Que pensez-vous de cette affirmation : « L'Europe sera monétaire ou ne sera pas»? INTRODUCTION Ill Accroche du sujet Au...
Extrait du document
«
Que pensez-vous de cette affirmation : « L'Europe sera monétaire
ou ne sera pas»?
INTRODUCTION
Ill Accroche du sujet
Au 1er juin 2002, les monnaies nationales des différents pays de l'Union
� européenne devraient être totalement remplacées par l'euro.
Depuis le traité
i de Rome en 1957, l'idée d'une Europe monétaire n'avait pas pu être concré
;i1 tisée, si ce n'est par des stratégies de réduction des fluctuations des taux de
1
changes entre les monnaies européennes, comme le Système Monétaire
1
Européen (SME) institué en 1979.
Pourtant, la prise de conscience que la
construction de l'Europe passe par la monnaie était forte parmi les élites qui
'i: ont participé à la construction européenne.
J.
Monnet écrivait dans ses
Mémoires, en reprenant une formule de J.
Rueff : «L'Europe sera monétaire ou
1 ne sera pas.
»
!i
il
Ill Définitions et problématique
ri
Cette citation renvoyait d'abord à un projet politique : la légitimité
politique
de l'Europe passe par la souveraineté monétaire.
Depuis la crise
;j
IJ
économique des années soixante-dix, l'unification monétaire européenne a
� aussi été pensée comme un moyen pour lutter contre le ralentissement de la
croissance économique et le chômage.
Le choix de l'Union Économique et
Monétaire (UEM), par le traité de Maastricht en 1992, correspond à une
stratégie volontariste qui demeure controversée.
□
Annonce du plan
L'UEM est une étape nécessaire dans le processus d'intégration écono
mique européenne (I).
Cependant, elle apparaît aussi comme un «pari» dont
les enjeux sont débattus (II).
PARTIE I
L'UEM est une étape décisive dans la construction européenne qui démarre au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale (A).
Les gains attendus de la
monnaie unique (B) peuvent permettre de faire face aux difficultés actuelles
des économies européennes (C).
Il A.
L'Europe monétaire s'inscrit dans le projet d'Europe politique, défendu par les
pères fondateurs.
Le projet d'Europe monétaire ne s'est pas réalisé de façon linéaire.
La
dynamique de l'union monétaire connaît un long sommeil jusqu'aux années
soixante-dix, ce qui s'explique, entre autres causes, par l'appartenance des
pays du Marché commun à un régime de changes fixes.
Pourtant, dès 1970, un
Comité Européen présidé par P.
Werner publie un plan ambitieux en trois
étapes qui doit aboutir à l'Union monétaire européenne.
L'instabilité
monétaire des années soixante-dix et l'échec du «Serpent» font vaciller
l'Europe.
Le Système Monétaire Européen (SME), décidé en 1978 et mis en
œuvre à compter du 1er janvier 1979, constitue un acte volontariste et une
expérience originale à l'échelle de l'histoire.
Le rapport de J.
Delors, en 1989, sur l'UEM, s'inscrit dans l'héritage de
l'Acte Unique Européen de février 1986 qui prévoie la libre circulation des
capitaux.
L'UEM, organisée par le traité de Maastricht de 1992, n'est pas
remise en cause par les crises monétaires de 1992-1993.
L'UEM ne s'impose
pas spontanément : elle est le résultat de choix volontaristes, de compromis et
de réponses aux modifications de la donne monétaire et financière mondiale,
en particulier aux situations d'instabilité générées par la façon dont les États
Unis ont exercé leurs fonction de leadership.
Elle prend sens par rapport à un
projet qui demeure, en dernière analyse, politique, même si l'UEM semble
portée par l'intégration commerciale européenne.
Il B.
L'intégration commerciale européenne devait, à terme, déboucher sur une
unification monétaire.
Les gains directs de l'UEM se situent d'abord au niveau microéconomique.
Ils concernent les frais de couverture et les coûts de transaction.
L'élimination
des coûts de transaction représente, selon une estimation de la Commission
européenne, 0,4 % par an du PIB communautaire.
Une réduction de l'incerti
tude globale permet une baisse des primes de risque incorporées dans la
rémunération des titres, donc une baisse des taux d'intérêt, et une augmenta
tion de l'investissement des entreprises.
C'est un point important, l'Europe
souffrant actuellement d'un déficit d'investissements, d'innovations et de
croissance.
Des gains indirects, provenant de l'accélération de l'intégration des
marchés, sont aussi attendus de l'UEM.
Les théories néoclassiques tradition
nelles de la croissance économique qui reposent sur l'hypothèse de rende
ments d'échelle constants et de concurrence parfaite ne permettent pas de
conclure aux bienfaits de l'intégration économique sur la croissance à long
terme.
Certaines études, notamment le rapport Cecchini (1985), en s'appuyant
sur les travaux de Helpman et Krugman, qui reposent sur l'hypothèse de
concurrence monopolistique et d'économies d'échelle, font néanmoins état de
gains d'efficience dus à l'achèvement du marché intérieur.
Chiffrer ces gains
se révèle une entreprise contestable.
Les différents rapports parus depuis le
milieu des années quatre-vingt ont eu tendance à les surestimer au regard des
résultats obtenus, au moins jusqu'à la fin des années quatre-vingt-dix.
Ill C.
La monnaie unique peut permettre de faire face aux difficultés actuelles des
pays européens.
L'économie mondiale ne ressemble cependant pas à celle qui est formalisée
dans les modèles théoriques.
Les économies nationales occupent des positions
différentes sur l'échiquier économique mondial.
Il est donc utile de tenir
compte des rapports de forces commerciaux, monétaires et financiers.
Une
Europe monétaire peut alors constituer un levier important pour négocier les
,,, conditions d'un nouveau SMI ou pour imposer des règles du jeu au SPI.
1
Par ailleurs, l'UEM peut permettre aux politiques économiques de
retrouver des marges de manœuvre pour combattre le chômage et pour
retrouver un sentier de croissance plus élevé.
Il est clair que la contrainte
extérieure sera moins forte - le taux d'ouverture de l'Euroland devient campai: rable à ceux des États-Unis et du Japon - et que l'UEM permettra d'éviter des
politiques économiques non coopératives entre les États membres de l'UEM,
notamment face à des «chocs» symétriques qui affecteront toutes les écono
mies.
Enfin, l'UEM peut aussi être le moyen de maintenir la spécificité du
«modèle social» européen, source de cohésion sociale, face à une concurrence
internationale qui tend à remettre en cause les «acquis sociaux» obtenus
pendant les «Trente Glorieuses».
PARTIE
II
L'UEM est pourtant critiquée tant pour les choix effectués depuis les années
soixante-dix (A), que pour les incertitudes qui subsistent (B), ce qui oblige à
clarifier les contraintes et les opportunités qu'elle entraîne (C).
Ill A.
La marche vers la monnaie unique a contraint les États européens à mener des
politiques de désinflation compétitive.
Le SME se voulait un système monétaire imposant des obligations
symétriques en termes de soutien des monnaies et de politiques d'ajustement.
La pratique a privilégié la monnaie la plus forte.
L'Allemagne a pu ainsi, plus
ou moins volontairement, imposer ses critères de gestion macroéconomique,
en particulier en matière de lutte contre l'inflation.
Le maintien de taux d'inté
rêts réels élevés, dans un contexte de libéralisation financière et de désinfla
tion,....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓