Royaume-Uni (1981-1982): Le déclin La vie politique en Grande-Bretagne a été dominée en 1981 par la gravité de la récession...
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Royaume-Uni (1981-1982):
Le déclin
La vie politique en Grande-Bretagne a été dominée en 1981 par la gravité de la
récession et, dans une moindre mesure, par le danger de guerre.
Même si les
causes profondes de la stagnation industrielle et du chômage croissant sont à
rechercher dans la faible productivité du capital industriel britannique face à
la concurrence internationale, la gravité de la crise économique incombe plus
directement au gouvernement conservateur au pouvoir depuis mai 1979, dont la
politique d'inspiration "monétariste" a provoqué la chute de la production
industrielle à son niveau le plus bas des quinze dernières années, et la mise au
chômage de 3 à 4 millions de personnes (12% des effectifs industriels).
Il n'est donc pas surprenant que l'opposition à cette politique se soit
manifestée même au sein du parti conservateur.
La rébellion de ceux qu'on a
appelés les "wets" (les rabat-joie) a toutefois été contenue efficacement par
Margaret Thatcher, qui a éliminé de son cabinet les chefs de file du mouvement
de critique et a remplacé James Prior au poste de secrétaire d'État à l'Emploi
par Norman Tebbit, partisan d'une ligne plus dure.
L'opposition interne,
renforcée par la perte de popularité du parti sur le terrain électoral et par la
persistance de la récession, a contraint le Premier ministre à proposer en mars
1982 un budget très en deçà des principes ultra-libéraux qu'elle revendique.
Mais elle n'a pas empêché le gouvernement de préparer de nouvelles lois
antisyndicales limitant le droit de grève...
Les problèmes internes du parti conservateur ont cependant été relativement
occultés par les querelles internes de l'opposition travailliste.
La pression de
l'aile gauche du Labour s'est rapidement accentuée après la défaite électorale
de 1979 ; on l'a vu lorsque le Congrès du parti et le comité exécutif national
ont adopté un programme de gouvernement assez radical, fondé sur une "stratégie
économique alternative" qui impliquerait notamment l'extension des
nationalisations, la planification industrielle d'État, le contrôle des
importations, le retrait de la CEE et la redistribution du pouvoir et des
richesses arrachées au capital.
L'aile gauche a aussi fait campagne pour obtenir
une modification de la charte du parti qui rendrait impossible tout reniement de
ces engagements de la part du prochain gouvernement travailliste.
Ils ont réussi
à faire admettre le principe de la "resélection", obligeant les députés à se
représenter devant leurs instances de base à chaque nouvelle élection, et ils
ont mis fin au monopole du groupe parlementaire sur le choix du chef du parti.
En dépit de l'opposition de la majorité des députés travaillistes, le principe
de la "resélection" a été confirmé par le Congrès de 1980, et l'élection du chef
du parti a été confiée à un collège électoral réunissant députés, syndicalistes
et sections de base, mis en place lors d'un Congrès spécial en janvier 1981.
L'aile gauche a continué à marquer des points la même année à l'occasion de la
campagne de Tony Benn contre Denis Healey pour le poste de vice-secrétaire
général du parti, perdue de peu par Benn.
Malgré le succès personnel
considérable que cette campagne a valu à ce dernier, celle-ci a divisé la gauche
et affaibli le parti électoralement, amenant Michael Foot, le chef du Labour, a
s'affronter ouvertement avec Benn et à encourager son aile droite à se lancer
avec succès à la reconquête du comité exécutif national et à réclamer
l'expulsion des socialistes révolutionnaires des instances de base.
Mais ces dissensions n'ont pas seulement affaibli la crédibilité du parti comme
alternative de pouvoir.
Elles ont aussi encouragé quatre parlementaires en vue
du Labour, Roy Jenkins, Shirley Williams, Bill Rodgers et David Owen, à créer un
nouveau parti politique, le Social Democratic Party, en mars 1981.
Celui-ci a
connu dans sa première année une croissance spectaculaire, attirant 25 autres
députés travaillistes et un conservateur, recrutant 78 000 membres et tenant une
série de conférences nationales sur sa politique et sa constitution.
Cette
nouvelle force politique a conclu une alliance électorale avec les libéraux en
juin 1981, par laquelle les deux partis entendaient une fois pour toutes "briser
le moule" de la politique britannique en introduisant, dès qu'ils en auront le
pouvoir, la représentation proportionnelle.
La nouvelle alliance a eu quelques
difficultés à mettre au point les détails de cet accord, mais elle a poursuivi
son avancée électorale, obtenant régulièrement entre 35 et 50% des voix dans une
série d'élections municipales, et se sortant très honorablement de trois
élections législatives partielles en 1981.
Dans la perspective des élections
législatives de 1984, l'alliance SDP-libéraux apparaissait ainsi en mesure de
peser sur l'équilibre du pouvoir, et de négocier son soutien politique au
gouvernement contre l'introduction de la représentation proportionnelle.
Les
chances d'une percée électorale de l'alliance étaient cependant remises en cause
par ses mauvais résultats aux élections locales de mai 1982.
Profitant de la
crise des Malouines, les conservateurs ont en effet réussi à retourner la
situation à leur avantage.
La mobilisation populaire contre le chômage et le militarisme a été relativement
importante en 1981.
En particulier, les émeutes de juillet dans les grandes
villes anglaises ont forcé le gouvernement à canaliser beaucoup plus de
ressources vers les centres urbains les plus "critiques".
Le gouvernement a
cependant évité le conflit avec les mineurs en février, et ceux-ci, à la fin de
l'année, ont eux-mêmes repoussé l'appel à la confrontation de leur nouveau
président Arthur Scargill, membre de la gauche travailliste.
La politique
adoptée par le gouvernement en matière de dépenses publiques ne s'est heurtée
qu'à la résistance prolongée des fonctionnaires, qui ont mené une campagne de
grèves tournantes de cinq mois, achevée en juillet, et des cheminots, dont le
syndicat a mené six semaines d'action contre la direction de British Rail.
Dans
le secteur privé, les grèves ont connu leur niveau le plus bas depuis 1976 (4,19
millions de journées de travail perdues, contre une moyenne de 13 millions par
an au cours des années soixante-dix), et pour la première fois depuis 1978, les
salaires ont augmenté moins rapidement que les prix (11,30% contre 15,6%).
Le....
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