment au sein du GATT, la reconnaissance de leur spécifi
cité avec, par exemple, des dérogations à la clause de la nation la plus
favorisée.
Ill C.
Le démarrage nécessite la réunion de conditions préalables.
La décennie des années quatre-vingt apparaît décisive.
Qualifiée de
«décennie perdue pour le développement» par l'ONU, elle révèle certains
déséquilibres qui font obstacle à une croissance et à un développement
durables pour les PED : crise de l'endettement, dépendance....
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