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Pierre Corneille, « Stances à Marquise » (1658). 1. Marquise, si mon visage 2. A quelques traits un peu vieux,...

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« Pierre Corneille, « Stances à Marquise » (1658). 1.

Marquise, si mon visage 2.

A quelques traits un peu vieux, 3.

Souvenez-vous qu'à mon âge 4.

Vous ne vaudrez guère mieux. 5.

Le temps aux plus belles choses 6.

Se plaît à faire un affront : 7.

Il saura faner vos roses 8.

Comme il a ridé mon front. 9.

Le même cours des planètes 10.

Règle nos jours et nos nuits : 11.

On m'a vu ce que vous êtes 12.

Vous serez ce que je suis. 13.

Cependant j'ai quelques charmes 14.

Qui sont assez éclatants 15.

Pour n'avoir pas trop d'alarmes 16.

De ces ravages du temps. 17.

Vous en avez qu'on adore ; 18.

Mais ceux que vous méprisez 19.

Pourraient bien durer encore 20.

Quand ceux-là seront usés. 21.

Ils pourront sauver la gloire 22.

Des yeux qui me semblent doux, 23.

Et dans mille ans faire croire 24.

Ce qu'il me plaira de vous. Pierre Corneille, « Stances à Marquise » (1658). 1.

Marquise, si mon visage 2.

A quelques traits un peu vieux, 3.

Souvenez-vous qu'à mon âge 4.

Vous ne vaudrez guère mieux. 5.

Le temps aux plus belles choses 6.

Se plaît à faire un affront : 7.

Il saura faner vos roses 8.

Comme il a ridé mon front. 9.

Le même cours des planètes 10.

Règle nos jours et nos nuits : 11.

On m'a vu ce que vous êtes 12.

Vous serez ce que je suis. 13.

Cependant j'ai quelques charmes 14.

Qui sont assez éclatants 15.

Pour n'avoir pas trop d'alarmes 16.

De ces ravages du temps. 17.

Vous en avez qu'on adore ; 18.

Mais ceux que vous méprisez 19.

Pourraient bien durer encore 20.

Quand ceux-là seront usés. 21.

Ils pourront sauver la gloire 22.

Des yeux qui me semblent doux, 23.

Et dans mille ans faire croire 24.

Ce qu'il me plaira de vous. 25.

Chez cette race nouvelle 26.

Où j'aurai quelque crédit, 27.

Vous ne passerez pour belle 28.

Qu'autant que je l'aurai dit. 29.

Pensez-y, belle Marquise, 30.

Quoiqu'un grison fasse effroi, 31.

Il vaut bien qu'on le courtise 32.

Quand il est fait comme moi. Pierre Corneille (1606-1684) : avocat et auteur dramatique du XVIIe siècle, il a écrit des pièces demeurées célèbres, comme Le Cid, L’Illusion comique, Polyeucte et Horace.

Il est l’auteur de poésies et de comédies, mais reste surtout connu pour ses tragédies. Corneille, auteur officiel nommé par Richelieu, écrit des pièces exaltant la haute noblesse (ex : Le Cid), rappelant que les hommes politiques ne sont pas au-dessus des lois (Horace), ou montrant un monarque cherchant à reprendre le pouvoir autrement que par des représailles (Cinna). En 1647 il est élu à l’Académie Française au fauteuil 14 qu’occupera, après sa mort, son frère Thomas. Stance : nombre défini de vers comprenant un sens parfait et arrangé d’une manière particulière qui s’observe dans tout le poème. Stance > vient de l’italien stanza, qui signifie « demeure », parce qu’il faut qu’il y ait un sens complet et un repos à la fin de chaque stance. Stances : « poèmes lyriques d’inspiration grave (religieuse, morale, élégiaque) composés d’un nombre variable de strophes habituellement du même type.

» « Stances à Marquise » : Le poème s’adresse à Thérèse Du Parc, comédienne de la Troupe de Molière, dont sont amoureux le vieux Corneille et le jeune Racine.

En lisant ce poème plutôt cruel, on peut penser que Corneille n’a pas eu droit à ses faveurs.

Par contre, Thérèse Du Parc deviendra la maîtresse de Racine et sera même l’interprète d’Andromaque, dans la pièce éponyme. Poème composé de 8 quatrains > stances. 32 heptasyllabes. Rimes croisées, du type ABAB. Alternance respectée entre les rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et les rimes masculines. Musicalité, rythme, harmonie qui se dégage de la lecture de ce poème. NB : à la lecture, n’oubliez pas de prononcer les « e » terminant un mot suivi d’une consonne.

Ex : « Vous ne vaudrez guère mieux » ; « Règle nos jours et nos nuits » ; « Chez cette race nouvelle »… Poème qui est une réécriture du fameux « Carpe diem » d’Horace et le « Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie » de Ronsard dans ses Sonnets pour Hélène. Nous vous proposons une étude linéaire du poème. Thèmes autour desquels s’articule le poème : - Portrait et poème peu flatteurs pour la femme ; - Une nouvelle version du Carpe Diem ; - Le rôle de l’écriture et le pouvoir du poète. Strophe 1.

Une attaque : • Autoportrait.

Insiste sur son âge.

Cf.

« A quelques traits un peu vieux » > nuance avec « quelques » et « un peu ».

Cf.

« mon âge » > euphémisme pour dire « mon âge avancé », ma vieillesse.

Peinture peu flatteuse du poète mais nuance. • Par contre, le vers 4 est un réplique cinglante : « Vous ne vaudrez guère mieux ».

NB : à la lecture, on prononce le « e » de « guère », ce qui insiste davantage.

Attaque brutale. Strophe 2.

Les ravages du temps : • « Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront » : présent de vérité générale.

Sorte de maxime avec des généralisations.

Cf.

l’article défini « le temps » ; « choses »… - « aux plus belles choses » : superlatif, périphrase qui adoucit la dureté du vers 4. Hommage indirect rendu à la beauté de la marquise. - Personnification du temps (temps qui passe…) > sorte de.... »

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