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PISTES DE LECTURE, À TRAVERS QUELQUES MISES EN SCÈNE CÉLÈBRES Un texte de théâtre ne vit que joué. Dom Juan...

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« PISTES DE LECTURE, À TRAVERS QUELQUES MISES EN SCÈNE CÉLÈBRES Un texte de théâtre ne vit que joué.

Dom Juan n'est pas d'abord à lire, il est à voir.

Chacune des lectures que nous proposons maintenant, souvent dissemblables tant le texte résiste et stimule en même temps l'imaginaire théâtral, est une certaine mise en scène, une certaine compréhension pour la scène de ce que peut signifier Dom Juan. 1.

Mise en scène de Louis Jouvet, 1947 Âgé en 1947 de 60 ans, Louis Jouvet présente au théâtre de l'Athénée un Don Juan très sobre et très grave, à la diction monocorde.

« Habité d'une rage glacée», comme l'a noté à l'époque R.

Kemp, Don Juan est l'homme du défi avant d'être l'homme des sens.

Sa frivolité marque moins que sa connivence immédiate avec la mort.

Il s'intègre parfaitement dans le décor, stylisé et presque ascétique, en noir et blanc, fabriqué par l'assistant­ décorateur de Jouvet, Christian Bérard.

Beaucoup de cynisme et de scepticisme le rendent indifférent au monde; mais il s'arc-boute sur ce qui seul donne sens à sa vie: le duel avec un Dieu introuvable qu'il veut provoquer et conduire jusqu'à des extrémités radicales.

La pièce est hantée par la préoccupation de Dieu. Sganarelle, quant à lui interprété par Fernand René, fait par contraste exploser toute sa drôlerie.

Pourtant son ridicule est tempéré par les interrogations et les contradictions sincères que le valet se pose à propos de son maître et de Dieu.

« Il n'est pas le dévot conformiste que je connaissais; c'est un vrai croyant qui pleure des larmes sincères devant l'inflexible libertinage de son maître.

Couard, mais tendre» (R.

Kemp, Le Monde français, février 1948).

À la fin de la pièce, remodelé par Jouvet, le valet porte à Don Juan une couronne de perles qui métaphorisent poétiquement les larmes qu'il verse: son maître est là, étendu dans son cercueil, les vêtements intacts mais le corps desséché en squelette.

Très macabre et très émouvante, cette dernière scène qui couronne Don Juan mort par son valet exprime aussi la particulière tendresse qu'éprouve L. Jouvet pour le personnage qu'il joue, qui possède sa raideur, sa froideur et cette sorte d'arrogance un peu lasse véhiculée par leur voix commune. Dans Molière et la comédie classique (1965), L.

Jouvet revient sur sa vision du personnage d'Elvire à la scène 6 de l'acte IV.

Il la veut simple, pleine de sûreté et de confiance en ses paroles.

Cette autorité doit surprendre.

Elle n'a plus rien de la précédente Elvire meurtrie et vengeresse: « c'est le seul moment de la pièce où le texte « déferle» avec une sincérité, avec un ton presque racinien qu'on ne trouve dans aucun autre passage de Molière».

Elle fait preuve de la plus grande magnanimité* envers celui qui l'a offensée.

« Elvire dit: "ne soyez pas su,pris Don Juan de me voir à cette heure et dans cet équipage"; elle a les yeux baissés et s'exprime comme si elle était seule en scène car quand on a couru pour venir dire quelque chose de très important, on ferme.... »

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