Royaume-Uni (1984-1985): Les inquiétudes de Madame Thatcher Malgré une année 1984 dominée sur le plan social par la grande grève...
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Royaume-Uni (1984-1985):
Les inquiétudes de Madame Thatcher
Malgré une année 1984 dominée sur le plan social par la grande grève des
mineurs, Margaret Thatcher avait apparemment beaucoup de raisons d'être
satisfaite à la mi-1985.
Le chancelier de l'Échiquier, Nigel Lawson, annonçait
d'ailleurs, en novembre 1984, les meilleures augures pour l'année à venir ; elle
serait la "quatrième année de croissance soutenue".
Certes, la résistance des mineurs britanniques a coûté cher.
Toujours selon N.
Lawson, elle a grevé les finances de l'État de 2,75 milliards de livres, tandis
que la croissance du PNB (1,6% en 1984) aurait pu être supérieure d'un point
sans ce conflit.
On estimait même (en mars 1985), au Central Statistical Office
(CSO), que la progression des traitements et salaires (6,5% pour 1984) en avait
été ralentie d'un point.
Mais que valaient ces chiffres au regard de la défaite
d'un des syndicats les plus combatifs, dont l'action avait provoqué en 1972 et
1974 deux crises politiques et la chute d'un gouvernement? Parce que,
finalement, l'échec des mineurs a laissé de profondes traces dans l'ensemble du
mouvement syndical.
Il a découragé pour un temps les actions de cette ampleur,
et il a ouvert une marge de manoeuvre plus large au Premier ministre dans sa
politique antisyndicale.
Si des inquiétudes étaient apparues dans les rangs
conservateurs à l'été 1984 à propos de cette grève, ce n'était pas tant à cause
de l'objectif poursuivi - vaincre la résistance ouvrière aux restructurations
prévues - que par crainte de n'y pas réussir.
Le monétarisme contesté
Aussi l'establishment britannique avait-il encore bien des raisons d'approuver
la gestion du gouvernement conservateur en 1984.
D'autres résultats pouvaient
figurer au tableau d'honneur.
N'est-ce pas le très respectable Financial Times
qui titrait le 29 mars 1985: "Les profits augmentent plus vite que le niveau de
vie"? Et il livrait des chiffres éloquents récemment publiés par le CSO
indiquant une hausse des profits des entreprises trois fois supérieure à celle
des revenus individuels.
Ces derniers ont pourtant connu, en 1984, leur taux de
progression le plus fort depuis 1979.
Les finances publiques se sont également
enrichies des recettes pétrolières de la mer du Nord qui, pour l'exercice
1984-1985, ont rapporté 12 milliards de livres, soit 1,8 milliards de plus que
prévu.
Enfin, la campagne de dénationalisations a abouti à la "vente du siècle",
avec la privatisation de British Telecom.
Pour l'exercice 1985-1986, le
gouvernement évaluait à 1 milliard de livres les gains réalisables sur ce
terrain, avec notamment la vente de British Airways.
Toutefois, Mme Thatcher ne pouvait dissimuler plusieurs motifs d'inquiétude qui,
dans sa politique économique, ont suscité les critiques croissantes de
l'opposition.
Ils sont même devenus un des chevaux de bataille d'une partie des
conservateurs réunis derrière Edward Heath, ancien Premier ministre.
Il
s'agissait d'abord d'un scepticisme grandissant face aux options "pures et
dures" du chancelier de l'Échiquier.
Celui-ci n'a-t-il pas promis, lorsqu'il est
entré en fonction en juin 1983, de ramener l'inflation au degré zéro? Or, lors
de la présentation du budget 1985-1986, il a déclaré qu'il ne fallait plus
croire aux "miracles", que le taux d'inflation ne descendrait certainement pas
au-dessous de 5% en 1985, s'il n'atteignait pas 6% en cours d'année.
Autre
cheval de bataille, le "désengagement" de l'État.
Un Livre blanc, publié par le
gouvernement en janvier 1985, se proposait de ramener à 39% du produit intérieur
brut le pourcentage des dépenses publiques, proportion déjà atteinte en 1979
lorsque Mme Thatcher était entrée au gouvernement.
Entre-temps, ce pourcentage
était monté jusqu'à 43,5% en 1981-1982! Enfin, malgré une hausse brutale des
taux d'intérêt, début 1985, la livre est demeurée fragile sur le marché des
changes.
Mais le principal motif de mécontentement et de scepticisme est sans doute resté
l'aggravation du chômage.
Il frappait, début 1985, environ 14% de la population
active (soit près de 3,7 millions de personnes) et, selon le ministère du
Travail, augmentait à raison de 12 000 nouveaux chômeurs par mois, rythme plus
rapide qu'au début de l'année 1984 (11 000).
Les régions les plus touchées
étaient l'Irlande du Nord (près de 21%), l'Écosse (près de 15%) et la région du
Nord (près de 18%).
Dans certains bassins d'emploi, le chômage a atteint les
30%, comme par exemple près de la frontière écossaise, à Stockton.
C'est dans ce contexte qu'a commencé à s'effriter le capital de confiance dont
bénéficiait le gouvernement depuis le "raz de marée" conservateur aux élections
générales de 1983, laissant paraître une nouvelle redistribution des forces.
La
doctrine économique du Premier ministre a perdu en crédibilité, tandis qu'une
aile "modérée" de son parti s'est opposée directement à elle lors du débat sur
le budget 1984-1985.
Aussi pouvait-on entrevoir trois types de changements dans
la vie politique britannique, à la mi-1985.
La montée de l'Alliance
Chez les conservateurs, la fronde de MM.
Edward Heath et Francis Pym (ancien....
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