Royaume-Uni (2002-2003): Une nouvelle «relation spéciale» avec les États-Unis La participation britannique au conflit irakien, au cœur du débat politique...
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Royaume-Uni (2002-2003):
Une nouvelle «relation spéciale» avec les États-Unis
La participation britannique au conflit irakien, au cœur du débat politique de
l'année 2002-2003, a contribué à éclipser les questions de politique intérieure.
La collaboration du Royaume-Uni avec les États-Unis dans la lutte contre un pays
qui fut sous protectorat britannique dans les années 1920 a été perçue, en
France notamment, comme le signe d'un alignement inconditionnel sur Washington.
Elle a remis à l'ordre du jour la question d'une «relation spéciale» entre les
deux pays, considérée par l'ex-Premier ministre Winston Churchill comme l'un des
«trois cercles» de sa diplomatie et sur laquelle s'est fondée la vision
stratégique des gouvernements britanniques depuis la Seconde Guerre mondiale.
Toutefois, l'initiative du Premier ministre Tony Blair a surpris certains
commentateurs qui ont souligné son attachement paradoxal à l'héritage
thatchérien, malgré la distance idéologique entre son allégeance travailliste et
l'ancrage ultra-conservateur de l'administration américaine dirigée par le
président George W.
Bush, rappelant qu'un peu avant la guerre du Golfe (1991) la
relation anglo-américaine reposait autant sur une entente personnelle que sur
une véritable communion de pensée entre les deux dirigeants de l'époque,
Margaret Thatcher (1979-1990) et Ronald Reagan (1981-1989).
L'engagement
britannique a suscité une vive controverse dans quelques pays européens,
notamment en France.
Paris n'a pas hésité à brandir, à nouveau, le stéréotype
gaullien d'un Royaume-Uni «cheval de Troie américain».
Le malaise fut également
profond au sein de l'opinion publique britannique, et en particulier chez les
travaillistes, marqués par une tradition antimilitariste et antiaméricaine
héritée des années 1980 et dès lors profondément divisés sur la question d'une
intervention armée en Irak.
Controverses autour de l'intervention en Irak
Quelques mois après la publication par le gouvernement Blair d'un rapport sur
l'armement irakien rédigé à partir d'informations qui auraient été recueillies
par les services secrets britanniques, les autorités ont découvert l'existence à
Londres d'un laboratoire de fabrication de ricine, poison mortel susceptible
d'être utilisé comme arme biologique.
Dans un contexte de lutte antiterroriste
consécutive aux attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, l'arrestation de
suspects accusés de fabriquer des armes chimiques sur le territoire britannique,
ajoutée à la recherche d'armes de destruction massive en Irak, a accru la
méfiance de T.
Blair et accéléré la mise en œuvre d'une coalition issue de sa
rencontre avec le président américain et les Premiers ministres espagnol, José
María Aznar, et portugais, José Manuel Durão Barroso, aux Açores le 16 mars
2003.
Lors de ce «sommet», ils ont lancé un dernier ultimatum au président
irakien Saddam Hussein, destiné à faire avaliser par l'ONU l'usage de la force,
alors que des millions d'opposants à la guerre manifestaient dans le monde, avec
le soutien de la France, de l'Allemagne et de la Russie qui, le même jour, ont
émis un «appel solennel» pour éviter une intervention armée en Irak et
poursuivre les inspections dans ce pays.
Au Royaume-Uni, l'engagement de T.
Blair a fait l'objet de critiques virulentes.
À la fin 2002, les sondages indiquaient que 75 % de l'opinion publique ne
voulaient pas voir leur pays mener une offensive militaire contre l'Irak sans
une résolution motivée du Conseil de sécurité de l'ONU, et un million de
Britanniques ont exprimé leur mécontentement dans les rues de Londres le 15
février 2003.
Toutefois, pour le Premier ministre, la principale menace
provenait des opposants à la guerre au sein de son propre parti, lesquels, en
désapprouvant sa décision, mettaient délibérément en cause la légitimité de son
statut et risquaient de mettre en péril la survie du gouvernement.
Si T.
Blair a
finalement pu obtenir de la Chambre des communes l'autorisation d'engager 45 000
soldats britanniques aux côtés des États-Unis, c'est sans conteste grâce au
soutien de l'opposition conservatrice.
Ce vote du 18 mars 2003 a en effet abouti
à une importante fronde dans les rangs du Parti travailliste et à la démission
consécutive de trois ministres – Robin Cook, ministre des Relations avec le
Parlement, Lord Philip Hunt, secrétaire d'État à la Santé, et John Denham,
secrétaire d'État à l'Intérieur –, plongeant le pays au bord d'une crise
institutionnelle qui ne devait toutefois pas empêcher le lancement de
l'opération militaire américano-britannique Liberté pour l'Irak, deux jours plus
tard.
Mais le 29 mai, un scandale a éclaté lorsqu'un journaliste de la BBC a
accusé le gouvernement sous l'influence d'Alastair Campbell, directeur de la
communication de T.
Blair, d'avoir trompé l'opinion en exagérant, dans un
rapport, la menace que représentait l'armement irakien.
Deux mois plus tard, le
suicide de David Kelly, l'ancien inspecteur de l'ONU qui s'est révélé être le
principal informateur du journaliste, compromettait la crédibilité du Premier
ministre et entachait la réputation de la BBC.
Atermoiements en Irlande du Nord
Parallèlement au conflit irakien, T.
Blair n'a pas hésité à utiliser le
rapprochement anglo-américain pour tenter de gérer la situation nord-irlandaise.
Cinq ans exactement après l'accord du Vendredi saint (entériné en avril 1998),
la décision d'organiser un «sommet» avec G.
W.
Bush à Hillsborough, en Irlande
du Nord, dans la région du Royaume-Uni la plus favorable à la guerre, devait
permettre à T.
Blair d'accélérer le processus de paix, malgré les réticences des
partis unionistes.
Mais l'influence américaine ne semble pas avoir eu l'effet
escompté.
Après l'arrestation de quatre militants de l'IRA (Armée républicaine
irlandaise) soupçonnés d'espionnage en octobre 2002, le gouvernement britannique
avait suspendu, pour la quatrième fois depuis 1998, le fonctionnement du
gouvernement et de l'assemblée d'Ulster dans le but de ne pas entraver le....
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