Pologne (1986-1987): Ni paix ni guerre Le 29 juin 1986 s'ouvrait le Congrès du Parti ouvrier unifié polonais, en présence...
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Pologne (1986-1987):
Ni paix ni guerre
Le 29 juin 1986 s'ouvrait le Congrès du Parti ouvrier unifié polonais, en
présence de Mikhaïl Gorbatchev, qui saluait le "camarade Wojciech Jaruzelski,
son énergie, sa perspicacité, sa vision à long terme, sa capacité à trouver des
solutions à des problèmes très complexes, à défendre de manière inflexible les
intérêts de son pays".
Telle n'était sans doute pas l'opinion des Polonais qui manifestaient au même
moment à Poznan, célébrant le trentième anniversaire des événements de 1956.
Mais l'équipe du général Jaruzelski n'en avait cure, qui souhaitait faire de ce
Congrès celui de la normalisation, et pouvait se flatter d'avoir obtenu des
résultats non négligeables en la matière en 1986, tant en ce qui concerne
l'image internationale du pays que sa situation intérieure.
Fin de l'isolement diplomatique
Le général Jaruzelski avait bien fini l'année 1985 en obtenant de François
Mitterrand d'être reçu à l'Élysée.
Dès janvier 1986, le secrétaire d'État
français aux relations extérieures, Jean-Michel Baylet, se rendait à Varsovie,
tandis qu'en avril, le ministre polonais des Affaires étrangères, Marian
Orzechowski, était reçu à Bonn.
En septembre, le chef du Parti polonais allait à
Pékin, puis en janvier 1987 à Rome et au Vatican, où il s'entretenait avec
Jean-Paul II.
Ce même mois, Varsovie recevait le Premier ministre japonais,
Yasuhiro Nakasone, et le secrétaire d'État adjoint américain, John Whitehead.
Celui-ci insistait certes pour rencontrer Lech Walesa, mais le 19 février le
président Reagan levait les dernières sanctions économiques à l'encontre de la
Pologne.
En fait, tous les responsables politiques occidentaux en visite à
Varsovie sacrifient à l'obligation rituelle d'un entretien avec un ou plusieurs
membres de l'opposition.
Cela agace sans doute les dirigeants polonais et donne
parfois lieu à des incidents, tels ceux qui ont marqué, en mars 1987, la visite
du ministre espagnol des Affaires étrangères, Francisco Fernandez Ordoñez.
Mais
cela n'occulte pas le retour de la diplomatie occidentale à une realpolitik à
l'égard de la Pologne, au-delà de toutes les distinctions subtiles établies
entre l'État et le peuple polonais.
La lente amélioration des relations diplomatiques avec l'Ouest est ressentie
avec d'autant plus de satisfaction à Varsovie que, parallèlement, le pouvoir a
marqué des points importants contre l'opposition et l'ex-syndicat Solidarité,
notamment, en janvier 1986, l'arrestation de Bogdan Borusewicz et surtout, le 31
mai, de Zbigniew Bujak, principal leader de Solidarité clandestine (il a été
remplacé par Wiktor Kulerski).
Ce succès de la police a déclenché le 1er juin
des manifestations de plusieurs milliers de personnes à Varsovie, Cracovie,
Gdansk et Wroclaw, qui se sont soldées par de nouvelles et nombreuses
arrestations.
La répression s'est intensifiée.
Si le pouvoir a renoncé, le 11 février, à
poursuivre Lech Walesa, comme il en avait d'abord marqué l'intention, il n'a pas
hésité à organiser, entre autres, les 17 et 18 février, le procès en appel de
Wadyslaw Frasyniuk, Bogdan Lis et Adam Michnik, le 3 mars, celui de cinq
responsables de la Confédération pour une Pologne indépendante, les 15 et 16
mai, celui de huit militants de Solidarité, dont Seweryn Jaworski, et le 19
juin, celui de six autres, selon une nouvelle procédure accélérée.
Surtout, le pouvoir a témoigné des progrès qu'il a accomplis dans l'art
d'empêcher les manifestations sans avoir à recourir à une violence trop voyante.
Il n'est sans doute pas parvenu à dissuader plusieurs dizaines de milliers de
personnes de se rassembler, le 1er mai, à Saint-Stanislas, l'église du père
Popieluszko et le fief de Solidarité, mais il a évité, grâce à un impressionnant
déploiement policier, qu'elles ne manifestent dans la rue.
Il s'est même donné
le luxe de laisser se dérouler sans incident une manifestation de protestation
contre Tchernobyl à Cracovie, le 1er juin.
En fait, le régime se sent assez fort pour laisser par instants éclater tout son
cynisme: ainsi l'omniprésent porte-parole du gouvernement, Jerzy Urban, a-t-il
confié au Washington Post que tous les préparatifs du coup de force du 13
décembre 1981 étaient achevés dès le 5 novembre, faisant toute la lumière sur la
réalité d'une intervention prétendument décidée au dernier moment pour sauver le
pays du chaos.
Cela ne signifie évidemment pas que tous les problèmes du pouvoir soient
dorénavant résolus.
En particulier, sa marge de manoeuvre en matière économique
apparaît singulièrement limitée.
Le revenu national n'avait toujours pas
atteint, fin 1986, le niveau de 1979, alors que la situation industrielle
restait préoccupante et que l'agriculture, après trois années de résultats
satisfaisants, subissait de plein fouet les retombées de la catastrophe
nucléaire de Tchernobyl, en avril 1986.
Retour au FMI
Le problème majeur demeure cependant celui de la dette extérieure, estimée à
29,3 milliards de dollars.
Le gouvernement polonais a certes obtenu, en mars, un
accord pour....
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