RFA 1988-1989 Les revers du chancelier Kohl Au début de l'année 1988, le chancelier fédéral Helmut Kohl semblait "indéboulonnable" et...
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RFA 1988-1989
Les revers du chancelier Kohl
Au début de l'année 1988, le chancelier fédéral Helmut Kohl semblait
"indéboulonnable" et la coalition entre les démocrates chrétiens (CDU/CSU) et
les libéraux (FDP) au pouvoir à Bonn ne se sentait nullement menacée.
Or la fin
de l'année 1988 et le début de l'année 1989 ont été marqués par une succession
de crises et de tensions qui ont déstabilisé le gouvernement allemand.
Trois grandes tendances se sont affirmées en 1988-1989: le recul des démocrates
chrétiens dans presque toutes les élections régionales ou municipales de même
qu'aux élections européennes ; la percée d'un nouveau parti d'extrême droite qui
s'appelle "les Républicains" et qui a su tirer profit d'une certaine xénophobie
alimentée par l'afflux de "rapatriés" allemands des pays de l'Est ; enfin la
multiplication de points de friction entre la République fédérale d'Allemagne et
sa grande puissance protectrice, les États-Unis.
Le 8 mai 1988, la CDU a subi un cuisant échec électoral dans le Land du
Schleswig-Holstein, tout au nord de la RFA, où les sociaux-démocrates (SPD) ont
obtenu d'emblée la majorité absolue avec 54,8% des voix ; la CDU a reculé de
42,6% à 33,3% et a ainsi perdu la maîtrise d'un Land qu'elle détenait depuis les
années cinquante.
Cette désaffection envers les démocrates chrétiens a été la
conséquence tardive de "l'affaire Barschel", sorte de Watergate allemand qui
avait conduit au suicide du ministre-président du Schleswig-Holstein, Uwe
Barschel.
Plus grave encore a été le revers subi par la CDU à Berlin lors des élections du
29 janvier 1989.
Tandis que les démocrates chrétiens reculaient de 46,4% à
37,8%, les sociaux-démocrates progressaient de 32,4% à 37,3%, passaient un
accord avec les écologistes (Alternative Liste, 11,8%) et renversaient le
bourgmestre-régnant Eberhard Diepgen, l'une des figures de la génération
montante au sein de la CDU.
Mais l'événement majeur - et la cause principale de
la débâcle des conservateurs - a été l'apparition des Républicains qui se sont
adjugé, du premier coup, 7,5% des voix.
L'essor de l'extrême droite
L'essor de l'extrême droite a pris par surprise l'ensemble des observateurs qui
pourtant, tout au long de l'année 1988, avaient pu noter certains signes
avant-coureurs.
Aux élections au Parlement du Land de Bade-Wurtemberg, le 20
mars 1988, la CDU avait maintenu de justesse sa majorité absolue et l'ensemble
des partis et groupuscules d'extrême droite avait obtenu 3,1%.
A partir de là, le débat sur la Ausländerpolitik (la politique envers les
étrangers et les travailleurs immigrés) a pris une nouvelle tournure.
L'aile la
plus conservatrice de la CDU a été tentée de battre les Républicains sur leur
propre terrain et de "récupérer" leur vocabulaire xénophobe.
Mais cela a valu au
grand parti populaire qu'est la CDU plus de pertes d'électeurs centristes que de
gains d'électeurs d'extrême droite.
Le succès des Républicains tient à quatre raisons:
- Tout d'abord, la crise du logement et la persistance du chômage qui, malgré
les succès de l'économie allemande et ses triomphes à l'exportation, fluctue
autour de la barre des deux millions de sans-emploi.
- Autre facteur, l'arrivée massive de "rapatriés" de souche allemande (les
Aussiedler) en provenance des pays de l'Est, et principalement de la Pologne.
Les milieux populaires et la petite bourgeoisie ont parfois fait preuve d'une
certaine hostilité envers ces nouveaux compatriotes, (202 673 en 1988) qui
souvent parlent mal l'allemand et obtiennent à leur arrivée en RFA des
prestations sociales très généreuses.
La RFA, qui réclamait jadis de ses voisins
d'Europe de l'Est une politique d'émigration plus libérale, subit désormais le
contre-coup de l'ouverture pratiquée par une Pologne à bout de forces et par
l'URSS de Gorbatchev.
- La mort subite de Franz-Josef Strauss, ministre-président de Bavière, le 3
octobre 1988, n'a pas été non plus sans conséquences.
Le "taureau bavarois"
exerçait un certain charisme sur l'extrême droite et parvenait, à force d'appels
du pied et de coups de gueule, à en intégrer une partie au sein de la droite
traditionnelle et démocratique.
Strauss disparu, le leader des Républicains,
Franz Schönhuber, ancien journaliste et virtuose des médias, a su occuper le
terrain.
- Enfin, l'éloignement de la période qui a vu la destruction du Troisième Reich
et la défaite du nazisme.
Les temps sont en effet révolus où la jeune démocratie
allemande s'indignait de la moindre manifestation de xénophobie qui rappelait de
mauvais souvenirs et reléguait ses auteurs à la marginalité.
Une partie de
l'opinion publique s'estime désormais en droit de faire preuve d'un peu plus de
désinvolture par rapport au passé.
L'affaire Jenninger
Désinvolture, tel est bien le mot clef du discours tenu le 10 novembre 1988 par
Philipp Jenninger, le président du Bundestag (Parlement) allemand en
commémoration de la "nuit de cristal", le grand pogrom organisé par les nazis en
1938.
Selon sa propre expression, l'orateur, contraint....
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