Royaume-Uni (2000-2001): Réélection paradoxale de Tony Blair L'image la plus marquante de l'année 2000-2001 aura été la fumée noire et...
Extrait du document
«
Royaume-Uni (2000-2001):
Réélection paradoxale de Tony Blair
L'image la plus marquante de l'année 2000-2001 aura été la fumée noire et
nauséabonde qui a enveloppé la campagne britannique au printemps 2001.
Elle se
dégageait des multiples bûchers dressés pour se débarrasser des cadavres des
dizaines de milliers de bovins, d'ovins et de porcins - souvent sains - abattus
pour enrayer l'épizootie de fièvre aphteuse, qui s'était déclenchée en février.
Elle a été la plus sérieuse qu'ait connue le pays depuis 1967 et des traces
significatives en persistaient encore à la mi-2001.
Pendant des semaines, la vie
politique a été submergée par cette affaire.
L'opinion publique, peu habituée à
ce que l'animal soit aussi crûment traité comme un objet, a été profondément
choquée par ces images, auxquelles ont succédé celles, à peine moins brutales,
des vastes fosses communes creusées par l'armée pour éviter de brûler les
cadavres.
Les zones touchées, pour leur part, ont été économiquement dévastées,
autant par l'impact direct sur l'agriculture que par les effets induits sur le
tourisme.
Le gouvernement, quant à lui, a paru longtemps désemparé.
Il a certes
échappé, pour des raisons circonstancielles, à toute sanction politique
immédiate, mais l'ensemble de cet épisode a renforcé le cynisme déjà profond
avec lequel les Britanniques considèrent leur système politique.
La récompense de la rigueur
Dans ce contexte, c'est un triomphe - paradoxal à plus d'un titre - qu'a
remporté aux élections législatives du 7 juin 2001 (le scrutin avait été retardé
d'un mois pour cause de fièvre aphteuse) le Parti travailliste de Tony Blair.
Les électeurs ont pratiquement reconduit la Chambre des communes pourtant
"introuvable" de 1997 : avec 42 % des suffrages, les travaillistes ont perdu 2
points et 6 sièges, les conservateurs (33 %) ont, eux, progressé de 2 points et
d'un siège, enfin les libéraux démocrates (19 %) ont gagné 2 points et 6 sièges.
Cette victoire a toutefois davantage souligné la profondeur de la crise du Parti
conservateur - dont le leader, William Hague, a démissionné dès l'annonce des
résultats - que la prétention blairiste de réinventer la gauche pour le xxie
siècle.
En effet, malgré sa popularité apparente, le gouvernement a souffert,
pendant toute la période préélectorale, d'une désaffection profonde, soulignée
par le taux d'abstention (41 %) et par l'hostilité à l'égard de ses engagements
politiques les plus caractéristiques.
Les points les plus positifs du bilan que T.
Blair pouvait afficher concernaient
la gestion macroéconomique du pays.
Avec un chômage constamment en baisse (5,2 %
en 2000), une inflation maîtrisée (2,1 %), une croissance relativement régulière
(3,0 %), les travaillistes ont acquis une réputation inédite de compétence et de
rigueur.
Ils en ont retiré du respect plutôt que de l'adhésion, ou a fortiori de
l'enthousiasme.
Pour l'opinion de gauche, en particulier, les avancées concrètes
- notamment l'introduction du salaire minimum et du crédit d'impôt pour les bas
salaires et l'accroissement substantiel du minimum vieillesse - pouvaient
sembler fort modestes au regard aussi bien de la tradition travailliste que de
l'ampleur des problèmes sociaux britanniques.
Des infrastructures gravement délabrées
De fait, les questions sociales ont été au cœur d'une campagne électorale, qui a
repris en les amplifiant les thèmes du débat public de l'année 2000-2001, dont
la question des transports.
L'état du système ferroviaire et les échecs de sa
privatisation, certes bien connus, ont reçu un brutal coup de projecteur à
l'occasion d'un grave accident (4 morts) à Hatfield en octobre 2000.
L'enquête a
révélé les graves insuffisances de la maintenance des infrastructures, et les
mesures correctives ont plongé dans le chaos, pendant plusieurs mois, le rail
britannique.
Pendant cette période, le transport routier a également occupé le
devant de la scène.
Des protestations massives contre l'accroissement des prix
des carburants à l'automne 2000 ont marqué l'une des rares véritables crises
politiques qui ont touché le gouvernement Blair au cours de son premier mandat.
Enfin, le devenir du métro londonien a continué d'envenimer les relations entre
le gouvernement et la mairie de Londres.
Élu en mai 2000 avec l'engagement
d'empêcher la privatisation du métro - que le gouvernement préconisait sous une
forme ou une autre -, le maire de Londres Ken Livingstone (travailliste à
l'origine, mais exclu du parti pour s'être présenté contre le candidat officiel)
a poursuivi une double campagne politique et judiciaire qui a réussi à bloquer
les projets gouvernementaux, sans toutefois offrir de solution alternative
claire.
Le besoin d'investissement pour améliorer les infrastructures, et les
difficultés à le financer ont été au cœur du débat sur le transport, mais aussi
de ceux relatifs à l'éducation et à la santé, autres thèmes majeurs de la
campagne électorale.
L'intérêt manifesté par le gouvernement pour la
privatisation ou de nouvelles formes de partenariat entre secteurs public et....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓