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Royaume-Uni (1995-1996): Fin de règne conservateur? Si les élections législatives paraissaient pouvoir être retardées jusqu'au printemps 1997, la fièvre électorale...

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« Royaume-Uni (1995-1996): Fin de règne conservateur? Si les élections législatives paraissaient pouvoir être retardées jusqu'au printemps 1997, la fièvre électorale n'a pas cessé de monter à partir de 1995. Face à un Parti travailliste ayant le vent en poupe, le gouvernement conservateur de John Major est apparu divisé et impuissant.

Les commentateurs s'accordaient à dire que même une conjoncture économique favorable ne permettrait vraisemblablement pas à J.

Major de réitérer sa victoire inespérée d'avril 1992.

Chacun croyait ainsi sentir la fin d'une époque... Le gouvernement Major n'a pourtant pas été inactif pendant cette période.

En dépit d'un "style" plus consensuel, il s'est inscrit dans la droite ligne de l'héritage thatchérien.

Malgré une position parlementaire en constante érosion neuf sièges perdus aux différentes élections partielles tenues entre avril 1992 et mai 1996, ce qui aura réduit la majorité conservatrice à un siège -, le zèle réformateur de J.

Major est demeuré intact. Ses grands projets - privatisation et ouverture à la concurrence des derniers monopoles publics - ont toutefois eu le défaut d'être impopulaires, complexes et politiquement dangereux.

De nombreuses polémiques ont entouré, en 1995, les industries déjà privatisées de l'eau et de l'électricité.

Les salaires de leurs dirigeants et les dividendes se sont envolés, alors que les consommateurs et les salariés étaient mécontents: le rationnement autoritaire de l'eau a été évité de justesse pendant l'été 1995, exceptionnellement chaud et sec.

Les OPA (offres publiques d'achat) et les fusions ont réduit la concurrence, censée légitimer la privatisation.

Les ambitieuses réformes de l'éducation et de la santé ont également engendré davantage d'effets pervers que d'approbation.

Devant les réticences de sa propre majorité, le gouvernement a même dû renoncer à la privatisation des Postes et infléchir ses projets de régionalisation et de privatisation des chemins de fer. Le Parti conservateur, fragile et divisé Plus généralement, c'est la compétence politique de l'équipe Major qui a été mise en cause.

Tout triviaux qu'aient été la plupart des nombreux scandales sexuels ou financiers ayant terni l'image des conservateurs, certaines autres affaires ont posé des questions fondamentales de responsabilité politique, comme l'affaire Matrix-Churchill, concernant l'embargo sur les ventes d'armes à l'Irak après la fin de la guerre Iran-Irak en 1988.

Ayant secrètement décidé de relâcher l'embargo, et ayant encouragé les exportateurs britanniques, le gouvernement avait, en 1992, laissé poursuivre par le service des Douanes, pour exportation illégale d'armes, les dirigeants de la société Matrix-Churchill, avant d'abandonner les poursuites sans explication.

Le discrédit jeté sur le gouvernement a été accentué par sa réaction au rapport de la commission d'enquête présidée par le juge sir Nicholas Scott (rendu public en avril 1996 seulement, alors que la commission avait été nommée en novembre 1992).

Malgré les preuves de manipulation et de dissimulation, aucun des ministres concernés n'a démissionné. Surtout, les conservateurs ont semblé paralysés par leurs divisions persistantes sur l'Europe, déjà au coeur de l'éviction du précédent Premier ministre Margaret Thatcher en novembre 1990.

L'opinion britannique est, semble-t-il, majoritairement favorable ou assez neutre à l'égard de l'Europe comme espace économique, voire d'une certaine intégration politique.

Pour une partie des conservateurs, cependant, l'édification institutionnelle de l'Europe est allée trop loin.

Il faut, selon eux, au minimum la geler et de préférence revenir sur les acquis de l'Acte unique européen de 1986 (que M.

Thatcher a déclaré depuis regretter d'avoir signé) et du traité de Maastricht.

L'Union économique et monétaire (UEM) est le noyau dur de cette "europhobie", susceptible d'être réveillée à la moindre occasion.

Ce fut ainsi le cas pour la réglementation européenne sur la teneur en viande des saucisses et en cacao du chocolat, défavorable aux produits britanniques traditionnels. Les manoeuvres de J.

Major ont maintenu l'unité du Parti conservateur sans rien régler sur le fond.

En remettant en jeu son mandat de leader de la formation gouvernementale en juillet 1995, il a obtenu une victoire certes nette, mais confirmant la force de ses adversaires (66 % des suffrages des députés, contre 27 % à John Redwood, chef de file de la droite anti-européenne et jusqu'alors secrétaire d'État pour le pays de Galles).

De même, sa réponse à la menace électorale du Referendum Party (fondé par sir James Goldsmith pour réclamer, comme soixante-quatorze députés conservateurs lors d'un vote parlementaire le 11 juin 1996, un référendum immédiat sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne) n'a été que tactique: il a annoncé en avril 1996 que toute décision gouvernementale d'adhérer à l'UEM serait, après vote parlementaire, soumise à référendum. La crise dite de la "vache folle" (encéphalopathie spongiforme bovine, ESB), déclenchée en mars 1996 par l'embargo européen sur la viande et les dérivés bovins britanniques, a semblé tout résumer.

A l'incompétence gouvernementale (que les ministres se sont acharnés à nier) dans la gestion politique et sanitaire de l'épizootie, s'est ajoutée la riposte controversée du blocage systématique des institutions européennes.

Cette tactique, dictée par la crainte de la droite "europhobe", a accentué la marginalisation britannique en Europe. Elle n'a de surcroît abouti à aucun résultat tangible: son abandon au sommet de Florence (21-23 juin 1996) n'a été.... »

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