Protection sociale et croissance économique dans les PDEM depuis 1945 INTRODUCTION Accroche du sujet De 1945 à nos jours, les...
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Protection sociale et croissance économique dans les PDEM depuis 1945
INTRODUCTION
Accroche du sujet
De 1945 à nos jours, les PDEM ont connu une croissance économique qui a
conjugué consommations marchandes accrues et accès généralisé à des
services devenus non marchands dans le cadre des systèmes de protection
sociale.
Certes, le processus n'est pas linéaire dans le temps, et le ralentisse
ment de la croissance qui intervient à partir des années soixante-dix fait de la
protection sociale le bouc émissaire de la crise économique.
Il n'est pas non
plus homogène dans l'espace puisque les PDEM connaissent différents types
et différents niveaux de protection sociale, l'Europe se différenciant sur ce
point des États-Unis et du Japon par un système de protection sociale étendue
qui est devenu une composante essentielle du «modèle social européen».
Définition et problématique
Tous les systèmes de protection sociale ont cependant, en commun, de
prévoir la couverture des «risques sociaux» par le versement de prestations.
Sur l'ensemble de la période, il est possible de conclure que ces systèmes de
protection sociale, fondés sur l'assurance et/ ou la solidarité, ont favorisé la
croissance économique mais que les nouvelles conditions de la croissance et
certaines évolutions structurelles qui font naître de nouvelles contraintes depuis
les années soixante-dix, au sein des PDEM, légitiment certaines réformes.
Il Annonce du plan
Les arguments sont nombreux qui plaident en faveur de la proposition
selon laquelle la protection sociale constitue, sur le long terme, un atout pour
la croissance économique (1).
Cependant, les systèmes de protection sociale
connaissent tous des problèmes de financement qui légitiment des remises en
cause (II).
Les réformes, nécessaires, doivent être étudiées au regard de leurs
conséquences possibles sur la croissance économique (III).
PARTIE
I
Sur l'ensemble de la période qui suit la Seconde Guerre mondiale, la corréla
tion est positive pour les PDEM entre la croissance de la protection sociale et
la croissance économique (A); cette corrélation peut être expliquée en utilisant
les enseignements de l'économie et de la sociologie (B); elle ne doit pas, toute
!ois, occulter les différences existant entre les modèles nationaux de protec
tion sociale (C).
Ill A.
Depuis 1945, croissance et protection sociale sont, en générat corrélés positi
vement dans les .PDEM.
La mise en relation des dépenses de protection sociale avec les indicateurs
de la croissance économique ne met pas en évidence une corrélation positive
! déterminante.
Toutefois, si l'on écarte le cas du Japon, les autres PDEM
montrent qu'un niveau élevé de dépenses sociales ne s'accompagne ni d'un
revenu national plus faible ni d'un taux de croissance plus bas.
Par ailleurs,
, dans le monde, il n'y a pas de pays pauvres, ou de pays dont la croissance est
faible, connaissant des dépenses sociales élevées.
Certes, il est nécessaire
d'établir une chronologie.
La crise économique qui naît pendant les années
soixante-dix voit une accélération de la part des dépenses sociales dans le PIB.
Ainsi en France, les dépenses sociales représentaient 12 % du PIB en 1949 et
30% à la fin des années quatre-vingt-dix.
Cette période voit aussi un ralentis
sement de la croissance économique puisque de 1970 à la fin des années
quatre-vingt-dix celle-ci est divisée par deux.
Ce ralentissement n'a cependant
rien de comparable avec la crise économique qu'ont traversée les PDEM
pendant les années trente.
Par ailleurs, les pays qui possèdent les systèmes de
protection sociale les plus développés ne semblent pas particulièrement
pénalisés dans le contexte d'une concurrence internationale accrue.
Le cas de
la France apparaît à cet égard significatif, puisque la France est le quatrième
exportateur mondial et que le niveau élevé actuel de protection sociale
n'empêche ni la balance commerciale française d'être fortement positive ni les
1
exportations d'augmenter en volume même si une part de l'excédent
commercial s'explique par un décalage conjoncturel.
Ill B.
Les sciences sociales proposent des grilles explicatives qui lient positivement
protection sociale et croissance économique.
Les différents paradigmes économiques permettent de développer des
arguments.
Si J.M.
Keynes n'étudie pas précisément les effets économiques de la
protection sociale sur la croissance économique, la tradition keynésienne
associe positivement la protection sociale à la croissance économique.
1
L'approche est d'emblée macroéconomique.
Elle met en avant les effets redis
tributifs en faveur de catégories de consommateurs disposant de faibles
revenus dont les propensions marginales à consommer sont fortes.
Une
augmentation des dépenses de protection sociale crée alors un effet multipli
cateur important.
Ensuite, les systèmes de protection sociale contiennent des
effets contracycliques.
Pendant les périodes de crise et/ ou de ralentissement
de la croissance, ils évitent une contraction brutale de la demande.
Les systèmes de protection sociale comportant tous une dimension
assurantielle, la théorie néoclassique met en valeur les dysfonctionnements de
systèmes d'assurances privées liés à des asymétries d'informations.
Les deux
principaux phénomènes étudiés sont l'antisélection ou la sélection adverse et
le risque moral.
Le premier fait que la couverture d'un aléa donné attire les
individus les plus exposés compromettant ainsi l'équilibre budgétaire.
Pour le
second, l'individu couvert tend à s'exposer plus aux risques.
Cette grille invite
à comparer les mérites respectifs _des assurances privées et des assurances
collectives.
Les systèmes d'assurances collectives semblent présenter une
supériorité pour ce qui concerne l'éventail des risques couverts et certains
problèmes liés à la sélection adverse, souvent mal gérés par le secteur privé.
Par exemple, le caractère obligatoire de la protection sociale protège certains
individus dont la préférence pour le présent est forte ou/ et dont la volonté est
trop inconstante.
Il faut alors cerner plus précisément les risques couverts
santé, retraite...
Par ailleurs, la théorie de la croissance endogène met en avant
les rendements économiques croissants associés à un capital humain plus
«performant».
Les enseignements de la sociologie corroborent, en partie, certains
arguments précédents.
Une protection sociale étendue permet une plus
grande intégration sociale et/ ou prévient les conflits sociaux.
Ensuite, les
systèmes de protection sociale européens ont pu freiner certains processus
d'exclusion sociale comme la société américaine en connaît.
Enfin, la protec
tion sociale a créé des emplois pour les classes moyennes salariées qui ont
bénéficié, par ailleurs, des avantages des systèmes de protection sociale.
C.
Il demeure plus difficile d'établir des relations claires entre les systèmes natio
naux de protection sociale et les rythmes de croissance des PDEM.
Le système bismarckien est souvent opposé au modèle beveridgien.
Le
' modèle assurantiel allemand semble plus adapté pour favoriser la croissance
économique.
Il avantage les classes moyennes, plus assurées et mieux averties,
qui ont été des agents économiques déterminants pendant la croissance des
«Trente Glorieuses».
Le système de solidarité anglais, tel qu'il a fonctionné
jusqu'à la fin des années soixante-dix, apparaîtrait plus intégrateur mais moins
mobilisateur pour la croissance.
Le ralentissement de la croissance et la crise de
, l'emploi ont amplifié les aspects solidaires.
Un modèle anglo-saxon émerge.
alors qui réserve aux plus déshérités une protection sociale minimum et qui
supprime, en particulier pour les classes moyennes, certains «acquis sociaux».
Le modèle français, hybride, dérive vers un modèle plus large de solidarité.
La
grande complexité de ce modèle tend à devenir un handicap pour sa gestion et
la source de coûts sociaux.
Le système de soins français, malgré des résultats
incontestables, n'apparaît pas comme le plus efficient.
Il est cependant difficile
de tirer de cette analyse comparative des conclusions claires sur la relation entre
la croissance économique et les types de systèmes de protection sociale.
'1
PARTIE II
La protection sociale, au sein des PDEM, traverse actuellement une crise grave
de financement (A), qui légitime un certain nombre de critiques portant sur les
conséquences négatives de la protection sociale sur la croissance (B), mais qui
ne remet pas en cause les principes mêmes de la protection sociale (C).
Il A.
Dans les PDEM, la protection sociale traverse actuellement une grave crise de
financement.
Il s'agit de cerner la crise de financement que traversent les systèmes de
protection sociale des PDEM depuis les années soixante-dix, car les limites de
!: ces systèmes sont avant tout financières.
Le chômage apparaît alors comme un
processus déterminant dans cette crise.
D'une part, le ralentissement de la
croissance économique et la hausse du chômage, comme le développement
des situations de précarité, entraînent un ralentissement de la croissance des
revenus d'activité.
D'autre part, les dépenses de protection sociales se sont
accrues.
De nouveaux «risques», notamment l'exclusion et la «nouvelle»
pauvreté, sont pris en charge collectivement.
La création du Revenu Minimum
d'insertion (RMI) en 1988, en France, s'inscrit dans cette perspective.
Les
déficits des finances publiques s'accroissent.
En France, le «trou» de la
Sécurité sociale devient une sorte de «trou noir» insensible aux quelque vingt
plans de redressement qui se sont succédé depuis le plan Durafour de 1976.
Il B.
Cette crise financière fait resurgir des critiques visant d'une manière générale
les politiques sociales des États.
Ces critiques émanent surtout d'économistes libéraux mais un certain
consensus s'impose pour étudier plus précisément l'effet de la protection
I'
sociale sur le coût du travail.
Les critiques libérales empruntent plusieurs
D'abord, la protection sociale peut fragiliser la société.
Elle aurait un
chemins.
1,
" effet anesthésiant: désincitation au travail, faiblesse de l'épargne, surconsommation médicale ...
Ensuite, mais dans le même ordre d'idée, la hausse des
I'
cotisations sociales constitue la principale composante de l'augmentation des
prélèvements obligatoires et celle des dépenses sociales un facteur important
de la croissance des déficits publics.
Le risque d'insolvabilité de l'État-provi
dence est dénoncé par des auteurs qui n'appartiennent pas exclusivement au
i:
courant libéral.
Enfin, les arguments théoriques avancés en faveur des
assurances sociales supposent un État-protecteur idéal; les pratiques histo
riques de l'État-protecteur révèlent des gaspillages, des coûts de gestion
importants, des rentes de positions pour certaines catégories sociales et une
certaine inefficacité à faire face....
»
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