RFA 1989-1990 Vers une grande Allemagne En 1989, l'Histoire a rattrapé à grands pas la République fédérale d'Allemagne. Début janvier,...
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RFA 1989-1990
Vers une grande Allemagne
En 1989, l'Histoire a rattrapé à grands pas la République fédérale d'Allemagne.
Début janvier, l'éditorialiste du New York Times, William Safire, avec son
article "Auschwitz in the sand" ("Auschwitz dans les sables"), attirait tous les
regards vers la bourgade libyenne de Rabta où une entreprise chimique de RFA
participait très activement au développement d'armes chimiques.
La grande nation
exportatrice était-elle devenue si gourmande qu'elle ne respectait plus la
morale qu'elle-même s'était imposée au lendemain de la dernière guerre?
Un autre retour soudain de l'Histoire est arrivé avec les célébrations du 40e
anniversaire de l'existence de la RFA.
Pour une fois, gauche et droite,
intellectuels et politiques étaient d'accord: le provisoire de l'année 1949
avait gagné en 1989 le profil du durable.
Le chancelier chrétien-démocrate,
Helmut Kohl, oeuvrait même en faveur du premier musée de l'histoire de la RFA.
A
quelques semaines près, ces célébrations coïncidaient avec les commémorations du
déclenchement de la Seconde Guerre mondiale par le IIIe Reich, considéré comme
la raison profonde de la division de l'Allemagne.
Ironie de l'actualité, ces
deux commémorations ne précédaient que de peu la révolution qui, en RDA, devait
marquer le début de la fin de cette division en deux États.
Peu de gens avaient prévu l'ampleur de ces bouleversements.
Quand, début janvier
1989, une vingtaine de citoyens est-allemands avaient investi les bureaux de la
représentation officielle de la RFA à Berlin-Est, les observateurs ne se
doutaient guère qu'ils anticipaient une lame de fond.
Leur attention restait
encore fixée sur les mesures de détente et la "normalisation" entre les deux
Allemagnes qui, à travers un rapprochement général entre Est et Ouest,
affirmaient leurs autonomies respectives.
Une "normalisation" rythmée à la fois
par l'espoir - Erich Honecker, le chef de l'État est-allemand promettait en
janvier au ministre-président suédois Ingvar Carlsson un désarmement unilatéral
- et par le retour du pire des cauchemars de la guerre froide quand, début
février, les gardes-frontière est-allemands abattaient un jeune au Mur de
Berlin, lors d'une tentative d'évasion (un événement semblable eut lieu en
mars).
La politique de détente vis-à-vis du régime réformateur de Mikhaïl Gorbatchev
était alors dominée par le débat entre alliés de l'OTAN (Organisation du traité
de l'Atlantique nord) concernant la modernisation des missiles nucléaires à
courte portée (SNF).
Le gouvernement Kohl refusait leur installation prévue et
provoquait une querelle entre Allemands et Anglo-Saxons.
Cette fois, à l'inverse
du débat sur les missiles nucléaires intermédiaires Pershing-2 en 1982-1983,
l'opinion publique était en harmonie avec l'attitude de H.
Kohl.
Déjà imprégnés
de fortes sympathies pour le leader soviétique, lors de sa visite en juin, les
Allemands réservaient un accueil triomphal à M.
Gorbatchev, qui contrastait avec
les sentiments plus réservés avec lesquels ils avaient reçu un mois plus tôt, en
plein débat sur les missiles Lance, le président George Bush.
Revers électoraux pour Helmut Kohl
Même si le chancelier se trouvait cette fois en plein accord avec l'opinion, sa
politique ne fut guère couronnée de succès électoral en 1989 et en 1990.
Son
parti, le CDU (Union démocrate-chrétienne), est allé de défaite en défaite dans
tous les scrutins généraux et municipaux.
Fin janvier 1989, les
sociaux-démocrates du SPD remportaient les élections à Berlin.
Le nouveau
bourgmestre-gouvernant, Walter Momper, formait en mars une coalition
rouge-verte, huit des treize postes clefs étant occupés par des femmes.
Aux
élections municipales en Hesse, le CDU perdait en moyenne 7%.
Cette baisse ne
fut pas stoppée par le remaniement ministériel qui, à la mi-avril, fit de Theo
Waigel, chef de la CSU (Union social-chrétienne) bavaroise et successeur de
Franz Josef Strass, le nouveau ministre des Finances.
Les élections européennes préparaient à H.
Kohl et à la majorité des Allemands
une mauvaise surprise.
L'extrême droite des Republikaner de l'ancien Waffen-SS
Schönhuber devait dépasser le score de 7%.
Pour tenter de regagner les voix des
électeurs perdues au profit de ce nouveau parti, H.
Kohl allait sacrifier peu
après son compagnon de route de longue date, et secrétaire très contesté du
parti, Heiner Geissler.
Néanmoins la CDU continua à faire pâle figure, même dans
son fief du Bade-Wurtemberg.
En mars 1990, le parti dut s'incliner dans la Sarre
devant le social-démocrate Oskar Lafontaine, le challenger charismatique du
chancelier pour les élections au Bundestag prévues fin 1990 et qui, en mai 1990,
fut grièvement blessé dans un attentat perpétré par une déséquilibrée.
La seule
consolation des amis de H.
Kohl vint de la réélection triomphale du président
fédéral Richard von Weizsäcker, reconduit dans ses fonctions le 23 mai avec
86,2% des voix des grands électeurs.
L'exode, avant la chute du Mur
Mais, dans la seconde moitié de 1989, une nouvelle hiérarchie s'établit dans
l'actualité politique, qui fit passer au
deuxième rang l'abandon du projet d'usine de retraitement nucléaire de
Wackersdorf - objet d'une âpre bataille entre écologistes et industriels du
nucléaire au cours des années précédentes - et même l'attentat meurtrier commis
le 11 décembre contre Alfred Herrhausen, "numéro un" de la Deutsche Bank.
Désormais, tout le monde allait vivre sous le choc d'ondes venant de la RDA.
Déjà en 1988 on avait enregistré à Bonn environ 19 000 Übersiedler, transfuges
légaux de la RDA, qui venaient s'ajouter aux 78 000 Aussiedler, rapatriés des
pays de l'Est.
A partir de juillet 1989, une trentaine de personnes occupèrent
l'ambassade de la RFA à Budapest, laquelle sera fermée le mois suivant.
Pendant
leurs vacances en Hongrie, 660 citoyens est-allemands profitèrent d'une
manifestation à la frontière austro-hongroise pour prendre la fuite.
Environ 4
000 personnes gagnèrent l'Autriche pendant l'été.
C'est le début d'un véritable....
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