RFA 1987-1988 La coalition écartelée La République fédérale d'Allemagne (RFA) devient de plus en plus difficile à gouverner. Certes, cela...
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RFA 1987-1988
La coalition écartelée
La République fédérale d'Allemagne (RFA) devient de plus en plus difficile à
gouverner.
Certes, cela est vrai, peu ou prou, de toutes les démocraties
occidentales, en raison de l'internationalisation des flux économiques que les
gouvernements maîtrisent avec peine et de l'influence croissante exercée par les
opinions publiques sur les centres de décision.
Modèle de stabilité naguère
envié, la RFA s'affaiblit alors que les acteurs sociaux limitent la marge de
manoeuvre fédérale (poids accru des Länder, émiettement des partis, recours des
citoyens au Tribunal constitutionnel de Karlsruhe...).
Cette atomisation
structurelle, la coalition gouvernementale ne peut la freiner, écartelée qu'elle
est entre ses trois composantes alliées, parfois ennemies (libéraux - FDP - et
démocrates-chrétiens - CDU/CSU), dirigée par un chancelier, habile manoeuvrier
plus que stratège politique, et dont les forces s'épuisent à rassembler les
courants partisans.
Reconduit en janvier 1987, le gouvernement ne semble
paradoxalement guère en mesure de récolter les fruits amers de ses succès, qu'il
s'agisse de politique économique ou de politique étrangère.
Les fruits amers du succès
En 1987, comme les années précédentes, l'économie ouest-allemande a triomphé sur
deux fronts, celui des exportations, enregistrant un excédent commercial
d'environ 120 milliards de marks (400 milliards de FF), et celui des prix, avec
un taux d'inflation quasi nul (1% en 1987 et, selon les prévisions, 1,5% en
1988).
En dépit de la baisse du dollar vis-à-vis du mark, l'industrie
ouest-allemande est restée compétitive.
Les mêmes succès renvoyant aux mêmes
faiblesses, excédent commercial et stabilité des prix n'ont pu masquer une
croissance anémique (1,7% en 1987, de 1 à 1,4% en 1988), l'augmentation du
chômage (9,2% de la population active), le déficit des finances publiques (54
milliards de marks en 1987 et, selon les estimations, 66 milliards en 1988), et
peut-être aussi un tassement des investissements dans une conjoncture morose.
Pour répondre aux pressions extérieures, des États-Unis notamment, et
intérieures, des milieux d'affaires et des syndicats, le gouvernement proposa
une double série de mesures: d'une part une relance annoncée en décembre 1987,
d'autre part une réforme fiscale, fer de lance de la nouvelle législature.
La
première, que syndicats et patronat jugeaient trop timide, consistait en prêts
bonifiés accordés aux collectivités locales ainsi qu'aux petites et moyennes
entreprises.
La seconde, adoptée le 22 mars 1988 par le cabinet avant d'être
présentée au Parlement, visait à réduire progressivement les impôts jusqu'en
1990, phase finale d'application, tout en allégeant les subventions et en
établissant une retenue de 10% à la source sur les revenus de l'épargne et les
dividendes.
La coalition gouvernementale n'a pas su cependant s'attaquer aux problèmes de
fond, démanteler les subventions accordées à l'agriculture ou aux industries
anciennes ou déréglementer l'économie.
Certes, l'État a vendu la part qu'il
détenait du capital de Volkswagen (16%), à perte toutefois puisque les actions
de cette entreprise ont souffert d'un scandale financier.
D'autres tentatives
timides, celle de casser les horaires d'ouverture des magasins, par exemple,
n'ont pu aboutir.
La société est en effet rigide, le corporatisme enraciné, et
la coalition gouvernementale n'ose s'aliéner son électorat.
Oskar Lafontaine,
vice-président du Parti social-démocrate (SPD) n'a pourtant pas craint de
critiquer les accords conclus en janvier 1988 dans la métallurgie, et deux mois
plus tard dans la fonction publique, qui prévoyaient la réduction progressive du
temps de travail (de 38 à 36 heures et demie dans le premier cas, de 40 à 38
heures et demie dans le second) sans diminution de salaire.
Ce faisant,
Lafontaine se présentait, au grand dam des syndicats, comme le "meilleur
économiste", peaufinant son image politique.
Même si aux élections du Bade-Würtemberg, en mars 1988, la majorité
chrétienne-démocrate, conduite par Lothar Spaeth, s'est vue confirmée par un
électorat satisfait de la prospérité économique régionale, la CDU n'en a pas
moins perdu des voix à Brême et au Schleswig-Holstein, le 13 septembre 1987.
L'"affaire Barschel", du nom du jeune ministre-président du Schleswig-Holstein
qui, on l'apprendra après sa mort dramatique, n'avait reculé devant aucun moyen
pour diffamer son adversaire social-démocrate, Björn Engholm, jetait le
discrédit sur son entourage politique et permit la victoire du SPD aux nouvelles
élections régionales de mai 1988, celles de septembre 1987 ayant été en quelque
sorte oblitérées.
Alors que les scandales ont terni l'éclat du pouvoir (l'affaire Flick, du nom du
groupe Flick qui avait donné des pots-de-vin aux partis politiques trouva sa
conclusion en 1987 avec la condamnation à de lourdes amendes de deux anciens
ministres de l'Économie), alors que le poids des Länder a affaibli, par leur
succès ou par leur déchirement, le système nerveux central, les citoyens, comme
par le passé, ont enrayé pour leur part la machine administrative.
Le
recensement de la population allemande, à deux reprises ajourné, en 1981 et en
1983, a certes pu se dérouler en mai 1987, non sans boycottages et sans
affrontements parfois violents entre opposants et forces de l'ordre.
La mort, le
2 novembre 1987, de deux policiers tués lors d'une manifestation
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