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Pologne (1991-1992): Crise politique et "national-moralisme" L'élection législative du 27 octobre 1991 a, certes, permis à la Pologne de combler...

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« Pologne (1991-1992): Crise politique et "national-moralisme" L'élection législative du 27 octobre 1991 a, certes, permis à la Pologne de combler un "déficit" en matière de démocratie (après les élections semi-libres de juin 1989), grâce à l'installation des nouvelles chambres, et d'accéder ainsi au Conseil de l'Europe, le 26 novembre 1991.

Mais le scrutin à la proportionnelle a aussi donné au pays une Diète fragmentée, aucun parti n'ayant pu obtenir plus de 13% de sièges.

Plus grave, peut-être, ces élections n'ont mobilisé que 43,2% des inscrits (contre 60,63% lors du premier tour des présidentielles le 25 novembre 1990 et 53,43% au second). Ne disposant pas de la majorité parlementaire, le chef de l'État, Lech Walesa, n'a pu maintenir le gouvernement libéral de Jan Krzysztof Bielecki, ni obtenir que les sociaux-libéraux en forment un nouveau sous la direction de Bronislaw Geremek.

C'est finalement Jan Olszewski, soutenu par 121 députés sur les 460 que compte la Diète, qui a constitué un gouvernement de centre droit, dominé par le parti Entente du centre et la coalition électorale Action catholique.

L.

Walesa avait publiquement manifesté à plusieurs reprises son antipathie à l'égard de cet ancien compagnon de lutte, avocat ayant souvent défendu les militants de l'opposition démocratique. Adam Michnik, rédacteur en chef du quotidien Gazeta, a ainsi commenté le résultat de ces élections: "[...] nous avons assisté à une ``guerre au sommet'' de la hiérarchie de Solidarité...

ce que la dictature communiste n'a pas réussi à détruire en dix ans, la guerre ``en haut'' y est parvenue en un an et demi." A propos du succès relatif des ex-communistes (11,98%, soit 60 sièges) ou des nationalistes radicaux (KPN, Confédération pour une Pologne indépendante: 7,5%, soit 46 sièges), il a ajouté: "On a voté pour le miracle [...], c'est dire combien l'infantilisation de la lutte politique pendant la campagne a porté ses fruits." Une classe politique discréditée Les députés se sont opposés au programme économique de J.

Olszewski, mais ils n'ont pas souhaité l'acculer à une démission redoutée en raison de l'absence de toute majorité alternative.

Tandis que les partis se sont perdus dans d'interminables négociations pour construire des alliances susceptibles d'offrir une majorité à un gouvernement de "salut national" (la "petite coalition" regroupe ainsi les libéraux et notamment l'Union démocratique de l'ancien Premier ministre Tadeusz Mazowiecki et le Congrès de libéraux de J.K.

Bielecki, et la "grande coalition" les partisans de J.

Olszewski), le président de la République a rêvé d'un système présidentiel, "à la française" impliquant, selon lui, le pouvoir exclusif de nommer et de révoquer le gouvernement (au lieu de partager ce pouvoir avec le Parlement). La paralysie de l'exécutif et du législatif a contribué à discréditer davantage encore les élites politiques aux yeux de la population.

Des manifestants cheminots, canalisés par Solidarité, ont marché sur le siège de la Diète le 22 mai 1992, avec des mots d'ordre antiparlementaires, soulignant le fossé grandissant entre une classe politique, au sein de laquelle aucune personnalités n'a résisté à la disgrâce, et la société désorientée. Seule institution épargnée jusqu'au début de 1992, l'armée polonaise est également devenue un enjeu dans la rivalité politique entre la Présidence de la République et le ministre de la Défense, Jan Parys.

Ce dernier, passablement maladroit, n'acceptant pas que son secteur soit soumis au contrôle des conseillers de L.

Walesa, a accusé l'entourage du président de préparer, avec quelques officiers haut placés, un coup d'État militaire.

N'ayant pu produire de preuves, il a dû démissionner pendant l'été 1992. L'image de la nouvelle démocratie polonaise n'est pas sortie grandie de cette crise politique.

D'autant que seules les actions législatives à connotation nationaliste ont abouti en 1991-1992.

Tel le vote de loi qui interdit la participation des capitaux étrangers dans les entreprises de jeux de hasard. Telle, aussi, la modification du code déontologique par le Conseil de l'Ordre des médecins afin d'interdire l'avortement.

Aussitôt citée en exemple par le Vatican, cette mesure n'en a pas moins soulevé des réticences croissantes, notamment au sein de la section de l'Ordre de la capitale, Varsovie, qui a jugé la décision du Conseil contraire à la juridiction en vigueur et a refusé de l'appliquer.

Dans ce climat de "national-moralisme", la population, surtout préoccupée par la dramatique situation économique, a perdu ses points de repère. L'Église, qui a continué d'oeuvrer en faveur de cet ordre moral, a été confrontée à des difficultés d'organisation.... »

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