RENOUVEAU Le printemps maladif a chassé tristement L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide, Et, dans mon· être à qui...
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RENOUVEAU
Le printemps maladif a chassé tristement
L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide,
Et, dans mon· être à qui le sang morne préside
L'impuissance s'étire en un long bâillement.
Des crépuscules blancs tiédissent sous mon crâne
Qu'un cercle de fer serre ainsi qu'un vieux tombeau
Et triste, j'erre après un rêve vague et beau,
Par les champs où la sève immense se pavane
Puis je tombe énervé de parfums d'arbres, las,
Et creusant de ma face une fosse à mon rêve,
Mordant la terre chaude où poussent les lilas,
J'attends, en m'abimant que mon ennui s'élève.:.
- Cependant I' Azur rit sur la haie et l'éveil
De tant d'oiseaux en fleur gazouillant au soleil.
Mallarmé.
Vous ferez de ce texte un commentaire composé, organisé de manière à
mettre en lumière les aspects auxquels vous avez été le plus sensible.
Vous
pourrez montrer, par exemple, comment s'établit un réseau de contrastes
et de correspondances entre la nature et le poète.
Corrigé
REMARQUE
II serait bon de se reporter au poème intitulé L 'Azur, du même auteur :
« De l'éternel azur la sereine ironie
Accable, belle indolemment comme les fleurs,
Le poète impuissant qui maudit son génie
A travers un désert stérile de Douleurs.»
PLAN DÉTAILLÉ
I.
La nature et le poète.
1.
Correspondances.
Dès l'abord, le printemps est personnifié, et l'adjectif qui le qualifie
(«maladif»), ainsi que l'adverbe «tristement» annoncent l'état du poète
lui-même («mon être à qui le sang morne préside»).
La tiédeur générale
envahit le poète, (v.
5), qui ne peut s'en défendre, mais regrette l'accord
avec l'hiver qui était le sien («L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver
lucide»).
La reprise du même terme («l'hiver») souligne son regret.
Le
qualificatif «lucide» renvoie surtout au poète.
Mallarmé aime l'hiver, tout
comme l'automne (cf.
le poème /'Azur), et l'on peut penser que dans les
premiers vers, le printemps est davantage en accord avec le poète que par la
suite, car il est encore proche de l'hiver.
2.
Contrastes.
Même si le poète ressent l'influence de la nature, il en est distinct : à par
tir du deuxième quatrain, elle semble d'ailleurs sans cesse le défier.
Ainsi il
est «triste» (v.
7; ce mot est mis en valeur en début de vers) au milieu
d'une nature éclatante («par les champs où la sève immense se pavane»).
Le choix des mots («immense, pavane») témoigne d'une amplification.
Au
vers 9, le contraste est important aussi entre les«parfums d'arbre>> et l'état
du poète: «je tombe énervé» (ce mot marquant un amollissement).
On
parle souvent de parfums amollissants, mais l'affaiblissement est tel
(«las») qu'il mène à une sorte de mort dans une nature en fleurs (v.
ll).
Le
dernier vers souligne à quel point le «renouveau» est en contraste avec
l'état du poète.
Il faut remarquer que, malgré les termes traditionnels qui la qualifient
(v.
14), la nature est inquiétante.
Certaines de ses bizarreries déroutent (v.
8
« la sève immense» : l'amplification entraîne une démesure presque anor
male; v.
5, «des crépuscules blancs>> ; v.
14, les «oiseaux en fleurs»).
Elles
s'ajoutent aux manifestations d'un bonheur provocant, pour mieux mar
quer l'écart existant entre la nature et le poète.
Il.
Le....
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