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Pologne (1989-1990): Liberté acquise, démocratie incertaine Entre l'élection semi-démocratique à la Diète et au Sénat de juin 1989 et les...

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« Pologne (1989-1990): Liberté acquise, démocratie incertaine Entre l'élection semi-démocratique à la Diète et au Sénat de juin 1989 et les élections territoriales, entièrement démocratiques, de mai 1990 qui ont confirmé la prédominance de Solidarité sur l'échiquier politique, le rythme de l'avancée démocratique polonaise, comparé à celui de pays voisins (Hongrie, RDA...) est devenu le principal sujet des débats politiques dans le pays.

Cela n'a pas manqué d'avoir un effet déstabilisateur sur le mécanisme de "démocratisation rampante" qui avait été parcimonieusement élaboré dans le cadre des négociations de la "table ronde".

Celle-ci, dont les réunions avaient commencé en février 1989, avait représenté un compromis entre les communistes et les dirigeants de Solidarité, jetant les bases d'une profonde refonte du système institutionnel. "A vous le président, à nous le gouvernement" La stratégie évolutionniste de la "table ronde" s'avéra vite insuffisante. Solidarité, s'il ne voulait pas être débordé par ses troupes, ne devait plus se contenter du législatif mais exiger le pouvoir exécutif sans pour autant provoquer son partenaire communiste qui semblait encore puissant.

Le 2 juillet 1989, Adam Michnik, rédacteur en chef de Gazeta, le quotidien électoral transformé en organe permanent de Solidarité, énonça la règle de la "cohabitation": "A vous le président, à nous le gouvernement." L'argument était simple: seul un gouvernement légitime par Solidarité pouvait mobiliser les Polonais et ouvrir l'accès aux crédits occidentaux.

Pour mettre en oeuvre une véritable rupture du système économique au prix d'une récession économique, d'une politique d'austérité draconienne, seul le mouvement Solidarité pouvait convertir la mobilisation révolutionnaire des Polonais en un contrat de stabilité politique.

Lech Walesa se rallia à l'idée de la cohabitation: "La situation internationale réclame que soit élu président de la République un homme du sérail communiste." Aussi l'élection du général Wojcieh Jaruzelski fut assurée, semble-t-il, grâce à un discret "coup de pouce" de Solidarité, avec une voix de majorité.

Mais déjà, une trentaine de députés du Parti paysan unifié (ZSL) et du Parti démocrate (SD), alliés traditionnels du POUP (Parti ouvrier unifié polonais, communiste), s'abstinrent. Le 7 août, Lech Walesa se déclare prêt à diriger une coalition Solidarité-ZSL-SD, sans les communistes.

Mikhaïl Gorbatchev réagit le 11 août par un spectaculaire coup de téléphone, rendu aussitôt public, à Mieczyslaw Rakowski (Premier ministre communiste démissionnaire) au cours duquel il évoqua les "risques de déstabilisation".

Bronislaw Geremek, de Solidarité, bloqua la parade en souhaitant une coalition qui soit même ouverte aux réformateurs communistes.

Finalement, il restera à L.

Walesa à offrir aux communistes des postes stratégiques pour garantir la stabilité du régime et la pérennité des alliances internationales.

Une fois le suspense sur sa propre candidature au poste de Premier ministre levé, Lech Walesa obtint que soit entérinée la candidature de Tadeusz Mazowiecki, intellectuel catholique en renom, conseiller du président de Solidarité et rédacteur en chef du mensuel Znak ("Le Lien"). Il fallait au nouveau gouvernement agir vite et fort afin de profiter du formidable capital de confiance des Polonais pour changer radicalement les règles du jeu et neutraliser la nomenklatura.

L'application des mesures de rééquilibrage financier a été effective au 1er janvier 1990.

Le plan Balcerowicz, du nom du ministre des Finances qui en a été l'auteur, a été conforté par quelques signaux positifs: la hausse des prix, qui avait atteint 78% en janvier 1990, a été ramenée à 23% en février et 47% en mars, ce qui a permis d'abaisser rapidement les taux d'intérêt (44% en janvier, 20% en février, 8% en mars) ; la spirale salaire-prix a été cassée ; le commerce extérieur a connu un excédent de près d'un milliard de dollars au premier trimestre 1990 (meilleur solde jamais obtenu), et un rééquilibrage du budget a été engagé.

Plus généralement, la croissance de la masse monétaire a été bien contenue.

Un nombre croissant de paysans ont pratiqué l'approvisionnement direct de la population et le pouvoir a semblé encourager la multiplication des points de vente "sauvages". La réussite d'une sorte de convertibilité interne du zloty par une forte dévaluation de la monnaie nationale a été l'un des succès les plus visibles du gouvernement.

Quatre mois après la mise en oeuvre du programme économique, le cours du dollar ne variait plus entre les guichets de la Banque nationale et les comptoirs privés que dans une fourchette de 9 500 à 9 700 zlotys. Ces résultats ont été obtenus au prix d'une baisse du pouvoir d'achat et d'une récession d'environ 30% au premier trimestre 1990.

Mais, plutôt que de rationaliser la production à cette occasion, les entreprises polonaises ont pratiqué à grande échelle ce que l'on pourrait appeler "l'adaptation passive" (chômage technique, mise en congé, etc.).

Quel sera le prix social du passage du Plan au marché? A la mi-1990, quelque 400 000 chômeurs s'étaient déclarés, incluant probablement des chômeurs chroniques d'"avant" qui ont décidé de profiter des nouvelles mesures d'encadrement.

Ces mesures de.... »

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