Poétique du théâtre de l'absurde Le théâtre de l'absurde se caractérise par la disparition de l'his toire, la crise du...
Extrait du document
«
Poétique du théâtre
de l'absurde
Le théâtre de l'absurde se caractérise par la disparition de l'his
toire, la crise du personnage et un certain tragique de la conscience.
Il prend acte d'une triple crise : celle du sujet, personnage en voie de
décomposition, celle de l'objet, la réalité n'a plus de valeur, celle du
langage impuissant à exprimer la vérité d'un sentiment.
Il dénonce la
société sur un ton empreint de dérision ou d'humour noir.
LA DISPARITION DE L'HISTOIRE
Avec le théâtre de l'absurde, l'intrigue et l'action disparaissent.
Oh ! les beaux jours de Beckett, La Cantatrice chauve de Ionesco ne
racontent plus une histoire mais présentent des situations qui n'évo
luent pas.
« Rien ne se passe, personne ne vient, personne ne s'en
va, c'est terrible », constate Estragon dans En attendant Godot.
Eugène Ionesco exprime la même idée dans Notes et Contrenotes.
Pas d'intrigue, alors, pas d'architecture, pas d'énigmes à résoudre
mais de l'inconnu insoluble, pas de caractères, des personnages sans
identité (ils deviennent à tout instant le contraire d'eux-mêmes, ils
prennent la place des autres et vice versa) : simplement une suite
sans suite, un enchaînement fortuit, sans relation de cause à effet.
EugèneIONESCO,NotesetContrenote�
éditions Gallimard, 1963, p.
222.
Des personnages sans personnalité sont réunis dans une intrigue
sans intrigue et exécutent des mouvements dépourvus de sens.
Dans Fin de partie de Beckett, l'action se déroule dans la seule pièce
où vit Hamm avec son domestique Clov et ses vieux parents installés
dans une poubelle.
Hamm angoissé demande : « Mais qu'est-ce qui
se passe, qu'est-ce qui se passe ? » et Clov ne peut que répondre :
«
Quelque chose suit son cours.
»
LA CRISE DU PERSONNAGE
Présentés comme des pantins, les personnages incarnent l'absurde de la situation humaine.
Ils éprouvent une sorte d'impossibilité
à donner un sens à leur être ou à leur situation.
Chez Beckett, les
personnages sont mutilés symboliquement, dévalorisés, à moitié
enterrés comme Winnie dans Oh ! les beaux jours.
Pire encore, ces
personnages sans histoire, sans psychologie finissent par perdre leur
patronyme.
Chez Beckett, les personnages n'ont souvent qu'un prénom : Vladimir, Estragon, Winnie, Willie .•• Les prénoms eux-mêmes
peuvent disparaître et les personnages se réduire à leur fonction
sociale : Le Professeur, l'Êlève dans La Leçon, voire Le Vieux, La
Vieille dans Les Chaises de Ionesco, Elle et Lui dans Le Square de
Duras, F1, F2 et H dans Comédie de Beckett.
Tous ces personnages
n'existent plus que par leurs discours.
La logorrhée, c'est-à-dire un
flux de paroles incessant, est la seule justification de leur existence,
mais leur discours est miné....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓