Platon (~428-~348 av. J.-C.) LES MYTHES PLATONICIENS L e mythe est un récit fictif mettant en scène des personnages légendaires....
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Platon (~428-~348 av.
J.-C.)
LES MYTHES PLATONICIENS
L
e mythe est un récit fictif mettant en scène des personnages
légendaires.
Souvent fallacieux, le mythe est aussi symbo
lique ; c'est le seul moyen d'exprimer là vérité lorsque le discours
rationnel échoue.
Sous une forme déficiente, due à la faiblesse de l'es
prit humain, il déploie en images fortement affectives, souvent énig
matiques, l'objet seulement probable de convictions intimes.
Platon a
puisé à de nombreuses reprises dam le fonds mythologique de la reli
gion grecque pour forger à sa façon ces histoires qui contiennent en
un sens toute sa philosophie.
Chaque paragraplie de cette fiche
raconte un mythe platonicien; chaque mythe est un début d'introduc
tion possible à une dissertation philosophique : c 'est que le mythe n'est
pas une pensée toute faite, mais donne à penser.
1.
La recherche de la vérité
■ Il y a bien longtemps, nous raconte le Phèdre, certains hommes
aimaient tellement chanter qu'ils ne prenaient plus le temps de se nour
rir, et ils« moururent sans s'en apercevoir».
Les Muses les changèrent
en cigales, qui n'ont pas besoin de se nourrir, et chantent du matin au
soir.
Pareil aux cigales, celui qui exerce la philosophie doit être infati
gable, en perdre le manger et l'idée de la mort.
11 Le dieu égyptien Theuth, inventeur de l'écriture, présenta un jour sa
découverte au roi d'Égypte, afin qu'il répande dans son pays ce
« remède de la mémoire et de la science ».
Le roi d'Égypte critiqua cette
invention qui vidait la mémoire en rendant inutile tout effort, et ne pro
duirait que faux savants sans jugement, au savoir tout livresque.
La
recherche philosophique, signifie ce mythe dans le Phèdre, doit être un
dialogue parlé ; l'écrit ne répond pas aux questions qu'on lui pose.
■ Selon le mythe d'Aristophane, dans Le Banquet, il existait avant trois
types d'êtres humains, l'homme, la femme et l'androgyne (homme
femme).
Chacun avait deux têtes, quatre bras, quatre jambes, et était
rond.
Punis pour avoir tenté de prendre la place des dieux, ils furent cou
pés en deux par la foudre de Zeus.
Malheureuses, les moitiés se cher
chent, et tendent à ne faire qu'un à nouveau: c'est l'origine de l'amour,
qui unit hommes et femmes, ou bien amants dans la sagesse, qui se pra
tique à deux dans le dialogue philosophique.
2.
Les idées
■ Le Phèdre présente l'âme humaine comme un char ailé, composé
d'un cocher et de deux chevaux : l'un, excellent, tire le char vers le haut,
1 'autre, médiocre, le tire vers le bas.
Lorsque le premier est le plus fort,
l'âme devient divine, et ses ailes sont plus développées; lorsque c'est le
second qui domine, l'âme reste embourbée dans le corps, et ses ailes sont
anémiées.
Le lieu le plus élevé que l'âme puisse atteindre, si le cocher sait
dompter le mauvais cheval, c'est le lieu des idées, où sont connues la
justice en soi, la beauté en soi, etc.
Ce lieu est celui où se nourrit l'âme.
Parce que l'attelage est toujours imparfait, l'âme s'élève et rechute sans
cesse, témoignant de la difficulté de l'étude philosophique, de la force de
distraction que représentent les choses corporelles.
• Le Phédon présente par une image frappante le contraste du lieu natu
rel de l'âme et du piège qu'est pour elle le sensible.
Nous sommes, dit
Platon, comme des hommes qui habiteraient sous la mer, pour qui tout
est trouble, qui prennent la mer pour le vrai ciel, qui vivent dans un
bourbier de vase et un décor rongé par le sel marin.
Si nous pouvions
surmonter notre paresse et regagner la surface, nous verrions la lumière
véritable, et la beauté des choses du monde terrestre : le lieu des idées est
lumineux, ses contours sont nettement délimités.
Le lieu où nous vivons,
au contraire, est flou et imprécis : les choses s'y mélangent et nous
demeurons dans la confusion.
3.
La conversion de l'âme
■ La difficulté de la connaissance exige une conversion de l'âme à un
nouveau style de vie, que figure l'allégorie de la Caverne (La Répu
blique, VII).
Imaginons des hommes - nous sommes ces hommes
enchaînés au fond d'une caverne, incapables du moindre mouvement,
le visage tourné vers une paroi sur laquelle défilent des ombres.
Ces
ombres sont portées par d'autres hommes qui passent derrière les pri
sonniers, en tenant des objets fabriqués divers, éclairés par un feu au
fond de la caverne.
La réalité, pour eux, ce sont les ombres qu'ils voient.
Si l'on délivre un prisonnier de ses chaînes, il souffrira de marcher;
qu'on le force à regarder vers la lumière, il sera ébloui, et croira ne voir
que des choses sans consistance, incapable de reconnaître les choses
dont il ne connaît que les ombres.
Qu'on le traîne vers le vrai monde,
tout lui sera pénible, et la lumière du soleil sera insupportable; c'est le
prix de l'effort philosophique.
Accoutumé enfin peu à peu à la véritable
lumière, il ne voudra plus redescendre dans la caverne, et ce sont les
ombres qu'il ne reconnaîtra plus, parce qu'elles sont trop sombres et
trop confuses : ainsi, le philosophe descend à contrecœur dans un lieu
d'illusion et d'erreur, où son devoir est de guider les hommes.
■ Lorsque le raisonnement devient insuffisant à convaincre qu'il est plus
avantageux d'être juste que d'être injuste, Platon recourt au mythe dans
le Gorgias.
Jadis, les hommes savaient l'heure de leur mort; ils étaient
Platon
jugés pour leur vie par des mortels, au moment de mourir, mais de leur
vivant.
Les jugements étaient mal rendus, car les juges se laissaient
convaincre par la belle apparence et 1'éloquence des jugés.
Zeus décida
alors....
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