Quelles différences faites-vous entre un personnage de théâtre et un person­ nage de roman ? Il pourrait sembler gratuitement provocant...

« Quelles différences faites-vous entre un personnage de théâtre et un person­ nage de roman ? Il pourrait sembler gratuitement provocant d'affirmer: «Je n'en fais pas», tant il est vrai que tout les oppose (ou semble les opposer).

C'est pourtant à ce résultat, nuancé, qu'il faudrait essayer de parvenir. Comme tous les sujets sur le théâtre, celui-ci demande implicitement que l'on travaille sur le personnage et son incarnation par l'acteur, d'une part, et sur le TEXTE de théâtre ainsi que sur le texte romanesque. L'élément central de votre travail devra être, ce qui est évident, le personnage, ce qu'il représente, la façon dont il« fonctionne», les rapports inévitables qui s'établissent entre le spectateur/lecteur et lui, les problèmes de sa nature et, bien entendu, tout ce qui concerne la spécificité de ces deux arts (théâtre et roman), apparemment si incompatibles qu'on ne voit pas très bien comment on pourrait les rapprocher pour les opposer. Il est certain qu'il y aura ici un problème de plan: il va falloir proscrire un plan du type: 1.

personnage de théâtre ; 2.

personnage de roman. Il faudra poser une problématique. Pour vous permettre de vous repérer dans les différents aspects de ces person­ nages, nous proposerons néanmoins, en tant que base de recherche, un parallélisme qu'il faudra exploiter, mais aussi « transformer», afm de pros­ crire le catalogue non significatif. IDÉES A EXPLOITER POUR UNE INTRODUCTION Le théâtre et le roman sont non seulement des «genres» différents (ce sera à discuter) mais surtout des genres qui «se consomment» différemment: le premier, véritable cérémonial codifié, est par essence changeant, éphémère et insaisissable, procure plaisirs presque sensoriels et instruction ; qu'il dure une heure ou douze (Le Soulier de satin), qu'il impose 55 spectateurs ou 65000, qu'il soit« frontal » ou que le public l'entoure, il suppose obligatoirement des hommes et des femmes parlant et faisant semblant, devant d'autres hommes et femmes. Le roman, lui, se consomme dans l'intimité de la solitude; puisque mise en scène obligatoire il y a, elle ne peut qu'être intérieure et entièrement faite par le lecteur (souvenons-nous de Zazie se racontant La Belle au bois dormant en intercalant des gros plans d'acteurs célèbres). Au théâtre, le rythme est imposé, comme sont imposés les visages; dans le roman, tout n'est qu'en liberté, pour le lecteur. A un moment où le théâtre se tourne de plus en plus vers les textes romanes­ ques, non adaptés mais transposés à la scène, mêlant narration et dramatisa­ tion (voir le succès de Roman Polanski dans La Métamorphose, de Kafka; la création, la saison prochaine, de D'Artagnan, avec Christophe Malavoy, d'après Les Trois Mousquetaires, sans oublier Fracasse, Don Quichotte, Martin Eden de JackLondon); à un moment où le théâtre met sur la scène des textes de poésie comme ceux de Francis Ponge, quand on remarque que les dialogues •dramatiques•• de Robert Pinget, ou surtout ceux de Nathalie Sarraute, ressemblent à leurs dialogues romanesques et réciproquement, on peut se demander ce qui sépare le personnage de théâtre du personnage de roman et si, malgré des différences évidentes, il n'y aurait pas quelque chose qui les rapprocherait. Dans une première partie, on pourrait envisager de travailler sur ce qui frappe immédiatement : rien ne semble permettre des ressemblances quelconques, tant il est vrai que : 1.

d'aspect, 2.

de nature, 3.

de fonction, tout les sépare. Attention! Tout ce qui suit ne prétend qu'à vous donner un certain nombre de points -qu'il serait intéressant d'exploiter- et ne constitue en aucune façon un plan. THÉÂTRE Personoage • Ambigu • A facettes : est constru.it selon une succession de points de we contradic­ toires - le spectaieur se fera son idée- possibilités multiples d'« in­ terprétations • différentes :.où estla vérité de Tartuffe? Dans ce qu'il dit de lui (mais peut-on le croire?), dans ce que les autres disent de lui (mais ils sont peut-être de mauvaise foi); de toute façon le personnage nous échappera toujours, et il en est.... »