Royaume-Uni (1992-1993): Impuissance politique Tandis que le Royaume-Uni s'enfonçait dans de profondes difficultés, les hésitations ou les revirements répétés de...
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Royaume-Uni (1992-1993):
Impuissance politique
Tandis que le Royaume-Uni s'enfonçait dans de profondes difficultés, les
hésitations ou les revirements répétés de son Premier ministre John Major ont
fait apparaître ce dernier comme l'homme des reculades.
En quelques mois, il a
battu les records d'impopularité (72% d'opinions défavorables en octobre 1992 et
autant en mai 1993).
Le changement de cap le plus spectaculaire s'est produit le 16 septembre 1992.
Deux semaines avant le fameux "mercredi noir" qui a vu le gouvernement acculé à
prendre la décision de laisser flotter la livre sterling, donc de la dévaluer
(d'environ 15%) et de "suspendre" sa participation au mécanisme de change du
Système monétaire européen (SME), J.
Major affirmait encore qu'il ne "trahirait
jamais la nation" en laissant flotter la monnaie britannique.
Il a eu beau
mettre en cause la responsabilité de la Bundesbank et s'en tenir à cette ligne
de défense, la crise monétaire que venait de connaître le Royaume-Uni, cet
épisode a révélé à ses partenaires européens, et surtout à ses propres citoyens
combien illusoire avait été l'image d'un pays économiquement fort, sauvé de son
déclin séculaire par le "miracle économique" de la gestion thatchérienne.
Ainsi la décision de licencier 30000 mineurs de charbon et de fermer plus de la
moitié des houillères du pays (31 sur 50) dans la perspective de la
privatisation de ce qui restait de British Coal (les Charbonnages britanniques),
a-t-elle soulevé au cours de l'hiver 1992-1993 une vague d'indignation dans tout
le pays.
Et si le Premier ministre a évité de justesse une défaite au Parlement
sur la question des mines, il a dû, là aussi, reculer en concédant un plan de
reconversion plus coûteux qu'initialement prévu.
Réorientation de la politique économique
Cette réalité douloureuse pour un parti conservateur (les tories) réputé "bon
gestionnaire" de l'économie a amené, en octobre 1992, le gouvernement à
réorienter sa politique vers la plus forte croissance possible...
Certes,
l'inflation n'est pas tombée aussi bas depuis trente ans (+1,3% sur douze mois
pour l'année fiscale achevée en avril 1993) et les taux d'intérêt ont baissé à
partir d'octobre 1992 pour atteindre 6%.
Mais ces deux indicateurs, sur la base
desquels le gouvernement a cru pouvoir proclamer le 26 avril 1993 la fin
"officielle" de la récession, masquaient mal une crise structurelle profonde.
Tous les secteurs de l'économie, y compris les services, ont été gravement
touchés par la récession.
Les grands groupes - British Aerospace, Barclays, ICI,
etc.
ont affiché des pertes; la liste des faillites s'est faite longue et les
perspectives ne sont guère apparues prometteuses du côté des PME (petites et
moyennes entreprises).
Le déficit des finances publiques a atteint un taux
record: 44,6 milliards de livres hors privatisations, soit l'équivalent de 7,5%
du PIB, chiffre susceptible de passer à 50 milliards de livres en 1993-1994.
Les solutions se sont résumées à deux grands "remèdes": quelques mesures
budgétaires et une "économie de bas salaires".
Le budget présenté en mars en faveur de l'industrie et de l'emploi n'a convaincu
personne.
D'abord parce que les mesures d'accompagnement d'une véritable
politique de relance faisaient défaut.
Ensuite parce que les dispositions sur
l'emploi ne pouvaient guère concerner que cent mille personnes, alors que l'on
comptait officiellement plus de trois millions de chômeurs (plus probablement
quatre millions, selon des estimations "informelles" dignes de foi).
Enfin et
surtout, parce que le gouvernement, subissant la pression du FMI (Fonds
monétaire international) a prévu un fort alourdissement de la fiscalité pour les
années 1994 et 1995 (tout en reportant au mois de novembre 1993 le moment où
l'on annoncerait la réduction des dépenses publiques).
Le symbole du deuxième "remède" a été, en 1993, la fermeture de l'usine Hoover
de Longvic (France) et le transfert de sa production à Cambuslang en Écosse.
Les
hausses de salaires annuelles n'ont pas excédé 4% en mars 1993, le plus bas
niveau enregistré depuis vingt-cinq ans.
Les rémunérations dans l'industrie
britannique sont devenues les plus basses d'Europe après celles de la Grèce et
du Portugal.
Si les autorités ont pu trouver, comme dans le cas de Hoover, une
légitimation à la pratique des bas salaires, celle-ci n'en a pas moins été
perçue comme un symptôme de la maladie qu'elle prétendait guérir.
Alarmante aggravation de la crise sociale
Pour la première fois de son histoire, le Royaume-Uni a vu deux parties de son
territoire classées "régions les plus pauvres d'Europe".
En conséquence, comme
elle l'a fait pour la Sicile par exemple, la Communauté européenne a prévu
d'accorder à la Merseyside (Liverpool, Manchester) et aux Highlands (Écosse) une
assistance économique exceptionnelle.
Dans les villes du nord, plus touchées que
celles du sud (pourtant pas épargnées), la récession a engendré....
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