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Ronsard a écrit en 1550 que « la mort guide nos pas » (odes II, 12). Pensez-vous que les poètes...

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« Ronsard a écrit en 1550 que « la mort guide nos pas » (odes II, 12). Pensez-vous que les poètes doivent en faire un sujet essentiel de leurs textes ? Analyse du sujet et problématisation : Ronsard écrit que « la mort guide nos pas » dans une ode de 1550 proposant une réflexion sur la brièveté de la vie et plus particulièrement de la jeunesse. Par cette expression on peut entendre que la mort est conçue comme la finalité, comme le but ultime de toute vie.

Cette expression peut-être vécue comme angoissante si l’on considère que l’ombre de la mort plane sans cesse au dessus de nos vies et peut nous emporter à tout instant.

Mais elle peut être considérée comme apaisante, présentant la mort comme un « guide » qui peut nous enjoindre à profiter à chaque instant de cette vie si brève et qui peut aussi favoriser une réflexion sur l’après-vie. La mort comme finalité, comme menace, comme « guide » est envisagée ici en tant que thématique essentielle de la poésie. Problématique : La poésie est-elle nécessairement une évocation tragique et morbide ? I) La poésie, c’est avant tout la vie 1) Exaltation des sentiments, de la vie affective La poésie est souvent considérée en premier lieu comme l’expression par le poète de sentiments personnels.

Le poète, à travers son poème, présente un tableau de sa vie affective, tableau qu’il cherche à partager avec ses lecteurs, puisqu’il évoque souvent des sentiments universellement ressentis comme l’amour, l’amitié, le désir.

La poésie est aussi le lieu de l’évocation de moments clés de la vie du poète et de tout un chacun telle la rencontre, motif poétique récurrent. Ex : · La poésie d’élégant badinage de Clément Marot dans L’adolescence clémentine · Le poème « A une passante » de Baudelaire évoquant le thème de la rencontre amoureuse. · La préface des Contemplations de Victor Hugo et la fameuse phrase montrant l’ambition universelle de la poésie dans sa peinture de la vie affective : « Quand je parle de moi, je vous parle de vous ». 2) La fonction didactique et morale de la poésie La poésie peut jouer un rôle didactique et donc avoir un impact concret sur la façon dont les hommes conduisent leur vie.

Le poète peut prendre la figure d’un maître à penser ou d’un directeur de conscience, donnant des leçons de morale à ses lecteurs.

C’est le cas de La Fontaine utilisant la forme poétique dans ses Fables dans lesquelles le registre didactique est omniprésent.

La poésie ultra-contemporaine tend à retrouver cette fonction didactique : elle ne veut plus se faire donneuse de leçon et ne comporte aucune ambition morale, cependant elle vise à délivrer un enseignement au lecteur.

Cette nouvelle poésie incarnée par des poètes tels que Christophe Hanna ou Franck Leibovici s’appuie sur la forme du « document poétique » et œuvre à un retraitement de l’information pour proposer au lecteur une autre compréhension du monde qui l’entoure et des informations divulguées par les médias.

La finalité n’est plus morale, mais la fonction de la poésie est cependant didactique et ancrée dans la vie. 3) La poésie engagée : une poésie ancrée dans la vie La poésie dite « engagée » témoigne de l’ancrage véritable de la poésie dans la vie ; la poésie n’est pas guidée par la mort, ne doit pas traiter seulement des morts mais doit s’occuper avant tout des vivants et s’impliquer dans les débats socio-politiques.

Le poète met son art au service d'idées sur lesquelles il cherche à éclairer l'opinion (cf. figure hugolienne du poète prophète ayant pour fonction d’éclairer les âmes égarées). Plus qu’une dénonciation, la poésie, dans sa forme la plus engagée peut devenir un véritable appel à la lutte.

Elle peut avoir une vocation de rassemblement autour d’un combat commun.

Elle se présente donc comme une véritable arme. Ex : · Les Châtiments de Victor Hugo, recueil de poèmes satirique témoignant de l’engagement politique de l’auteur ( critique de Napoléon III).

On peut étudier ici la composition très significative du recueil en 7 livres ( les six premiers portant pour titres ironiques les principales déclarations et fiertés du régime impérial et le septième opérant à un renversement et témoignant d’une victoire du poète sur Napoléon, par la magie du Verbe) · Aubigné qui défend les protestants pendant les guerres de religion dans Les Tragiques · La poésie de la Résistance, représentée par des poètes tels qu’Aragon, René Char, Paul Eluard. TRANSITION : possibilité de citer Paul Eluardà « la poésie est dans la vie » mais cette vie n’est pas toujours belle et souvent présentée sous le signe de la déchéance : « la poésie s’accommode […] des chevelures décoiffées, des mains rugueuses, des victimes puantes, des héros misérables […], de toutes sortes de chiens, des balais, des fleurs dans l’herbe, des fleurs sur les tombes.

» II) Cette vie est souvent présentée dans sa brièveté tragique 1) Evocation de sentiments douloureux voire tragiques La poésie est le lieu par excellence de l’épanchement lyrique et donc de l’évocation de sentiments douloureux voire tragiques.

Le poète se présente souvent comme un être maudit et torturé, voué à la solitude, à l’échec et à l’ennui.

La poésie présente donc la vie souvent dans ce qu’elle a de plus difficile, transmettant certes toujours des sentiments universels mais douloureux. Ex : · Baudelaire dans les Fleurs du Mal évoque cet ennui qui ronge le poète avec tous les poèmes traitant du spleen, Spleen, LXXVI, p.125, Harmonie du soir, p.127, ou encore Recueillement, p.

130 qui s'ouvre sur ce vers sublime : « Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille.

» · Hugo traite de ses souffrances intimes et des blessures affectives que la vie lui a infligées dans certains de ces poèmes ; cf.

« Demain dès l’aube » où il traite de la perte douloureuse de sa fille Léopoldine 2) La vie comme déchéance Si la poésie évoque la vie, elle la présente souvent comme une déchéance inéluctable.

La vie est donc présentée dans son rapport à la mort, en tant que chemin vers la mort.

Le poète peut donc évoquer la vie dans ce qu’elle a de plus laid et de plus immonde, rappelant ainsi sa finalité ultime : la mort.

La représentation poétique de.... »

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