Royaume-Uni (1997-1998): La dynamique du succès Porté au pouvoir, le 1er mai 1997, par un raz de marée électoral; qui...
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Royaume-Uni (1997-1998):
La dynamique du succès
Porté au pouvoir, le 1er mai 1997, par un raz de marée électoral; qui avait
déclenché un enthousiasme aussi improbable qu'inattendu, Tony Blair a fêté le
premier anniversaire de son entrée en fonctions avec un crédit politique et une
popularité largement intacts.
Si les critiques venues de la gauche sont
progressivement devenues plus insistantes, elles n'avaient pas de point de
fixation politique.
Quant à l'opposition conservatrice, encore traumatisée par
sa déroute électorale, elle est restée généralement à la périphérie.
En politique intérieure, la dynamique du succès a notamment reflété l'habileté
d'engagements électoraux très prudents, et qui ont donc pu être tenus, voire
dépassés.
Sur les grands sujets de société en particulier, toute urgence
législative a été écartée.
Réformes de la Sécurité sociale, de la justice, de
l'école, création d'un salaire minimum ont été autant de domaines où les thèmes
biairistes présentaient à la fois une réelle originalité - par rapport à la
gauche traditionnelle comme par rapport à la politique des conservateurs -et de
risques politiques élevés.
En privilégiant une très large consultation préalable
et en multipliant les projets pilotes, le gouvernement a usé de sa méthode
caractéristique - un populisme qui se veut éclairé plutôt que démagogique -,
tout en remettant à plus tard sa véritable mise à l'épreuve.
Non-participation à la première phase de l'Union monétaire
La même prudence a été de mise en politique économique, une fois passé le coup
d'éclat inattendu, dès mai 1997, de l'indépendance accordée à la Banque
d'Angleterre en matière de détermination des taux d'intérêt.
Après s'être engagé
à respecter les plafonds de dépenses publiques fixés par le gouvernement
précédent et à maintenir le taux de l'impôt sur le revenu, la cabinet
travailliste n'a œuvré fiscalement qu'à la marge.
Sur le plan macroéconomique, cette passivité n'a cependant pas été sans
conséquences : la montée des taux d'intérêt et surtout de la parité de la livre
(stimulée par les incertitudes politiques passant sur l'Union économique et
monétaire-UEM) a eu un impact déflationniste alors même qu'apparaissaient, au
printemps 1998, les premiers indices d'un ralentissement économique, voire d'une
récession (le PIB avait augmenté de 3,4 % en 1997).
Dans une perspective à moyen
terme, le choix économique le plus significatif a sans doute été, en octobre
1997, l'annonce de la non-participation britannique à la première phase de
l'UEM.
Cette décision controversée, puisque le ministre des Finances Gordon
Brown a semblé l'avoir acceptée à contrecœur, répondait à une logique à la fois
politique et économique.
Devoir le cas échéant faire ratifier l'adhésion par
référendum a été jugé par le gouvernement comme une éventualité risquée, au vue
d'une opinion publique où les partisans de l'Union, peut-être majoritaires,
paraissaient tièdes alors que nombre de ses adversaires - le Parti conservateur
l'avait appris à ses dépens -étaient virulents.
En outre, le cycle économique
britannique semblait décalé par rapport à celui de ses voisins européens
(trajectoires de croissance, taux d'intérêt, évolution de la monnaie).
Enfin, point sans doute plus fondamental, les travaillistes partageaient le "
malaise européen " des conservateurs s'agissant de toute logique d'union
politique européenne.
Pour T.
Blair, adhérer ou non à l'Union monétaire était
une question économique, à laquelle il fallait répondre en fonction des
bénéfices économiques attendus.
Que l'incertitude radicale et incontournable sur
les conséquences de l'Union puisse être comblée par la volonté politique - voilà
ce que le gouvernement britannique se refusait à envisager.
Réforme constitutionnelle
Le domaine où l'activité gouvernementale a été la plus forte et la plus
significative a été la réforme constitutionnelle.
Le programme électoral
travailliste avait promis des référendums en Écosse et au pays de Galles,
destinés à approuver le principe de la " dévolution " - c'est-à-dire l'exercice
de différentes attributions décentralisées (beaucoup plus étendues en Écosse
qu'au pays de Galles) par un exécutif responsable devant une assemblée élue.
Un
premier projet dans ce sens avait échoué en 1979.
En septembre 1997, les deux
votes ont été positifs, mais de manière inégale.
74,3 % des électeurs écossais
ont voté pour la création d'un Parlement à Édimbourg (63,5 % approuvant par
ailleurs le principe que ce Parlement puisse modifier dans une certaine mesure
le taux de l'impôt sur le revenu).
En revanche, 50,3 % seulement des électeurs
gallois ont approuvé le projet gouvernemental.
Les premières élections aux
assemblées " dévolues " devraient avoir lieu en mai 1999.
L'idée d'une régionalisation parallèle du gouvernement en Angleterre a seulement
été évoquée.
En revanche, le référendum sur l'organisation politique de Londres,
qui constituait un engagement électoral, a été organisé avec un succès
prévisible (mais une participation réduite), en mai 1998.
Plusieurs autres
chantiers ont été engagés dans ce domaine : réforme du mode de scrutin pour les
élections européennes, et peut-être aussi pour les scrutins nationaux ; réforme
de la composition et des attributions de la Chambre des lords ; réflexion sur
une garantie constitutionnelle des droits des citoyens.
Le contexte de ces réflexions a d'ailleurs été modifié par l'évolution de
l'image de la....
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