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Pierre de Ronsard, Discours des misères de ce temps, à la Reine Mère du Roi, vers 127 à 166. 127...

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« Pierre de Ronsard, Discours des misères de ce temps, à la Reine Mère du Roi, vers 127 à 166. 127 On dit que Jupiter, fâché contre la race Des hommes qui voulaient par curieuse audace Envoyer leurs raisons jusqu'au Ciel, pour savoir 130 Les hauts secrets divins, que l'homme ne doit voir, Un jour étant gaillard choisit pour son amie Dame Présomption, la voyant endormie Au pied du mont Olympe, et la baisant soudain Conçut l'Opinion, peste du genre humain. 135 Cuider en fut nourrice, et fut mise à l'école D'orgueil, de fantaisie, et de jeunesse folle. Elle fut si enflée, et si pleine d'erreur Que même à ses parents elle faisait horreur. Elle avait le regard d'une orgueilleuse bête ; 140 De vent et de fumée était pleine sa tête. Son cœur était couvé de vaine affection, Et sous un pauvre habit cachait l'ambition. Son visage était beau comme d'une sirène ; D'une parole douce avait la bouche pleine ; 145 Légère, elle portait des ailes sur le dos ; Ses jambes et ses pieds n'étaient de chair ni d'os, Ils étaient faits de laine, et de coton bien tendre, Afin qu'à son marcher on ne la pût entendre. Elle se vint loger par étranges moyens 150 Dedans le cabinet des théologiens, De ces nouveaux rabbins, et brouilla leurs courages Par la diversité de cent nouveaux passages, Afin de les punir d'être trop curieux Et d'avoir échellé comme géants les cieux. 155 Ce monstre que j'ai dit met la France en campagne Mendiant le secours de Savoie et d'Espagne, Et de la nation qui prompte au tabourin Boit la large Danube, et les ondes du Rhin. Ce monstre arme le fils contre son propre père, 160 Et le frère (ô malheur) arme contre son frère, La sœur contre la sœur, et les cousins germains Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains. L'oncle fuit son neveu, le serviteur son maître, La femme ne veut pas son mari reconnaître. 165 Les enfants sans raison disputent de la foi, Et tout à l'abandon va sans ordre et sans loi. **** Pierre de Ronsard (1er septembre 1524 - 27 décembre 1585) : poète qui fut l’un des plus importants au XVIe siècle.

Appartient, comme son ami Du Bellay, à la Pléiade. Surnommé le « Prince des poètes et poète des princes », Ronsard a écrit de des poèmes engagés et de la poésie « officielle » dans le contexte des guerres de religions, des épopée et de la poésie lyrique, connue à travers des recueils comme Les Odes (1550-1552) et Les Amours (Les Amours de Cassandre, 1552 - Les Amours de Marie, 1555 - Sonnets pour Hélène ,1578). Dans ses poèmes lyriques, Ronsard développe la forme du sonnet et les thèmes de la nature et de l’amour, associés aux références de l'Antiquité gréco-latine. Discours sur les misères de ce temps : Œuvre écrite en 1562 dans le contexte des Guerres de Religion qui déchirèrent la France au XVIe siècle.

Poème à la reine Catherine de Médicis, régente et mère du roi. 1562 : déclenchement du conflit des guerres de religion, dix ans avant la Saint-Barthélemy (1572). Ronsard appartient au camp catholique mais il défend aussi le camp de la paix et de la réconciliation nationale ce qui, en 1562, paraît encore possible. Extrait de poème composé de 40 alexandrins. Œuvre militante en vers. Rimes suivies, du type AABB. Rimes riches.

Ex : « savoir ; voir »… Rimes suffisantes (la majorité).

Ex : « race ; audace » ; « école ; folle »… Rimes pauvres.

Ex : « soudain » ; « humain »…. Alternance respectée entre les rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et les rimes masculines. Le poème est dédié à la reine Catherine de Médicis mais il est également destiné à toute la population.

Le poète prend sa plume et s’adresse au plus grand nombre.

Ce discours a d'ailleurs été publié en plaquettes afin qu'il soit le plus possible accessible. I- Ronsard, faiseur de mythes NB : ne pas oublier que Ronsard appartient au camp catholique. A- Un nouveau mythe • Montrez que Ronsard réécrit le mythe dans lequel Jupiter châtie la démesure des géants qui veulent escalader le ciel. Cf.

le recours aux noms de Dieux et à des éléments appartenant à la mythologie. Ex : « Jupiter » ; « Dame Présomption » ; « mont Olympe » ; « jusqu'au Ciel »… • Montrez que le poète a recours également au mythe chrétien de la tour de Babel. • Parodie un mythe.

Ex : « Les hauts secrets divins » ; « Jupiter, fâché contre la race / Des hommes »… • Ronsard met donc en scène le mythe. Cf.

« On dit que Jupiter, fâché contre la race (vers 127) (…) Conçut l'Opinion (vers 134) » : le.... »

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