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Pour la première fois depuis que fut signé, en 1957, le pacte instaurant le "Front national" en vertu duquel les...

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« Pour la première fois depuis que fut signé, en 1957, le pacte instaurant le "Front national" en vertu duquel les deux grandes familles politiques s'entendraient pour alterner au pouvoir, la Colombie est gouvernée par une équipe homogène, appartenant au Parti libéral.

Après sa victoire écrasante aux élections législatives de mars et présidentielles de mai 1986, le Parti conservateur a préféré se ranger dans une opposition "énergique", attitude qu'il semble regretter puisqu'il a tenté depuis de récupérer une partie des charges publiques dont il tirait d'importants bénéfices. Le Congrès, composé à près de 80% de terratenientes, s'est fixé comme tâche principale d'étudier, sans que cela n'ait encore débouché sur aucun changement notable, le projet de réforme agraire - et urbaine proposé par le président Virgilio Barco.

Dans ce pays où près de 200 000 propriétaires (sur une population paysanne de dix millions de personnes, dont trois millions sont économiquement actives) disposent des meilleures terres, d'une surface atteignant parfois des milliers d'hectares, les mouvements de protestation populaire se multiplient, de plus en plus vigoureux, comme en témoigne la marche de 25 000 manifestants sur San José del Guiaviare, au sud-est du pays (décembre 1986).

A la structure agraire injuste, dénoncée par le pape Jean-Paul II lors de sa visite de juillet 1986, s'ajoutent d'une part le manque de crédits et d'aide technique aux petits propriétaires et, d'autre part, le harcèlement constant de l'armée contre les paysans et les communautés indigènes dans certaines régions - les "zones rouges" où pleuvent les bombardements meurtriers - considérées comme des bases ou des refuges pour les guérilleros. Guérilla et violence institutionnalisée Selon un rapport militaire, la guérilla compterait 27 000 membres.

Une partie d'entre eux ont intensifié leurs combats (départements d'Antioquia, Bolivar, Santander, Arauca, Caldas et Cauca), sous la bannière de plusieurs organisations regroupées dans la Coordination nationale de la guérilla (CNG).

La force principale de cette dernière ne paraît plus être le mouvement 19 avril (M-19), affaibli et divisé, mais l'Armée de libération nationale (ELN, d'inspiration marxiste), laquelle a trouvé différents moyens de financement: enlèvements de personnalités, prises de villages miniers, attaques de banques, vols d'explosifs, opérations sur les mines d'or et surtout sabotages répétés de l'oléoduc de Cano-Limon (propriété conjointe de la société d'État Ecopetrol, de la Occidental et de la Shell), ce qui a obligé les compagnies pétrolières à verser de grosses sommes d'argent. Est-ce à dire que les efforts de paix entrepris par l'ancien président Belisario Betancur (1982-1986) ont complètement échoué? Non, puisque les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, proches du Parti communiste) continuent de respecter, au milieu d'un âpre débat interne, la trêve qu'elles ont signée, sans déposer les armes, en mars 1984.

De graves accrochages ont eu lieu avec l'armée en janvier 1987. Ils ont obligé le représentant gouvernemental pour la "réconciliation, la normalisation et la réhabilitation" à rencontrer à nouveau les dirigeants des FARC.

Ceux-ci exigent notamment des garanties pour la sécurité des représentants de l'Union patriotique, rassemblement qu'elles ont créé en 1985 avec d'autres forces, et qui, désormais légal, pourrait gagner de nombreuses mairies aux élections municipales de mars 1988. La seule existence de l'Union patriotique - son candidat à la présidence, Jaime Pardo Leal, a obtenu, en mai 1986, 320 000 voix, soit 4,4% des suffrages, un record pour la gauche - est-elle intolérable pour l'ordre établi? Trois cent cinquante de ses membres ont été assassinés, depuis sa fondation, par des tueurs à gages, au service de certains secteurs militaires alliés aux groupes d'extrême droite.

Ces derniers s'en prennent aussi aux dirigeants syndicaux, aux juges, aux étudiants, aux hommes politiques, aux journalistes et, dans leur rage d'abattre tout ce qui dérange, aux homosexuels, aux prostituées, aux voleurs, aux drogués, etc.

Des milliers de morts, des centaines de disparus: c'est précisément à Bogota que s'est tenu, du 4 au 7 décembre 1986, le premier Colloque international sur les disparitions forcées. L'inquiétude grandit, en effet, parmi la population, devant cette "violence institutionnalisée" qui sévit, alors que les coupables - certains ont été nommément désignés par l'ancien procureur de la République, Carlos Jimenez - restent impunis.

N'a-t-on pas là une preuve de la dangereuse faiblesse du pouvoir civil? file:///F/Lycée/1/450607.txt[13/09/2020 23:26:43] Guerre contre la drogue Le pouvoir est également menacé par.... »

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