Royaume-Uni (1987-1988): La radicalisation thatchérienne Les dieux ont été favorables à Margaret Thatcher en 1987-1988. Après sa réélection le 11...
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Royaume-Uni (1987-1988):
La radicalisation thatchérienne
Les dieux ont été favorables à Margaret Thatcher en 1987-1988.
Après sa
réélection le 11 juin 1987, l'embellie économique s'est poursuivie jusqu'à la
présentation du nouveau budget le 15 mars suivant, tandis que l'opposition,
défaite, ou tout au moins sur la défensive, ne parvenait pas à infléchir la
politique de fer de la dame du même nom.
"La riche Angleterre"
Par certains aspects, le bilan économique de l'année 1987 paraît exceptionnel.
Le taux d'inflation, de 14% en 1979, a été ramené à 3,7%.
Le chômage, en baisse
depuis juin 1986, s'est stabilisé autour de 10% de la population active.
Avec un
taux de croissance de 4,8%, le Royaume-Uni a obtenu le meilleur score des grands
pays industriels.
La reprise de la production industrielle s'est accompagnée
d'une progression de 3,4% des investissements et d'importants gains de
productivité (+4,2% en moyenne annuelle depuis 1979).
Les hausses des profits
industriels et commerciaux autres que ceux provenant du pétrole de la mer du
Nord se sont maintenus au-dessus de 20%.
Le PNB a augmenté de 7%, les salaires
de 8,2% et, malgré la violente secousse du krach boursier du 19 octobre, la
City, en fin d'année, a dépassé de 9% son niveau du début de 1987.
Les résultats de l'exercice budgétaire 1987-1988 ont été tout aussi
encourageants.
Grâce notamment à des rentrées fiscales très supérieures aux
prévisions et aux recettes tirées des privatisations (environ 5 milliards de
livres), il s'est soldé par un excédent de 3 milliards de livres.
Ce succès a
conduit le chancelier de l'Échiquier, Nigel Lawson, à qualifier de "première du
monde" l'économie de son pays, tandis que M.
Thatcher constatait avec
satisfaction le "retour de l'Angleterre de jadis".
Grâce à la marge de manoeuvre
ainsi dégagée, le budget de 1988-1989 a maintenu le cap sur les principaux
objectifs économiques du gouvernement, à commencer par un nouvel excédent de 3
milliards qui semble devenir la règle.
Mais ces beaux résultats ont aussi leur revers.
Les experts britanniques et
internationaux les considèrent comme "fragiles", "de courte durée" et se
refusent à parler de "miracle" économique.
Ils font valoir au moins deux
arguments importants.
D'une part, l'état des comptes extérieurs reste très préoccupant.
La balance des
paiements courants (-2 milliards de livres en décembre 1987, janvier et février
1988) de même que la balance commerciale (-3,8 milliards de livres) sont
toujours lourdement déficitaires.
En effet, la forte poussée des exportations en
1987 (+7%) s'est révélée éphémère.
Elle résultait pour l'essentiel de l'effet à
retardement de la dépréciation de la livre de 25% par rapport au mark allemand
en 1986.
Mais en 1987, l'option pour une monnaie forte puis, dès mars 1988, la
flambée de la livre ont à nouveau mis en difficulté les exportateurs dont les
débouchés pourraient bien se réduire davantage du fait du ralentissement attendu
de la croissance mondiale.
Dans le même temps, le taux d'épargne est tombé en
mars 1988 à son plus bas niveau depuis 1960 et la consommation intérieure,
nourrie d'importations moins chères, est restée forte.
D'autre part, ces mêmes experts notent que, d'après les comparaisons de l'OCDE
(dont les parités sont établies sur la base du pouvoir d'achat), le Royaume-Uni
investit moins que les autres pays développés, à l'exception du Portugal.
De
même, sur une base 100 en 1979, la croissance industrielle du Royaume-Uni en
1988 reste encore en queue du peloton des pays industriels.
En dépit de
l'existence de grandes entreprises plus solides, les séquelles de la récession
de 1979-1981 sont encore perceptibles.
De façon générale, le pays est loin
d'avoir rattrapé le niveau de prospérité de la RFA.
La poche des pauvres
On ajoutera à ce constat le caractère fortement inégalitaire des réformes
économiques.
Car le budget de 1988-1989 se veut aussi, et peut-être surtout, une
réforme fiscale "révolutionnaire", source d'allégements fiscaux importants.
Elle
concerne principalement l'impôt sur le revenu dont on a supprimé quatre tranches
pour ne plus en laisser que deux (40 et 25%).
Alors que la tranche supérieure de
l'impôt est diminuée de vingt points, la tranche la plus basse, qui touche 19,9
millions de contribuables sur un total de 21 millions, n'est réduite que de deux
points.
Fort bien accueillie par un patronat enthousiaste, la présentation du budget a
provoqué un tollé sans précédent à la Chambre des communes.
L'opposition a crié
à la "honte" devant un budget largement perçu par l'opinion comme celui "des
riches".
Mais le "bon sens" thatchérien voudrait qu'"on n'enrichisse pas les
pauvres en appauvrissant....
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