Platon (~428-~348 av. J.-C.) LA CONVERSION DE L'ÂME VERS LE VRAI, LE BIEN, LE BEAU maginons un homme juste, condamné...
Extrait du document
«
Platon (~428-~348 av.
J.-C.)
LA CONVERSION DE L'ÂME VERS LE VRAI,
LE BIEN, LE BEAU
maginons un homme juste, condamné à mort, attendant dans
sa cellule une exécution par le poison à laquelle il a refusé
d'échapper par la fuite : c'est la situation de Socrate, racontée dans le
Phédon.
Loin de manifester amertume ou acrimonie, le sage athénien
parle en toute sérénité de sa mort prochaine, dissertant sur l'immortalité de l'âme.
C'est que la recherche de la vérité, qui caractérise le philosophe, exige qu'il se détache des troubles que le corps y suscite ; le
corps (en grec soma) est un tombeau (sèma) de l'âme.
Se détournant
du visible vers l'invisible, de ce qui n'est qu 'illusoirement vers ce qui
est réellement, le philosophe, toute sa vie, s'exerce à mourir; c'est au
moment de la mort que l'on voit s'il est un vrai sage, ou s'il n'est qu'un
bavard : et Socrate était un sage.
I
1.
Le vrai
A.
L'éveil de l'âme à partir de la sensation
Tout ce qui tombe sous les sens est en perpétuel devenir : les vivants
vieillissent, les choses s'usent.
Tout change et passe: une seule chose
qui se modifie est à la fois la même et une autre qu'un instant auparavant.
Contradictoire parce que en devenir par essence, le sensible
n'est pas objet de science, mais seulement d'opinion.
Ili
Pourtant, les impressions que procurent les organes des sens sont
muettes par elles-mêmes; c'est que les sens n'ont aucune intelligence
critique, recevant sans jugement ce qui s'offre à eux.
Ainsi, il arrive
que les diverses impressions sensibles se contredisent : une seule et
même chose peut m'apparaître grande ou petite, une et multiple.
À l 'origine de l'activité de la pensée, la contradiction des sens suscite
l'étonnement.
111
■ La pensée ne naît pas à proprement parler de la contradiction des
sens: c'est seulement à l'occasion de cette dernière qu'est éveillé
le désir de savoir.
En effet, l'activité de la pensée est déjà manifeste
dans la perception : ce que les sensations des divers sens ont de commun
n'est saisi que par la pensée.
Ce que je vois n'a rien à voir avec ce
que j'entends : seule l'âme peut concevoir ce qu'ils ont de commun.
L'âme est active dès la perception, et s'étonne seule des contradictions sensibles.
L'étonnement est le point de départ et le principe de la philosophie.
État affectif propre du philosophe, l'étonnement est la source de
la curiosité et de la volonté de savoir.
C'est donc une passion qui donne
à la raison l'occasion de son développement.
Ill!
36 m
Séquence 1 "' Platon
B.
La conversion de l'âme au vrai
■ L'âme qui se détourne du devenir sensible, objet d'opinion, vers
l'être intelligible, objet de science, opère une conversion.
Se tournant
vers le vrai, elle se plonge dans un état de pureté, loin des corruptions
du savoir par les sens.
œ Parallèlement, la conversion de l'âme s'accompagne d'un boule
versement du genre de vie.
Parce qu'il donne préférence au savoir, le
philosophe donne préférence à l'âme sur le corps.
C'est que la première
appartient à l'invisible, le second au visible: le philosophe s'arrache à
l'emprise du corps, qui trouble l'âme, la fait errer et divaguer, semblable
à l'homme ivre.
C'est à cette double conversion que la plupart des
mythes platoniciens nous exhortent.
r.:i Comparable au regard qui se détourne du sol vers le ciel, l'œil de
l'âme, l'intelligence, donne une nouvelle direction à la vie humaine.
L'homme intelligent, qui pouvait donner toute la mesure de son intelli
gence dans la méchanceté, devient bon sitôt que son intelligence est diri
gée vers le savoir.
2.
Le bien
A.
La justice, ordre dans l'âme
111 La préférence accordée à l'âme ou au corps décide du genre de vie que
l'on mène, juste ou injuste.
Une intelligence dirigée vers l'amour du
savoir commande au genre de vie philosophique; dirigée vers l'amour
des plaisirs du corps, elle commande à un genre de vie qui trouve son
complet aboutissement dans la tyrannie (cf.
fiche 4).
Le philosophe est
malhabile aux yeux de la foule, et l'homme habile prête à rire aux
yeux du philosophe : le genre de vie de chacun exclut celui de
l'autre, autant que la justice l'injustice.
Il L'homme tourné vers son corps n'est pas pour cette raison dénué
d'intelligence; ce n'est simplement pas elle qui commande en son âme,
mais la partie plus immédiatement soumise au corps.
Selon que la par
tie soumise au désir, l'élément concupiscible, ou la partie purement
spéculative, l'élément raisonnable, commande l'âme, l'on est
homme du commun ou philosophe.
■ L'âme comprend selon Platon trois éléments : à l'élément raison
nable et à l'élément concupiscible s'ajoute l'élément irascible.
Ce
dernier est 1 'élément de la colère juste et du courage, de la volonté d'en
treprendre.
Source distincte de la concupiscence, il est dans l'âme réglée
de l'homme juste l'auxiliaire de la raison.
Platon
B.
Le mal comme ignorance
■ L'injustice est le fait d'une sédition dans l'âme : la partie qui
devrait commander est subordonnée à celle qui devrait obéir.
Souillure de l'âme invisible aux yeux du corps, l'injustice est l'origine
de tous les vices.
C'est cependant l'intelligence elle-même qui, par igno
rance du bien, se soumet à 1 'élément concupiscible pour servir au mieux
le désir.
■ On ne commet donc l'injustice que par ignorance du bien.
Si
l'homme injuste savait où est le bien de son âme, il n'agirait que selon
la justice.
De là....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓