Royaume-Uni (1996-1997): Raz de marée travailliste Dix-huit années de pouvoir conservateur ont pris fin le 1er mai 1997 avec la...
Extrait du document
«
Royaume-Uni (1996-1997):
Raz de marée travailliste
Dix-huit années de pouvoir conservateur ont pris fin le 1er mai 1997 avec la
victoire retentissante aux élections générales du Parti travailliste mené par
Tony Blair qui est ainsi devenu chef du gouvernement.
Avec un important vote
tactique à son encontre, le Parti conservateur a subi une défaite historique: 31
% des voix seulement et 165 sièges sur 659.
Le Premier ministre sortant, J.
Major, a aussitôt démissionné de son poste de leader du parti, remplacé le 19
juin suivant par William Hague.
Les travaillistes, avec 45 % des voix et 419
députés, ont obtenu l'assurance de gouverner sans obstacle législatif.
Le Parti
libéral démocrate a, pour sa part, obtenu 46 sièges (avec 17 % des voix), soit
le meilleur résultat centriste depuis les années trente.
Cette défaite annoncée a mis fin à la dérive d'un gouvernement Major miné, dans
sa phase terminale, par les "affaires" et par ses divisions sur la question
européenne.
Bien que relativement mineurs, les scandales n'en ont pas moins
favorisé la perception du pouvoir conservateur comme irrémédiablement usé,
arrogant et corrompu, accentuant certainement le revirement électoral.
Dans la
circonscription, en principe solidement conservatrice, de Tatton (nord-ouest de
l'Angleterre), le député sortant, Neil Hamilton, était accusé de nombreuses
irrégularités financières (dont certaines qu'il avait d'ailleurs reconnues), au
point que J.
Major lui-même avait fait pression sur lui pour qu'il ne se
représente pas.
Devant son refus, les travaillistes et les libéraux-démocrates
ont retiré leur candidat pour appuyer le journaliste apolitique Martin Bell,
dont le seul programme était d'être le "candidat anti-corruption".
Celui-ci est
sorti largement vainqueur du scrutin.
Le bilan du gouvernement Major
La dernière année au pouvoir de John Major a certes été marquée par de bons
résultats macroéconomiques (croissance solide, inflation maîtrisée, chômage en
diminution régulière), mais ceux-ci sont apparus fortuits (conséquence de la
dévaluation de la livre en 1992 et du cycle de croissance).
Le programme de
privatisation a été poursuivi, mais la réorganisation des chemins de fer
(couronnée par la vente de Railtrack, propriétaire des voies ferrées, en mai
1996) a été très impopulaire, et la vente des centrales nucléaires, en juillet
1996, n'a été possible qu'avec la prise en charge par l'État des risques
environnementaux et des coûts de démantèlement.
D'autres réformes ambitieuses de l'éducation, du système de santé, de l'indemnisation du chômage - ne
pourraient porter leurs fruits qu'à long terme, et, initialement très
contestées, n'ont apporté au gouvernement Major aucun bénéfice politique.
La situation en Irlande du Nord, qui offrait au printemps 1996 de réels espoirs,
s'était progressivement enlisée.
Le gouvernement Major s'était laissé
immobiliser par la revendication unioniste - jugée inacceptable par les
républicains -, d'un désarmement de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) comme
préalable à la participation du Sinn Féin (aile politique légale de l'IRA) aux
négociations sur le devenir constitutionnel de la région.
Dans ce contexte, les
attaques de l'IRA contre l'armée britannique ont repris, en Allemagne dès juin
1996, puis en Irlande du Nord en octobre.
Les attentats, pour leur part, ont
continué sporadiquement à partir de la fin de la trêve en février 1996.
Le mois
d'avril 1997, moment où la campagne électorale battait son plein, a été
fortement perturbé par de nombreuses alertes, souvent fausses, revendiquées par
l'IRA.
Le succès électoral du Sinn Féin, qui a remporté deux sièges le 1er mai,
alors qu'il n'en avait aucun dans le Parlement sortant (et qui est également
entré au parlement de Dublin), a rendu la situation encore plus complexe, le
soutien démocratique à une solution de compromis restant fragile.
Cependant, le
processus de paix a semblé relancé par la nouvelle annonce faite par l'IRA, le
19 juillet 1997, d'un cessez-le-feu total et inconditionnel, intervenant trois
ans après celui du 31 août 1994 et qui avait été rompu par l'IRA.
En politique étrangère, la volonté de désamorcer électoralement les querelles
européennes au sein du Parti conservateur - tactique finalement inefficace avait conduit le Royaume-Uni à la passivité.
Cela a surtout été visible dans la
préparation de la conférence intergouvernementale devant réexaminer le traité de
Maastricht de 1992 sur l'Union économique et monétaire européenne (UEM), à
Amsterdam en juin 1997.
Hostile à tout élargissement des compétences de l'Union
européenne par extension du vote à la majorité qualifiée, le gouvernement Major
ne s'est cependant jamais donné les moyens d'influencer le débat européen dans
ce sens.
Même dans le cadre de la coopération diplomatique et militaire, Londres
est généralement resté en marge, notamment face aux crises rwandaise-zaïroise et
albanaise à la fin de l'hiver-printemps 1997.
Le seul domaine où les
Britanniques ont assumé un certain leadership a été la restructuration des
industries d'armement européennes, où ils avaient un intérêt économique
immédiat.
Enfin, symbole de l'érosion du rôle mondial du Royaume-Uni - érosion qui suscite
un mélange confus de rancoeur et de soulagement, dont les querelles européennes
sont le plus clair symptôme -, le territoire dépendant de Hong Kong est revenu
dans le giron chinois le 1er juillet 1997.
Pendant une période, après la
nomination au poste de gouverneur en 1992 de l'ancien ministre conservateur
Chris Patten, le gouvernement britannique s'était montré ferme dans la défense
du droit de Hong Kong à bénéficier d'un "système séparé" conformément à la
Déclaration sino-britannique de 1984.
En 1996-1997, en revanche, Londres s'est
progressivement désengagé du processus, laissant à la Chine un degré croissant
de contrôle de facto, qui préfigurait la remise en cause des (timides) réformes
démocratiques de C.
Patten.
Concilier les intérêts britanniques et européens
Au....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓