RFA 1981-1982 Le défi du pacifisme et du chômage A la fin de 1981, malgré son efficacité économique légendaire, l'Allemagne...
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RFA 1981-1982
Le défi du pacifisme et du chômage
A la fin de 1981, malgré son efficacité économique légendaire, l'Allemagne
fédérale a rejoint, avec deux millions de chômeurs, le niveau de sous-emploi des
autres pays occidentaux frappés par la crise mondiale.
Un chômage d'une telle
ampleur, sans précédent depuis 1955, évoque les ombres de la crise de 1929 et de
l'avènement du régime national-socialiste qu'elle avait favorisé.
Les performances de l'économie allemande en 1981 n'ont cependant pas toutes été
si négatives.
La balance commerciale a ainsi enregistré un excédent de 28
milliards de marks (trois fois plus qu'en 1980).
Cette amélioration s'explique
par une diminution des prix des matières premières importées, mais aussi par un
ralentissement de la croissance des salaires, qui a permis une forte hausse des
exportations.
Mais cette expansion n'a pas suffi à compenser la baisse de la
demande intérieure, d'où une chute de 0,3% du PNB.
D'où également l'augmentation
de 50% du nombre de chômeurs, qui représentaient, en janvier 1982, 8,2% de la
population active.
Pour stimuler l'emploi, un timide plan de relance de l'investissement a été
adopté.
Par ailleurs, les syndicats semblent prêts à accepter une légère
diminution du salaire réel afin de contribuer à la lutte contre le chômage.
Le
gouvernement a cependant refusé des dépenses plus importantes, qu'il aurait
fallu financer par une augmentation du déficit budgétaire.
La croissance en 1982
ne devrait donc pas dépasser 1%, taux sans doute insuffisant pour contenir
l'augmentation vertigineuse du chômage.
Mais cela n'a toutefois pas été l'événement le plus marquant de l'année 1981.
Celle-ci a vu naître en effet un "mouvement pour la paix", accueilli avec
inquiétude par les gouvernements occidentaux.
S'opposant au déploiement de nouveaux missiles atomiques de moyenne portée en
Europe et notamment en RFA, le mouvement n'a cessé de prendre de l'ampleur au
cours de l'année.
Ce nouveau "pacifisme" regroupe un large éventail de sensibilités politiques.
Parmi les quelques 800 organisations nationales, régionales et locales qui
composent le mouvement, on trouve non seulement l'extrême gauche convertie à des
formes de vie "alternatives", le petit parti communiste "orthodoxe", les
écologistes constitués en parti politique depuis 1979, mais aussi l'Église
protestante, les groupements progressistes de l'Église catholique, une myriade
d'initiatives de citoyens qui luttent depuis des années pour la protection de
l'environnement et les organisations de jeunesse des partis de gauche et des
syndicats.
Une discipline universitaire créée au début des années 1970, la
Friedensforschung (recherche pour la paix), fournit les théoriciens d'un
mouvement qui conteste l'inéluctabilité de la course aux armements prônée par
les experts militaires.
En octobre 1981, ce pacifisme militant avait créé la surprise en rassemblant à
Bonn 300 000 personnes environ venues manifester leur volonté de paix.
Radical
et moraliste dans ses positions, le mouvement impressionne par la jeunesse de
ses membres.
Avec plus de trente ans de retard, les jeunes héritiers d'une
histoire lourde de responsabilités semblent vouloir en tirer les leçons qui
s'imposent à l'ère atomique.
Leurs objectifs: rompre avec la logique des blocs
et celle, toujours plus onéreuse, de la course aux armements.
Bien que minoritaire en RFA, ce mouvement auquel participent activement dix pour
cent environ de la population traduit des aspirations et une peur plus largement
partagées.
La précision de tir des nouveaux missiles atomiques a suscité la
crainte de voir ceux-ci employés dans une guerre nucléaire limitée à l'Europe.
Les déclarations d'intention de la nouvelle administration Reagan n'ont pas été
de nature à calmer les esprits à ce sujet.
Dans l'hypothèse d'une telle guerre,
les Allemands se font peu d'illusions.
Habitants d'un pays frontière entre les
deux blocs, ils sont placés aux premières loges avec peu de chances de survie.
D'où un mouvement croissant de contestation pacifiste qui traverse également les
partis de la coalition SPD-FDP au pouvoir à Bonn.
La crise du SPD
Après douze années de gouvernement commun, confrontée à l'aggravation de la
crise économique, cette coalition est menacée d'éclatement depuis l'automne
1981.
Son crédit auprès des électeurs n'a cessé de s'effriter.
En témoignant les
élections régionales en Basse-Saxe de mars 1982: l'opposition
chrétienne-démocrate y a obtenu la majorité absolue (50,7%) ; avec 36,5% des
voix, le SPD (parti social-démocrate) a perdu presque 6 points par rapport à
1978, et le FDP (parti libéral), avec 5,9% des voix, s'est vu devancé par une
liste écologique (6,5%).
Ainsi se dessine une tendance qui pourrait devenir
déterminante pour la gauche dans les années à venir, à savoir l'affirmation des
écologistes comme quatrième force de l'échiquier politique.
La coalition sociale-libérale tiendra-t-elle jusqu'aux élections législatives de
1984? Début 1982, cette question suscitait des prévisions optimistes du côté de
l'opposition, qui se préparait à reprendre les rênes du pouvoir avant cette
échéance.
Si l'accord subsistait entre les deux partenaires gouvernementaux en
ce qui concerne la politique extérieure - et notamment la fidélité à l'Alliance
atlantique et la poursuite simultanée des efforts de détente avec les pays de
l'Est, considérés comme vitaux pour une amélioration des relations entre les
deux Allemagnes -, il n'en était pas de même pour la politique économique à
mettre en œuvre face à la crise et au chômage.
Pour le parti libéral, le volume déjà atteint de la dette publique (269
milliards de DM au....
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