QUESTIONS DE COURS LES PASSIONS prétendre à d'autre rôle qu'à les servir et à leur obéir.» Aucun raisonnement, en effet,...

« QUESTIONS DE COURS LES PASSIONS prétendre à d'autre rôle qu'à les servir et à leur obéir.» Aucun raisonnement, en effet, ne saurait ni causer ni empêcher une voli­ tion ou une action : il ne peut que les diriger.

Une passion est une « existence primitive» et par conséquent ne peut être con­ tredite ou combattue par la vérité et la raison, « car la contra­ diction consiste dans le désaccord des idées, considérées comme des copies, avec les objets qu'elles représentent».

Le fait d'être en colère est un mode d'existence, un état, qui n'est ni vrai ni faux et ne peut être contredit par la raison.

Ce que celle-ci peut contredire, ce sont uniquement les jugements faux qui accom­ DES MALADIES DE L'ÂME pagnent mon état. une passion ne se fonde pas sur une fausse supposition et si elle ne choisit « ■ Les passions ont traditionnellement été rejetées comme des pasSi des moyens impropres à atteindre la fin, l'entendement ne peut ni la justl· affections plus ou moins étrangères au sujet, conçu avant tout fier ni la condamner.

Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruc­ comme esprit : elles seraient issues soit du corps, soit d'une par­ tion du monde entier à une égratignure de mon doigt.» (HUME, Traité de la tie inférieure de l'âme, liée au corps et périssable avec lui.

Ainsi nature humaine, �ubler, trad.

Leroy, Il, p.

526.) Platon estime-t-il que les passions proviennent de la partie bes­ tiale de l'âme, tandis que Descartes, refusant toute division de l'âme, �onne aux passions une origine purement physiologique. ■ De manière générale, donc, les passions sont tenues pour être, selon l'expression des stoïciens, des « maladies de l'âme». La passion enveloppe une idée de passivité du sujet qui, en s'y abandonnant, en la subissant, renoncerait à sa liberté en même temps qu'à l'usage de sa raison, se condamnant ainsi à une exis­ tence malheureuse.

C'est à une réflexion sur cette conception négative de la passion qu'invitent la plupart des sujets. LA RUINE DE LA LIBERTÉ Maladies de l'âme, les passions réduiraient aussi celle-ci en escla­ vage.

La passion, en effet, inverserait les rapports hiérarchi­ ques normaux : elle mettrait l'âme au service du corps, elle qui devrait lui commander; elle humilierait l'esprit.

Et cette humilia­ tion serait une collaboration, dans la mesure où l'âme pense et rationalise la passion, mais selon une logique aberrante, lui per­ mettant du même coup de s'implanter toujours plus profondé­ ment.

Ainsi en perdant l'usage correct de sa raison, l'esprit per­ drait-il sa liberté. L'émotion porte un préjudice momentané à la liberté et à la maîtrise de soi-même.

La passion en fait fi et trouve plaisir et satisfaction dans l'esclavage.

(KANT, Anthropologie, trad.

M.

FOUCAULT, Vrin, p.

120.) PASSION-RAISON:.... »