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RDA (1983-1984) L'année 1983 a été, en République démocratique allemande (RDA) celle de l'Église évangélique. Le cinq centième anniversaire de...

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« RDA (1983-1984) L'année 1983 a été, en République démocratique allemande (RDA) celle de l'Église évangélique.

Le cinq centième anniversaire de la naissance de Luther y a été célébré avec un éclat particulier, au point d'éclipser presque le centenaire de la mort de Marx.

Erich Honecker, dirigeant du Parti et de l'État est-allemand, a présidé en personne le comité Luther chargé de préparer les cérémonies.

Tout à leur souci de se ménager les bonnes grâces de l'Église protestante, dont l'influence croît à vue d'oeil dans la société est-allemande, les dirigeants du SED (Sozialistische Einheitspartei) se sont attachés à faire émerger l'image d'un Luther "réformateur de notre peuple", à démontrer que son héritage était parfaitement compatible avec les enseignements du "socialisme scientifique".

La télévision est-allemande a même consacré au père de la Réforme une série aussi longue que luxueuse où Luther était célébré comme "messager de la paix pour l'Allemagne". Cette "opération sourire" n'est évidemment ni fortuite ni gratuite.

Depuis 1981 s'est développé en RDA un mouvement pacifiste indépendant des structures de l'État, ferment de réflexions et d'une culture critique qui agite, notamment, des secteurs non négligeables de la jeunesse.

Confrontés à la militarisation croissante de la société est-allemande, ces jeunes, mais aussi ces femmes, ces artistes et intellectuels que hante la perspective d'une nucléarisation à outrance des deux Allemagne, se sont progressivement tournés vers les structures de base de l'Église évangélique, ses "communautés de jeunes", en particulier, qui leur offraient un cadre propice à l'éclosion de toutes sortes de réflexions sur les nouveaux dangers de guerre, les responsabilités historiques de l'Allemagne, les travers de leur société.

C'est là, pour l'essentiel, qu'ont mûri les innombrables initiatives pacifistes indépendantes qui ont marqué l'année 1983: manifestations et rassemblements silencieux, chaînes de la paix, ateliers et séminaires, messe-blues, méditations, pétitions, appels, confection de tracts, inscriptions sur les murs...

Et ceci non seulement à Berlin-Est, mais dans nombre de villes de province, Iéna, Dresde, Cottbus, Halle, Weimar notamment. Confrontées à ce mouvement pluraliste et multiple dans ses origines, ses références idéologiques, ses formes d'action, et davantage attirées par le cadre que constituent les structures de base de l'Église évangélique que par la religion en tant que telle, les autorités et la hiérarchie ecclésiastique ont réagi de façon différenciée.

Les premières par des mesures d'intimidation et une répression systématiques mais "mesurées", dans la mesure où leur préoccupation de ménager le mouvement pacifiste occidental, dans la phase précédent le déploiement des Pershing II en RFA, ne leur laissait pas les mains libres.

La seconde en "couvrant" le mouvement, pour autant qu'il ne prenait pas des initiatives constituant un défi ouvert à l'autorité de l'État.

La pompe qui a entouré les cérémonies de l'année Luther manifeste donc, de ce point de vue, et de manière symbolique, la volonté commune des deux parties en présence de réaffirmer, en dépit des tensions attisées par le développement de ce mouvement, la validité du "compromis historique" qui régit leurs relations..... »

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