Royaume-Uni (1998-1999): De l'"affaire Pinochet" aux actions internationales Le Premier ministre britannique, Tony Blair, s'est donné l'ambition d'incarner politiquement une...
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Royaume-Uni (1998-1999):
De l'"affaire Pinochet" aux actions internationales
Le Premier ministre britannique, Tony Blair, s'est donné l'ambition d'incarner
politiquement une "troisième voie", opposée à la fois au néo-libéralisme et à la
social-démocratie traditionnelle.
Les événements de l'année 1999 auront
contrarié cette aspiration.
L'agenda politique a en effet été dominé par des
enjeux diplomatiques et militaires à la gestion complexe et au sens politique
confus.
Le plus important a certainement été l'opération militaire entreprise fin mars
1999 par l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) contre Belgrade.
Conçue pour répondre à l'accentuation de la répression dans la province
yougoslave du Kosovo, cette action a bénéficié d'un large soutien dans l'opinion
publique, et du consensus des partis politiques, tout en étant sévèrement
critiquée dans certains milieux intellectuels pour l'absence de clarté de ses
objectifs et de ses modalités.
A cet égard, elle reproduisait les schémas des
attaques aériennes de décembre 1998 décidées bilatéralement par Londres et
Washington contre l'Irak, alors que Bagdad, au terme d'un semestre de tensions,
avait à nouveau rompu sa collaboration avec l'Unscom (Commission de l'ONU
chargée du contrôle du désarmenent de l'Irak), si ce n'est que le Royaume-Uni,
allié inconditionnel des États-Unis, se retrouvait, devant la crise au Kosovo,
en phase avec ses partenaires européens.
Qu'il s'agisse des initiatives destinées à éviter la guerre (février-mars 1999),
de la campagne de bombardements (mars-juin) ou de la force de paix au Kosovo
(Kfor) déployée à partir de juin, les positions française et britannique,
notamment, ont été très proches.
Des initiatives européennes hors du cadre de l'UE
Les questions européennes ont également occupé le devant de la scène, qu'il
s'agisse du discrédit de la Commission européenne - concrétisée en mars 1999 par
sa démission collective -, de la réforme du financement de l'Union européenne
(UE) dans la perspective de son élargissement, ou de la réforme, jugée
prioritaire par le gouvernement britannique, de la Politique agricole commune
(PAC).
L'Europe est restée d'une gestion délicate pour le gouvernement Blair,
favorable à une coopération plus étroite entre États membres, mais aussi hostile
à l'intégration politique.
Ce n'est pas un hasard si les initiatives
britanniques, même à dimension européenne, se sont situées de préférence dans
des cadres institutionnels distincts de l'UE.
A côté des échanges au sein de
l'OTAN ou du "groupe de contact" sur l'ex-Yougoslavie, on a pu noter les
rapports bilatéraux de plus en plus étroits avec la France en matière
diplomatique et militaire.
Pour les fédéralistes, de telles formules à géométrie
variable étaient évidemment aux antipodes du projet européen.
Le gouvernement
Blair devait également compter avec une opinion publique dépourvue
d'enthousiasme européen, ainsi qu'avec ses propres incertitudes.
La
participation éventuelle du Royaume-Uni à l'Union monétaire (la Zone euro est
entrée en vigueur le 1er janvier 1999) - à laquelle le gouvernement semblait de
plus en plus favorable - est restée le point de convergence de tous ces enjeux.
Devant la crise institutionnelle ouverte par la démission de la Commission, le
double souci du gouvernement britannique a été d'éviter que l'incident avive
l'euroscepticisme au Royaume-Uni et que les partenaires européens y trouvent un
prétexte au renforcement des pouvoirs de la Commission ou du Parlement.
Un
soutien fort a donc été apporté à la désignation rapide de l'Italien Romano
Prodi pour succéder à Jacques Santer comme président de l'institution, d'autant
que T.
Blair voyait dans l'ancien président du Conseil italien un allié
idéologique.
La profession de foi fédéraliste de celui-ci a cependant apporté au
Premier ministre britannique un démenti rapide.
De même, la victoire
conservatrice aux élections parlementaires européennes du 13 juin 1999 a montré
l'attrait pour l'opinion britannique de prises de position franchement hostiles
à l'UE.
Par ailleurs, tous les regards ont convergé sur le Royaume-Uni à l'occasion de
l'"affaire Pinochet".
A la stupéfaction générale, l'ancien dictateur chilien, en
visite privée à Londres, a été arrêté en octobre 1998, à la suite d'une demande
d'extradition émise par la justice espagnole.
Les tribunaux britanniques ont
d'abord jugé illégale cette détention, mais la Chambre des Lords, statuant en
appel, a refusé en novembre 1998 d'accorder à Augusto Pinochet une immunité
souveraine.
Le premier jugement a été cassé, mais les Lords ont confirmé en mars
1999 le principe de la légalité d'une extradition éventuelle; enfin le ministre
de l'Intérieur Jack Straw a décidé en avril de laisser la procédure suivre son
cours.
Enlisement de la question de l'Irlande du Nord
Enfin, l'Irlande du Nord - en toute rigueur une affaire de politique intérieure
- a été traitée, comme les gouvernements britanniques le faisaient depuis
longtemps, sur un mode quasi diplomatique.
Les espoirs suscités par l'accord du Vendredi saint (reconnaissance par les
républicains - nationalistes - du droit à l'autodétermination de l'actuelle
Irlande du Nord, et reconnaissance par les unionistes d'un rôle institutionnel
pour la république d'Irlande dans les affaires nord-irlandaises) du 10 avril
1998 se sont progressivement évanouis devant l'impossibilité de trouver une
formule de désarmement des groupes paramilitaires qui soit acceptable par toutes
les forces en présence.
Un an après l'accord, les institutions que celui-ci
avait prévues (nouvelle Assemblée de l'Irlande du Nord, élue le 25 juin 1998)
n'étaient toujours pas en place, et une série d'initiatives anglo-irlandaises malgré l'engagement personnel renouvelé de T.
Blair - ont simplement confirmé
l'impasse.....
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