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Royaume-Uni (1999-2000): Une "troisième voie" en perte de crédibilité Le climat très favorable dont le gouvernement travailliste de Tony Blair...

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« Royaume-Uni (1999-2000): Une "troisième voie" en perte de crédibilité Le climat très favorable dont le gouvernement travailliste de Tony Blair avait bénéficié depuis son accession au pouvoir en mai 1997 a commencé à se dissiper en 1999.

Certes, aucune crise majeure n'a marqué la période 1999-2000.

En particulier, la conjoncture économique est restée globalement satisfaisante, si l'on excepte la surévaluation de la livre sterling par rapport à l'euro, qui a pesé lourdement sur certains secteurs exportateurs.

Mais le dynamisme politique du gouvernement a paru s'essouffler. Une série inédite d'échecs électoraux a accrédité l'idée que T.

Blair "perdait la main".

Aux élections européennes de juin 1999, tout d'abord, les travaillistes ont été nettement devancés par les conservateurs.

La participation très faible enregistrée lors de ce scrutin (moins de 30 % des inscrits) relativisait la portée de la victoire conservatrice, mais indiquait aussi une démobilisation significative parmi les électeurs travaillistes traditionnels.

Le même phénomène est apparu lors des élections locales de mai 2000 : progression conservatrice dans un contexte d'abstention très forte, notamment dans les régions travaillistes. Le camouflet de la mairie de Londres À cette occasion, les élections à la ville de Londres ont pris une importance toute particulière et ont fortement embarrassé le gouvernement.

Il s'agissait en effet à la fois d'élire, pour la première fois, un maire de Londres au suffrage universel, et de rétablir un conseil municipal à l'échelle de l'agglomération, supprimé par le gouvernement Thatcher en 1986.

Ce scrutin résultait d'une réforme, approuvée par référendum en 1998, à laquelle le gouvernement attachait une grande importance et qui était appelée à s'étendre à d'autres villes anglaises.

Or, loin de bénéficier de la reconnaissance des Londoniens, le gouvernement a essuyé un camouflet.

Tout d'abord, le maire élu, Ken Livingstone, avait été expulsé du Parti travailliste pour s'être présenté en indépendant contre le candidat travailliste officiel, l'ancien ministre de la Santé Frank Dobson.

De façon humiliante, celui-ci s'est retrouvé en troisième position, au coude à coude avec les libéraux-démocrates, et loin derrière le candidat conservateur arrivé deuxième.

Pour T.

Blair, qui s'était efforcé par tous les moyens de barrer la route à K.

Livingstone, puis de le faire perdre, c'était une défaite personnelle.

En outre, les travaillistes se sont retrouvés à égalité avec les conservateurs au sein de la nouvelle assemblée, dans une ville où ils occupaient depuis de nombreuses années une position dominante. L'érosion du dynamisme s'est également fait sentir sur le plan des idées.

Nombre de réformes stratégiques (retraites, santé, transferts sociaux) se sont enlisées dans des processus de consultation qui paraissaient destinés moins à en clarifier les données techniques qu'à en évaluer de manière toujours plus fine la popularité.

Le même syndrome a caractérisé l'enjeu majeur d'une éventuelle adhésion du Royaume-Uni à l'Union monétaire européenne.

Loin de désamorcer le débat, la politique attentiste du gouvernement, qui a de fait exclu toute prise de décision avant les prochaines législatives (2001 ou 2002), l'a rendu incontournable, surtout à cause des problèmes de compétitivité posés par la dépréciation de l'euro et du dynamisme économique affiché en 1999-2000 par la Zone euro (entrée en vigueur le 1er janvier 1999). Les transports ont été au centre de la campagne électorale londonienne, au détriment d'un Parti travailliste qui, sur cette question aussi, semblait s'être politiquement enlisé.

Ayant promis en 1997 un rééquilibrage général vers les transports collectifs, par le biais d'une meilleure prise en compte des coûts réels de l'automobile et d'une correction des nombreux effets pervers induits par la privatisation, le gouvernement a peu à peu reculé devant le risque électoral de mesures fortes à l'encontre de l'automobile.

Privés désormais de politique claire, les travaillistes ont été vulnérables à l'accusation selon laquelle ils préparaient la privatisation du métro de Londres.

L'engagement exprimé sans ambiguïté par K.

Livingstone à lutter contre une telle privatisation a été un facteur significatif de son succès électoral. Enfin, l'une des réformes réalisées en 1999 a bien souligné cette perte de dynamisme politique.

Les travaillistes promettaient depuis longtemps une modification de la composition de la Chambre des lords pour en accroître la légitimité démocratique.

Les lords, en effet, restaient pour la plupart héréditaires, avec une adjonction minoritaire de membres nommés à vie.

Au lieu d'engager une véritable réforme en profondeur, le gouvernement s'est contenté de remplacer les quelque 750 pairs héréditaires par 92 lords élus en leur sein. Même si ce fut d'une importance symbolique incontestable, on pouvait s'interroger sur le sens démocratique du passage d'une chambre surtout héréditaire à une chambre surtout nommée. Retour du clivage gauche-droite Un aspect intéressant de ce relatif essoufflement a été la réémergence du clivage gauche-droite classique que la "troisième voie" prônée par T.

Blair se proposait de dépasser.

Ainsi le débat sur le droit d'asile des réfugiés a-t-il été l'occasion pour le Parti conservateur de prendre des positions.... »

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