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Pologne (1995-1996): Les anciens communistes au pouvoir Il aura fallu à Aleksander Kwasniewski six ans pour démontrer, par sa victoire...

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« Pologne (1995-1996): Les anciens communistes au pouvoir Il aura fallu à Aleksander Kwasniewski six ans pour démontrer, par sa victoire aux présidentielles de novembre 1995 parachevant celle de son camp (Alliance de la gauche démocratique - SLD, ex-Parti communiste) aux législatives de 1993, l'efficacité de sa stratégie politique.

Celle-ci avait consisté à rendre pacifiquement le pouvoir, à l'issue de la "Table ronde" de 1989, et à imposer aux communistes une conversion brusque à la "social-démocratie" qu'ils vouaient encore aux gémonies avant l'effondrement du bloc de l'Est.

De là à conclure que les communistes moribonds auraient feint une sortie de la scène politique pour mieux s'emparer du pouvoir après une cure de jouvence à la faveur du jeu démocratique, il n'y avait qu'un pas que beaucoup d'adversaires du nouveau président de la République ont franchi. Les résultats du scrutin (51,72 % des suffrages exprimés pour A.

Kwasniewski et 48,28 % pour le président sortant L.

Walesa) ont montré que la Pologne se retrouvait une fois de plus coupée en deux par la ligne de partage d'avant 1989 séparant les "rouges" des "autres".

Cette dichotomie, qui a été opérationnelle pour détruire l'ancien régime, est devenue anachronique dans une période de construction démocratique.

Ces scores recelaient deux énigmes: d'où vient la force électorale d'un ex-communiste dans un pays qui fut le pionnier de l'anticommunisme? Comment expliquer la montée en puissance, pendant les trois dernières semaines de la campagne, de son adversaire, L.

Walesa? Un électorat très diversifié Outre le fait que l'élection présidentielle se prête à la bipolarisation (c'est par le vote "utile" ou "négatif" que s'explique la performance de L.

Walesa, qui, parti dans les sondages à 5 %, a pu arriver à près de la moitié des suffrages au terme d'une campagne anticommuniste primaire), le candidat ex-communiste a su jouer sur plusieurs registres.

Il a tenté de sortir du ghetto moral plusieurs générations liées à l'ancien régime, et pour lesquelles son bilan reste positif, de séduire les jeunes par son propos et son style "modernes", de se rallier des composantes moins politisées de l'électorat par son charisme ou par son anticléricalisme, devenu un atout politique dans la Pologne postcommuniste.

Même les révélations faites entre les deux tours sur la formation supérieure affichée à tort par A.

Kwasniewski et sur le fait que sa femme détenait des actions non déclarées au fisc n'ont eu aucune prise sur sa cote de popularité.

Il a recueilli la majorité des suffrages chez les plus jeunes (18-29 ans: 53,1 %; 30-39 ans: 50,1 %; 40-49 ans: 52,7 %) ainsi que chez les ouvriers (52,3 %), les employés de bureau (53,7 %), les chômeurs (59,5 %). Il s'agissait là d'un électorat paradoxal: certains de ses partisans l'ont suivi parce qu'ils croyaient qu'il n'avait pas changé (les nostalgiques de l'ancien régime, du plein emploi, de l'État-providence) et d'autres parce qu'ils croyaient qu'il avait vraiment changé (les jeunes, les couches moyennes) et qu'il était résolument tourné vers l'avenir. L'électorat du président sortant, qui a bénéficié au second tour du soutien de l'Union pour la liberté (UW) - dont le candidat, opposant historique au communisme et ministre du Travail remarqué de plusieurs gouvernements postcommunistes, Jasek Kuron n'a obtenu que 9,22 % de voix -, a paru plus éphémère.

Mobilisé essentiellement autour d'un dessein "négatif" - barrer le chemin aux "rouges" -, il a fait l'objet, dès le lendemain des élections, d'une forte fragmentation, qui caractérise l'état des droites polonaises. Dès la fin de la campagne électorale, un scandale a éclaté lié à la personne du Premier ministre Joseph Oleksy, qui, accusé d'intelligence avec la Russie, y compris dans la période postérieure à l'effondrement de l'URSS, a dû démissionner; il a été remplacé, le 7 février 1996, par Wlodzimierz Cimoszewicz. L'enquête, aussitôt ordonnée, n'a pu prouver le bien-fondé de cette accusation, mais le mal était fait.

La purge des services secrets a plus ressemblé à un règlement de comptes qu'à la punition des responsables d'une opération mal menée.

D'une part l'image.... »

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