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Peut-on nous reprocher une faute .:le;, goût? ',
Introduction
'5•
«Tous les goûts sont dans la nature»,.
affirme-t-on volontiers pour se défendre
de l'accusation de mauvais goût, en sous-entendant que rien ne la justifie.
Il, n'en
reste pas moins qu'il peut m'arriver de faire l'objet d'un jugement critique·:
j'aurais mauvais goût - dans ma façon de m'habiller ou de décorer mon
appartement, de façon plus sérieuse dans le choix de mes œuvres préférées.
Peut�
on de la sorte me reprocher une faute de goût? Suis-je vraiment responsaQle de
mon goût?
I.
Le goût quotidien et la sanction sociale
.._ Mes vêtements, les objets dont j'aime m'entourer, le· papier peint à vastes
ramages dont j'ai couvert les murs de mon logement, peuvent choquer le goût
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d'autrui.
'-- Dans le cas le plus fréquent,je parais alors simplement ridicule, parce que mes
vêtements ne suivent pas la mode ou parce qu'au mobilier d'époque authentique
je préfère les copies neuves et bien vernies.
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De telles situations appellent trois remarques :.
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• le goût dominant n'est pas nécessairement l'équivalent du bon goût (toute
mode étant par définition provisoire est appelée à paraître ultérieurement
ridicule);
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la consommation qu'implique le goût dominant (c'�s�-à-dire cel.ui des
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classeshibourgeoises») suppos� une aisance financière qui n'est· pas
toujours à ma portée.
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- Avoir mauvais goût, cela peut donc seulement témoigner d'une incapacité
matérielle à accéder au ,goût dominant.
Mais ce peut être aussi.
la preuve d'une
incapacité intellectuelle à·concevoir un goût différent de celui de ma classe (qui
sera évidemment critiqué du point de vue de la classe «supérieure»).
II.
La culture et le jugement esthétique
- C'est toutefois lorsqu'il est question de choix proprement esthétiques que le
mauvais goût paraît plus lourd de signification.
- Dans ce cas, avoir mauvais goût désigne le fait de préférer les œuvres mineures
aux œuvres majeures, l'académisme à l'«avant-garde·», les valeurs dégradées (par
leur répétition) aux valeurs artistiques authentiques.
- Le mauvais goût apparaît alors comme la preuve d'une ignorance ou d'une
méconnaissance de la culture «noble».
- Ce qui peut donc m'être reproché, c'est de ne pas être assez cultivé, ce qui
entraîne chez moi une confusion de valeurs
Exemple : j'apprécie les « Poulbot» de style montmartois parce que j'ignore
l'histoire de la peinture moderne.
Je me satisfais de la lecture de.
romans « de gare» parce qu'ils paraissent moins
«difficiles» que Flaubert ou Pérec.
- Or l'accès à la culture est affaire de connaissance, mais aussi d'expériences
répétées; cf Kant : le jugement de goût ne s'apprend pas, il se forme par
«entraînement», par expérience.
On peut donc me reprocher de ne pas avoir compris ressence de l'art (exemple:
j'accorde trop d'importance au sujet d'une œuvre ;j'attends d'une peinture qu'elle
imite le réel ou qu'elle me présente des sujets «émouvants»...
).
- Toutefois, le....
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