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Pologne (1981-1982): L'espoir assassiné Le coup de force du général Jaruzelski a mis fin le 13 décembre 1981 à l'espoir...

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« Pologne (1981-1982): L'espoir assassiné Le coup de force du général Jaruzelski a mis fin le 13 décembre 1981 à l'espoir soulevé par Solidarité.

Les militaires polonais ont instauré "l'état de guerre", décrété la loi martiale, suspendu puis interdit toutes les organisations indépendantes, tandis que les acquis des grèves d'août 1980 étaient annulés. Depuis, le peuple polonais vit une étrange guerre que Jacek Kuron décrivait ainsi du fond de sa prison en février 1982: "Nous vivons une occupation classique avec censure de la correspondance, couvre-feu, razzias massives, perquisitions, arrestations, tribunaux militaires, responsabilité collective, etc.

La terreur, les menaces et les appels désespérés au calme sont le seul langage que tient le pouvoir.

Qu'obtient-il par là et que peut-il bien obtenir? Le désespoir et la haine de tous, la peur et la soumission des uns, la détermination et la volonté de combat des autres." Cette offensive de la fraction militaire du pouvoir contre le syndicat indépendant né des grèves d'août 1980, offensive encouragée et appuyée techniquement par l'Union soviétique, vise à liquider un processus révolutionnaire sans précédent dans les "démocraties populaires".

Solidarité était devenu le moteur d'un renouveau démocratique de toute la société.

Force inventive et tolérante, il polarisait dans son action l'ensemble des couches sociales: les ouvriers, la petite paysannerie, les intellectuels, les artisans, les jeunes scolarisés.

Chacun avait créé sa propre organisation indépendante à l'image du syndicat ouvrier.

Lui-même se considérait comme une organisation alliant les caractéristiques d'un mouvement social et d'un syndicat.

Il défendait les travailleurs dans leur existence quotidienne et avait déjà contribué à une amélioration sensible des conditions de travail, de logement, de santé. Mais surtout il incarnait l'espoir d'une "Pologne autogérée", décrite par le programme adopté en octobre 1981 par son Congrès national.

Et il devint au fil des mois la seule alternative politique au pouvoir en place dominé par le POUP (Parti ouvrier unifié polonais, communiste).

C'était justement le problème: ce parti n'a jamais voulu partager son pouvoir, garantie des privilèges d'une minorité de parvenus.

Il avait certes signé les accords de Gdansk, mais chaque fois qu'il le put, durant ces quinze mois de liberté, il tenta de revenir dessus.

Près de six cents protocoles ont été signés entre le gouvernement et les organisations indépendantes.

Aucun ne fut complètement appliqué. L'intransigeance du pouvoir ne fit ainsi qu'approfondir la crise politique et économique, conduisant le pays à la catastrophe.

Tout au long de l'année 1981, la spirale qui engloutit la Pologne résulta de quatre phénomènes essentiels. D'abord l'incurie de l'administration, sa division et sa volonté prioritaire de détruire (ou d'intégrer) Solidarité, qui ont laissé l'économie se désintégrer. Quelques chiffres résument la situation avant le coup d'État: la production industrielle avait baissé en octobre 1981 de 14,5% par rapport à celle d'octobre 1980 ; comparée à celle d'octobre 1979, la baisse atteignait 20,5%.

La production de charbon les dix premiers mois de l'année 1981 fut de 135,8 millions de tonnes, c'est-à-dire 18,2% de moins que l'année précédente.

Pour le seul mois d'octobre 1981, elle avait même baissé de 23,3%.

La production électrique n'avait rien à envier à celle du charbon: elle était de 8,1% inférieure à celle des deux années précédentes.

La production agricole, malgré une certaine reprise, restait également très en deçà des années antérieures.

La production de l'élevage était par exemple de 38,4% plus faible,.... »

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