Pierre de Ronsard, « Comme un Chevreuil ». 1. Comme un Chevreuil, quand le printemps détruit 2. L'oiseux cristal de...
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«
Pierre de Ronsard, « Comme un Chevreuil ».
1.
Comme un Chevreuil, quand le printemps détruit
2.
L'oiseux cristal de la morne gelée,
3.
Pour mieux brouter l'herbette emmiellée
4.
Hors de son bois avec l'Aube s'enfuit,
5.
Et seul, et sûr, loin de chien et de bruit,
6.
Or sur un mont, or dans une vallée,
7.
Or près d'une onde à l'écart recelée,
8.
Libre folâtre où son pied le conduit :
9.
De rets ni d'arc sa liberté n'a crainte,
10.
Sinon alors que sa vie est atteinte,
11.
D'un trait meurtrier empourpré de son sang :
12.
Ainsi j'allais sans espoir de dommage,
13.
Le jour qu'un oeil sur l'avril de mon âge
14.
Tira d'un coup mille traits dans mon flanc.
Sonnet composé de 14 décasyllabes.
Rimes embrassées dans les quatrains et suivies pour les 2e vers dans les tercets.
I- Un sonnet sur la campagne
A- La faune
• Poème qui évoque les animaux (animaux que l’on chasse).
Cf.
« Comme un Chevreuil ;
L'oiseux cristal » + « loin de chien » ; « brouter l'herbette emmiellée » > description
• Références à la chasse qui se retrouveront dans les tercets : « Tira ; De rets ni d'arc ».
B- La nature
• Tableau qui se dessine de la nature, malgré la présence des prépositions qui suggèrent
que cela se ne passe pas dans ce lieu.
Cf.
« Hors de son bois ; or sur… ».
• Toute la nature est évoquée : « bois » ; « onde » « Or sur un mont, or dans une vallée
> antithèses (mont : hauteur / vallée : sorte de gorge, dépression => opposition qui se
retrouve dans les préposition « sur » / « dans » et même dans les articles « un » /
« une »).
C- Liberté
• Montrez comment sont évoquées la liberté et la solitude.
• Relevez les termes ou expressions qui expriment la solitude.
Ex : « Et seul ; loin de chien
et de bruit… »
• Idem pour la liberté : « Libre folâtre où son pied le conduit » => liberté de mouvement,
liberté d’action.
Folâtre = « Qui est d'une gaieté légère et un peu folle » (définition du TLFI).
=> Sorte d’insouciance.
NB : « Pour mieux brouter l'herbette emmiellée » => connotations positives.
Liberté
bienfaisante.
II- Les tercets
A- Liberté absolue
• Dans le 1e tercet, l’idée de liberté est reprise > insistance.
« De rets ni d'arc sa liberté n'a crainte »
Rets = « Filet, ouvrage de corde ou de fil à grosses mailles servant à capturer des oiseaux,
du gibier, des poissons » (TLFI) => n’a pas à craindre la chasse des hommes.
« Rets / arc » > armes de chasse.
B- Une sécurité précaire
• La liberté clamée est tout de même fragile.
Cf.
le champ lexical de la mort : « D'un trait
meurtrier » ; « empourpré de son sang » ; « sa vie est atteinte ».
• Poème nostalgique qui évoque la fuite du temps.
Cf.
«sur l'avril de mon âge ; sa vie est
atteinte ».
• Poème triste.
Cf.
« sans espoir »
C- Éclaircissement
• Ce n’est qu’au début du 2e tercet, au vers 12 que l’on sait enfin qui est le « comparé »
(cf.
« Comme un chevreuil »).
Le poète parle de lui « ainsi j’allai ».
• Passage donc des marques de la 3e personne à celle de la 1e personne : « sa liberté ; sa
vie » / « de mon âge : mon flanc ».
NB « mon flanc » rime avec « son sang ».
=> Montrez donc que le poème est à relire avec cette indication de sens > le poète
parle de lui, il se compare au chevreuil…
Conclusion :
• Sonnet de Ronsard sur sa condition d’homme (et de poète) > se compare au chevreuil
qui est libre mais doit faire attention aux pièges tendus.
SECONDE CORRECTION
Commentaire du poème de Ronsard : « Comme un chevreuil….
»
Introduction :
En 1545 , alors qu'il a vingt ans , Ronsard rencontre une jeune fille de treize ans, Cassandre
Salviati.
Aussitôt rencontrée, aussitôt disparue, la jeune Cassandre va devenir l'être
"inaccessible".
Elle lui inspire en 1552 le recueil des Amours de Cassandre, recueil de
sonnets amoureux dont est extrait notre poème.
Dans « Comme un chevreuil », Ronsard
traite lyriquement du thème de l’amour éconduit et destructeur.
Projet de lecture : En quoi ce poème se situe-t-il dans la veine pétrarquiste ?
Comme un chevreuil, quand le printemps destruit
L'oyseux crystal de la morne gelée,
Pour mieulx brouster l'herbette emmielée
Hors de son boys avec l'Aube s'en fuit,
Et seul, et seur, loing de chiens et de bruit,
Or sur un mont, or dans une vallée,
Or pres d'une onde à l'escart recelée,
Libre follastre où son pied le conduit ;
De retz ne d'arc sa liberté n'a crainte,
Sinon alors que sa vie est attainte,
D'un trait meurtrier....
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