PLAN ADOPTÉ DANS LE DEVOIR I. La rencontre de soi par celle d'autrui - Rencontre de l'histoire et des diversités...
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PLAN ADOPTÉ DANS LE DEVOIR
I.
La rencontre de soi par celle d'autrui
- Rencontre de l'histoire et des diversités de l'être humain
- Cette rencontre remet en cause les certitudes du voyageur
II.
Cette rencontre n'est possible qu'à certaines conditions
- Un état d'esprit propice
- Des circonstances matérielles favorables
DEVOIR RÉDIGÉ
Le voyage suscite le rêve, particulièrement dans nos sociétés où l'élévation du niveau de
vie et les facilités de communication l'ont démocratisé.
Sur les affiches s'étalent souvent
des paysages exotiques, dont l'archétype est une plage déserte du Pacifique, propice au
repos, à la solitude, au retour sur la cellule familiale, que la tension de la vie moderne
amène à négliger.
Pourtant, selon Jean Moussé, le principal intérêt du voyage est ailleurs.
D'après lui, grâce
à leur périple, les hommes « risquent de se découvrir eux-mêmes en découvrant d'autres
hommes ».
Si la perspective de rencontrer autrui ne surprend pas le lecteur, celle de se
découvrir soi-même paraît plus étrange.
Aussi importe-t-il de rechercher quel idéal de voyage nous propose l'auteur, mais aussi
quelles conditions le rendent possible.
Dans les temps reculés où l'on circulait peu, chaque groupe humain se croyait seul.
Dans
l'ignorance de la relativité et de la diversité des civilisations, nul ne s'interrogeait sur ses
pratiques ou ses croyances.
Les contacts progressifs, puis les grandes découvertes du
xvie siècle bouleversèrent ce regard.
L'histoire, bientôt confirmée et enrichie par les travaux de l'archéologie sur les fouilles
égyptiennes ou aztèques, par les études des ethnologues auprès de tribus amazoniennes,
nous apprend, comme le dit Paul Valéry au début du siècle, que toutes les civilisations
sont mortelles, y compris les plus brillantes.
Mais les voyages nous enseignent aussi combien les hommes sont à la fois identiques et
divers, au-delà de leur sort commun qui est la mort.
Ainsi Claude Lévi-Strauss dans
Tristes Tropiques ou Race et histoire montre, grâce à ses séjours auprès de tribus
primitives, que les structures de parenté ou l'interdiction de l'inceste sont immuables
dans les sociétés humaines malgré des différences de modalités.
A notre époque, le monde est entièrement connu, les communications sont aisées : on
pourrait penser que les livres ou les reportages suffisent, que l'unification des styles de
vie par l'industrialisation rend le voyage inutile.
Pourtant seul le contact direct avec les
étrangers permet une véritable confrontation.
Ainsi, un voyage en Afrique fait mieux
comprendre les inégalités économiques, dont les conséquences tragiques sont souvent
oubliées malgré l'afflux d'informations.
De même, les grandes entreprises organisent des
stages à l'étranger pour que leurs cadres s'adaptent aux particularités de la mentalité des
populations et des firmes japonaises ou américaines, dont la méconnaissance peut faire
perdre des marchés, tant il est vrai que les hommes restent différents malgré
l'uniformisation moderne.
A travers ces expériences, les cadres s'aperçoivent aussi que
leurs méthodes de travail ne sont pas toujours les plus efficaces.
Ces découvertes ne vont donc pas sans une remise en cause parfois douloureuse,
toujours surprenante, des certitudes du voyageur.
Au xvie et surtout au xviiie siècle, les explorateurs découvrent des civilisations où,
justement, l'absence de «civilisation» semble permettre un bonheur plus grand.
Bougainville loue le caractère pacifique et sain des Tahitiens; il lui oppose la violence et
la perversion des Occidentaux.
Une partie non négligeable de la critique de l'Ancien
Régime par les philosophes des Lumières s'inspire ainsi de comparaisons avec les
peuples récemment découverts.
D'autres voyageurs remettent en cause la colonisation, l'exploitation des indigènes par
des blancs que leurs certitudes sur la valeur de la civilisation occidentale rendent
arrogants et dangereux.
En 1927, après un séjour aux colonies, André Gide publie
Voyage au Congo et Retour du Tchad pour dénoncer le travail forcé et les conditions de
vie lamentables que les Européens font subir aux Africains.
Parfois, la critique est moins tranchée mais tout aussi fructueuse.
Au début du xixe siècle
Alexis de Tocqueville, dans De la Démocratie en Amérique, compare systématiquement le
système politique américain et celui de la France.
Son voyage d'un an lui donne la
connaissance approfondie des mœurs américaines et l'occasion de mieux comprendre
celles du Vieux Continent.
Se frotter aux autres peuples est donc indispensable.
L'un des moyens les plus sûrs de
tromper une nation est d'interdire ou limiter les contacts qui pourraient développer le
sens critique sur l'organisation et l'idéologie que l'on cherche à lui imposer.
Le monde
communiste s'est ainsi longtemps fermé aux influences occidentales : l'une des
revendications principales de ses ressortissants était le droit de circuler librement.
Les
autorités locales des pays où l'intégrisme musulman est puissant préfèrent voir les
Européens enfermés dans des villages de vacances : elles craignent des confrontations
entre la liberté des mœurs occidentales et, par exemple, la condition que leur religion
impose aux femmes.
« La libre circulation des pensées et des opinions est un des droits
les plus précieux de l'homme », affirme la Déclaration des droits de l'homme de 1789,
car elle est, au sein d'un pays comme dans le cadre mondial, nécessaire pour prendre
conscience de soi, de sa société, et donc être vraiment libre dans ses réflexions.
D'ailleurs de nombreux auteurs, en particulier au xviiie siècle, ont utilisé la fiction de
l'étranger voyageant en France, pour mieux montrer à leurs concitoyens ce qu'ils étaient.
Ainsi Uzbek, le personnage des Lettres persanes de Montesquieu, se moque de l'agitation
oppressante des rues parisiennes ou dénonce les abus de la royauté absolue.
Le Huron
dans L'Ingénu de Voltaire s'étonne des usages religieux français ou de la dépravation des
mœurs citadines.
Souvent les écrivains illustrent l'adage selon lequel les voyages forment
la jeunesse, en faisant découvrir au jeune héros les injustices et les inégalités de la vie.
Ainsi le Candide de Voltaire se rend compte, au cours de son périple, de l'inanité des
idées de son maître Pangloss, et des méfaits de la religion quand elle prend la forme de
l'Inquisition ou autorise l'esclavage.
Peu à peu son jugement s'affirme, sa personnalité se
constitue grâce aux épreuves et aux rencontres.
Cependant Candide....
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