Royaume-Uni (1994-1995): Un pays en perte de repères Encadré : Cessez-le-feu généralisé en Irlande du Nord Tandis que les cérémonies...
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Royaume-Uni (1994-1995):
Un pays en perte de repères
Encadré : Cessez-le-feu généralisé en Irlande du Nord
Tandis que les cérémonies du cinquantième anniversaire de la
1945 rappelaient au souvenir des Britanniques l'héroïsme des
grandeur de la reine mère Elizabeth, une nouvelle génération
d'hommes politiques, confrontée à un monde en mutation, n'en
déchirer.
victoire du 8 mai
anciens et la
de souverains et
finissait pas de se
La reprise de l'activité économique s'est pourtant confirmée, même si un peu
moins forte que prévu (3,8% en 1994).
Les exportations ont souffert du
ralentissement de la croissance dans l'Union européenne et aux États-Unis et le
secteur tertiaire est demeuré atone.
Les grandes banques d'affaires britanniques
ont connu des difficultés, subissant de plus en plus l'assaut des banques
d'Europe continentale.
Juste avant S.G.
Warburg, rachetée par la très dynamique
SBS (Société de banque suisse), la Barings a été reprise par le groupe
d'assurances néerlandais ING, en mars 1995, après avoir subi à Singapour des
pertes colossales sur les marchés de produits dérivés.
Ainsi la City a-t-elle
commencé de s'internationaliser, mais elle n'en est pas moins demeurée la
deuxième place financière et le premier marché des changes dans le monde.
On a
également vu là le signe d'une fragilisation des institutions britanniques les
plus prestigieuses au sein du système financier.
Affirmant ne vouloir s'intéresser qu'à l'économie réelle, le chancelier de
l'Échiquier (des Finances), Kenneth Clarke, a résisté autant qu'il l'a pu aux
partisans d'un relèvement des taux d'intérêt à court terme.
A partir du début
1995, la livre sterling a, en effet, paru victime d'une véritable crise de
confiance de la part des marchés financiers.
L'inflation a été contenue en
raison de tendances contradictoires, notamment la stagnation de la consommation
des ménages et la relative bonne tenue de la monnaie britannique face au dollar.
Mais, avec la dépréciation de la livre face au mark, les craintes d'un dérapage
inflationniste sont restées grandes et les taux d'intérêt à long terme très
élevés (les bons du Trésor à dix ans étaient, à la mi-1995, de 8,29% au
Royaume-Uni, contre 7,45% en France et 6,83% en Allemagne).
La désaffection des
grands investisseurs pour la livre s'expliquait, enfin, en partie par le fait
que Londres n'arrivait toujours pas à décider de sa politique européenne.
Un royaume en passe de rétrécir
Cette indécision a tenu pour une large part à un environnement international
changeant dans lequel le Royaume-Uni a du mal à se replacer.
En Irlande du Nord,
le processus de paix est devenu inévitable, mais il a été ponctué de tensions
entre Londres et Washington et demeurait très difficile à mettre en oeuvre.
Certes, l'Armée républicaine irlandaise (IRA) s'est engagée, le 31 août 1994, à
respecter un cessez-le-feu inconditionnel, que les milices loyalistes
protestantes d'Irlande du Nord ont à leur tour accepté le 13 octobre suivant.
Des entretiens exploratoires, commencés en décembre 1994, ont abouti en février
1995 à l'établissement d'un document anglo-irlandais, traçant les grands axes
des négociations à venir entre toutes les parties concernées.
Mais de nombreuses
résistances ont perduré, le clivage entre nationalistes et unionistes demeurant,
les premiers militant toujours pour une Irlande réunifiée, les seconds pour le
maintien du statu quo.
En recevant à la mi-mars 1995 Gerry Adams, le chef politique du Sinn Fein (dont
l'IRA est le bras armé), encore considéré à Londres comme une organisation
terroriste, l'administration Clinton a donné une nouvelle preuve de
l'affaiblissement de la "relation spéciale" entre Londres et Washington,
terriblement mise à mal depuis que l'Allemagne unifiée a ravi au Royaume-Uni la
position d'interlocuteur privilégié des États-Unis en Europe.
Ce relâchement
s'est vérifié dans bien d'autres domaines diplomatiques, notamment quant à
l'attitude à adopter à propos de la guerre en Bosnie-Herzégovine, sujet sur
lequel les deux États sont restés en total désaccord.
A Hong Kong (colonie britannique qui redeviendra chinoise le 1er juillet 1997),
le profil couronné d'Elizabeth II a disparu de la monnaie mise en circulation
début 1995, laissant la place à une fleur qui symbolise le territoire.
Le
rapport de forces entre le Royaume-Uni et la Chine est devenu très défavorable à
Londres qui, après une période de négligence, a tenté à partir de 1992 de
négocier un avenir démocratique pour l'enclave.
Mais les pourparlers, dans
lesquels on évoque de façon récurrente l'histoire de la guerre de l'opium (qui
avait opposé le Royaume-Uni à la Chine au XIXe siècle, et avait contraint cette
dernière à ouvrir une partie de son territoire au commerce fait par les
Européens, et en particulier à celui de cette drogue), étaient dans l'impasse,
la Chine semblant prendre sa revanche.
Décidée à n'accepter des concessions que
de pure forme, elle a déjà pris ses quartiers à Hong Kong et a engagé une
campagne de promotion de la cause "patriotique".
Une classe politique de plus en plus déchirée
La polémique sur la monarchie dont on a commencé à réclamer ouvertement
l'abolition a également touché le pays dans l'image qu'il....
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