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Royaume-Uni (1990-1991): La page Thatcher est tournée Après onze ans de règne quasi présidentiel, Margaret Thatcher a fini par démissionner...

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« Royaume-Uni (1990-1991): La page Thatcher est tournée Après onze ans de règne quasi présidentiel, Margaret Thatcher a fini par démissionner et semble avoir été très rapidement mise à l'écart de la vie politique britannique.

Lorsque, le 14 novembre 1990, l'ancien ministre de la Défense, Michael Heseltine, s'était porté candidat à la direction du Parti conservateur, la marge de manoeuvre de M.

Thatcher était très réduite. Contrairement à Sir Anthony Meyer, le député gallois pratiquement inconnu qui s'était présenté contre elle un an plus tôt, elle était maintenant confrontée à un candidat assez populaire qui avait, au printemps 1990, ouvertement et sévèrement dénoncé la réforme des impôts locaux (poll tax), fort mal accueillie par les contribuables.

Son parti était divisé et ses ministres mécontents: après bien d'autres, le vice-Premier ministre, Sir Geoffrey Howe, dernier "fidèle d'entre les fidèles", avait démissionné le 1er novembre 1990.

A moins de deux ans de l'échéance des prochaines élections législatives, tandis que depuis plusieurs mois les sondages donnaient aux travaillistes une avance de dix à quatorze points sur les conservateurs, M.

Thatcher paraissait incapable de refaire l'unité du parti et de le conduire à la victoire. Elle a cependant hésité avant de faire acte de "courage" (ou de "réalisme") pour "sauver" son parti.

Elle avait obtenu, le 20 novembre 1990, un score honorable (204 suffrages, contre 152 pour M.

Heseltine et 16 abstentions), mais insuffisant pour l'emporter au premier tour du scrutin (les statuts du parti exigent un écart entre les deux candidats d'au moins 15% des voix, soit 56 suffrages).

Dans un premier temps, elle a déclaré qu'elle se battrait "jusqu'au bout", mais à la suite d'une série de consultations assorties d'avertissements de la part de ses ministres, elle s'est résignée et a annoncé sa démission (22 novembre 1990). La prochaine étape consistait à barrer la route à M.

Heseltine, que M.

Thatcher ne souhaitait pas voir lui succéder et dont la personnalité impétueuse inquiétait.

Deux hommes qui se disaient liés dans une "compétition amicale", le chancelier de l'Échiquier, John Major (considéré comme le "poulain" de M. Thatcher), et le secrétaire au Foreign Office (Affaires étrangères), Douglas Hurd, se présentaient contre lui.

Le 27 novembre, les résultats du deuxième tour donnaient à John Major un très net avantage (187 voix, soit deux de moins que la majorité absolue, contre 131 pour M.

Heseltine et 56 pour D.

Hurd).

Il était assuré d'une victoire dans l'éventualité d'un troisième tour.

Celui-ci n'a pas eu lieu car les candidats malheureux se sont immédiatement retirés pour faire allégeance au vainqueur. Au lendemain de ces événements, on a été surpris de la rapidité avec laquelle la vie politique britannique a repris son cours "normal".

La crise était passée et chacun se sentait soulagé - sauf les travaillistes qui subissaient une chute spectaculaire dans les sondages.

Mal connu et peu médiatique, John Major s'est présenté comme un conciliateur.

Il a formé un cabinet tout en nuances, donnant l'impression de vouloir préserver l'héritage thatchérien (ce devait être par exemple la tâche du chancelier de l'Échiquier, Norman Lamont) tout en s'en écartant un peu (M.

Heseltine, devenu ministre de l'Environnement, a été chargé de réformer la poll tax).

Fidèle ou infidèle, la gestion de l'héritage n'a pas toujours été simple, J.

Major étant confronté à de grandes difficultés, aussi bien économiques que sociales. La situation économique est restée très préoccupante.

Déjà, en novembre 1990, les indicateurs n'étaient guère encourageants.

Ils n'ont cessé de s'aggraver depuis, au point de faire craindre une récession aussi sévère qu'en 1981-1982. Selon la CBI (Confederation of British Industry), d'avril 1990 à avril 1991, les investissements dans l'industrie ont baissé de 20%, la productivité a chuté de 1,9%, les profits ont été presque partout en baisse, tandis que les coûts salariaux connaissaient des augmentations de l'ordre de 11% en rythme annuel et que les salaires progressaient de 8% à 9% dans le secteur privé. Par ailleurs, le recul de la production industrielle a été général et s'est accompagné d'un effondrement des petites et moyennes entreprises de services. Parallèlement, le chômage a subi entre avril 1990 et avril 1991 une montée en flèche; le seuil des 2 millions de demandeurs d'emploi a été dépassé et, d'après le Financial Times, le cap des 3 millions pourrait être atteint avant la fin de la récession.

Phénomène nouveau, le chômage touche désormais le Sud-Est, c'est-à-dire les circonscriptions électorales traditionnellement fidèles aux conservateurs.

Enfin, toujours en matière économique, il faut noter l'entrée de la livre sterling (octobre 1990) dans le Système monétaire européen (SME).

Elle s'en était tenue à l'écart depuis son entrée en vigueur, en mars 1979. La réforme de la poll tax Sur le plan social, J.

Major a profité de la politique d'affaiblissement systématique des syndicats menée pendant onze ans par son prédécesseur: les arrêts de travail ont été peu nombreux et les syndicats ne se sont pas fait entendre.

Mais dans d'autres domaines, l'héritage de M.

Thatcher a été plus difficile à gérer.

C'est tout particulièrement le cas de la poll tax et de la réforme des services hospitaliers.

La poll tax, un impôt local "par tête", identique pour tous sur le territoire d'une même.... »

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