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Pologne (1985-1986): Les succès du général-secrétaire A l'évidence, l'année 1985-1986 a été pour le général Jaruzelski celle des premiers grands...

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« Pologne (1985-1986): Les succès du général-secrétaire A l'évidence, l'année 1985-1986 a été pour le général Jaruzelski celle des premiers grands succès.

Il a retrouvé une certaine assise internationale en renouant les relations diplomatiques avec l'Occident, son entente avec son voisin soviétique semble être au beau fixe, tandis qu'à l'intérieur du pays, il est parvenu à deux reprises à imposer de nouvelles hausses des prix sans réactions sérieuses de la société.

L'Église, tout en clamant son indépendance et en maintenant son soutien de principe à Solidarité, a normalisé ses relations avec le général-secrétaire, alors que le syndicat Solidarité a pesé de moins en moins sur le cours des événements.

La répression a continué à s'abattre, drue. A bien des égards le régime polonais, ébranlé par un mouvement social sans précédent de 1980 à 1981, a réussi à rétablir la situation.

Il s'est installé dans la durée.

Les déséquilibres toujours perceptibles ont pris une envergure moindre, et si la Pologne n'est pas encore complètement entrée dans le rang, elle n'est plus au bord de l'explosion sociale. La meilleure réussite du général a été son "escale" surprise à Paris, en décembre 1985, pour un entretien avec François Mitterrand.

Si elle a "troublé" le Premier ministre Laurent Fabius et a choqué l'opinion française, cette visite a symbolisé surtout la fin de l'isolement diplomatique de la Pologne.

La France s'était en effet distinguée par sa fermeté envers la junte militaire issue du coup de force du 13 décembre 1981, contrairement à la RFA, par exemple, qui s'était montrée plus compréhensive.

Cette rencontre parisienne n'a débouché sur aucune mesure spectaculaire, sinon sur un voyage d'affaires, en janvier 1986, de Jean-Michel Baylet, secrétaire d'État aux relations extérieures.

Paris a ainsi affirmé sa volonté de relancer les échanges économiques avec la Pologne et, pour la première fois depuis septembre 1981, la commission mixte franco-polonaise s'est réunie à cette occasion.

Il faut dire qu'en quatre ans, la part de la France dans les importations polonaises avait fortement diminué au profit d'autres pays occidentaux, en particulier des États-Unis qui avaient pourtant décrété des sanctions économiques contre le régime polonais. Mais au-delà de ces évolutions françaises, la reconnaissance internationale du général Jaruzelski s'est accélérée pendant cette période.

Washington a levé l'essentiel des sanctions, plusieurs personnalités politiques occidentales ont fait le voyage à Varsovie, notamment l'ancien chancelier ouest-allemand Willy Brandt, jusqu'au président du Congrès juif mondial venu en décembre 1985 à l'invitation du général.

Ce dernier avait d'ailleurs essayé d'améliorer son image internationale en se rendant pour la première fois, en septembre 1985, devant l'Assemblée générale de l'ONU, où il avait prononcé un discours sans surprise.

Cette ouverture avait malgré tout ses limites.

Mettant les bouchées doubles, le gouvernement polonais a eu l'idée de rééditer en janvier 1986 le Congrès des intellectuels pour la paix de 1948.

Toutes les grandes figures internationales avaient été sollicitées, mais toutes ont décliné l'invitation et le Congrès s'est réuni avec les seuls compagnons de route habituels des partis communistes.

Un échec donc. Reste que le bilan diplomatique de l'année a été globalement positif et a placé dans l'embarras les opposants démocratiques au régime.

Lors de la promenade parisienne du général, Lech Walesa et ses amis ont d'ailleurs été beaucoup moins critiques que leurs sympathisants en France.

Ils espéraient qu'il en sortirait quelque chose de positif pour la Pologne. Hausse des prix C'est qu'à l'intérieur du pays, cette normalisation des relations extérieures a correspondu à une reprise en main d'une société assez passive.

Alors que la situation économique est loin d'être redressée - un rapport de la très officielle Académie des sciences présenté au gouvernement début 1985 s'est montré extrêmement pessimiste -, par deux fois des hausses considérables des prix à la consommation ont été décidées.

De mars à juillet 1985, le premier train de hausses, d'abord prévu pour février, s'est étalé en trois phases, suite à une "négociation" avec les syndicats officiels.

Ces hausses concernaient, pour le 1er mars, la farine et le pain (30 à 42%) avec suppression parallèle du rationnement, le sucre (45%), toujours rationné, et une série d'autres produits ; pour le 1er avril, le charbon (20%), l'électricité (22%) et le gaz domestique (30%) ; en juin-juillet, le beurre et les graisses (jusqu'à 90%), et enfin la viande (10 à 15%), toujours rationnée.

D'abord, ces augmentations ont été accueillies par un mot d'ordre de grève que Solidarité abandonna au dernier moment.

Ensuite, seules quelques entreprises ont protesté localement, ce qui n'est pas sans signification lorsqu'on se souvient que de 1970 à 1982 les autorités polonaises n'avaient pu augmenter les prix sans déclencher d'importantes réactions sociales (1970-1971, 1976, 1980).

Or, l'impressionnant déploiement policier à la porte des usines en avril 1985 ne suffit pas à expliquer cette faible riposte.

Un an plus tard, d'ailleurs, les autorités ont récidivé en augmentant, le 17 mars 1986, les prix d'un grand nombre de produits alimentaires - de 8 à 20% -, mais aussi du charbon, du gaz et de l'électricité et des transports en commun.

Les réactions ont alors été encore plus dispersées et Lech Walesa s'est limité à un vague: "Je pense qu'une protestation de la classe ouvrière serait justifiée." Second test du rétablissement de l'ordre intérieur, les élections législatives d'octobre 1985.

Il s'agissait des premières du genre depuis.... »

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