Royaume-Uni (2003-2004): Essoufflement du pouvoir L’intervention britannique, aux côtés des États-Unis, en Irak a été, tout au long de l’année...
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Royaume-Uni (2003-2004):
Essoufflement du pouvoir
L’intervention britannique, aux côtés des États-Unis, en Irak a été, tout au
long de l’année 2003, au cœur d’une ardente polémique dont les répercussions ont
largement dépassé le cadre national.
Critiqué pour sa relation exclusive avec
l’administration américaine du républicain George W.
Bush, le gouvernement
travailliste de Tony Blair a surtout été compromis par un scandale qui a culminé
avec la mort de l’un de ses experts militaires, David Kelly.
L’implication du
gouvernement dans cette affaire, et les obstacles qu’il rencontre dans la mise
en œuvre des différents projets de réforme entrepris depuis 1997 constituent
sans doute les signes tangibles d’un essoufflement gouvernemental, voire d’une
certaine usure du pouvoir.
Les répercussions de l’«affaire Kelly»
Le 7 juillet 2003, à l’issue d’une vive controverse entre le Premier ministre et
la chaîne de télévision publique BBC, qui avait accusé le gouvernement d’avoir
exagéré la menace constituée par l’armement chimique irakien pour justifier sa
décision, la commission parlementaire chargée d’examiner les arguments
britanniques en faveur de la guerre en Irak a rendu un rapport favorable à
l’initiative de T.
Blair.
Tout en critiquant l’utilisation faite par le
gouvernement d’un dossier contestable publié en février 2003 et qui avait
largement plagié les travaux d’un étudiant américain, cette commission a fini
par blanchir le gouvernement du soupçon d’avoir trompé délibérément les députés.
Le 19 juillet, D.
Kelly, spécialiste en armement auprès du gouvernement accusé
par le ministère de la Défense d’avoir livré à la BBC les informations attestant
l’exagération de la menace, se suicidait.
Après que la BBC a confirmé que D.
Kelly était bien la source de son reportage, T.
Blair a aussitôt chargé Lord
Brian Hutton de diriger une enquête indépendante.
Rendant son rapport le 28
janvier 2004, le juge Hutton a finalement disculpé le Premier ministre tout en
reconnaissant l’implication personnelle de T.
Blair, mais surtout la
responsabilité de la BBC dans cette affaire.
Le président, le directeur général
et le journaliste de la BBC Andrew Gilligan ont démissionné.
Il n'en restait pas moins que la crainte d'attentats terroristes sur le sol
britannique, ainsi que le coût financier de la guerre et le bilan des pertes
militaires (une soixantaine de soldats morts et plusieurs centaines de blessés)
pesaient toujours sur la crédibilité du gouvernement, également ternie par la
publication, le 11 mai 2004, d'un rapport d'Amnesty International dénonçant la
responsabilité de l'armée britannique dans la mort de 37 civils irakiens et
l'implication de 4 soldats dans les sévices infligés à des soldats irakiens.
La crise irakienne a donc eu des répercussions profondes sur la défense
britannique, entachant la réputation du ministre Geoff Noon.
Dans le Livre blanc
sur la défense britannique (11 décembre 2003), celui-ci n’en a pas moins annoncé
les grandes orientations devant permettre d’adapter l’armée britannique aux
nouvelles menaces terroristes et aux armes de destruction massive.
Quelques mois
auparavant, le gouvernement avait déjà fourni un important effort financier en
signant, en août 2003, un contrat de 3,5 milliards de livres avec l’entreprise
britannique BAE Systems pour la construction et la mise en service sur le sol
britannique de onze simulateurs de vol militaires.
Marquée par le voyage officiel du président américain G.
W.
Bush au Royaume-Uni
du 18 au 21 novembre 2003, la relation entre les États-Unis et le Royaume-Uni
s’est poursuivie sur un mode privilégié.
Si les entretiens ont porté
essentiellement sur la lutte contre le terrorisme international et la situation
en Irak, le séjour de G.
W.
Bush a toutefois été perturbé par d’importantes
manifestations contre l’intervention en Irak.
Parallèlement, une tentative de résolution européenne de la crise irakienne a
été entreprise par l’Allemagne et la France en concertation avec le gouvernement
britannique.
Réunis à Berlin le 20 septembre 2003, les dirigeants allemand,
britannique et français ont émis l’hypothèse d’une coopération future en matière
de défense placée sous la tutelle de l’Union européenne, tout en restant ambigus
sur ses modalités de mise en œuvre.
Après la déclaration par le chancelier de
l’Échiquier (ministre des Finances) Gordon Brown qu’une adhésion immédiate du
Royaume-Uni à la Zone euro était exclue, cette initiative a été interprétée
comme la volonté affichée de T.
Blair de se rapprocher de ses partenaires
européens, en particulier à quelques mois du centenaire de l’Entente cordiale
entre la France et le Royaume-Uni, célébré par la visite à Paris de la reine
Elizabeth II (avril 2004) puis par celle de T.
Blair (9 mai).
Mais l’annonce, le
20 avril 2004, de la tenue d’un référendum sur la future Constitution
européenne, prévu pour 2005, risquait de compromettre ses espoirs en raison de
l’euroscepticisme persistant de l’opinion britannique.
Si la résolution du conflit nord-irlandais constituait toujours l’une des
priorités du gouvernement, les solutions proposées ne permettaient toutefois pas
de sortir de l’impasse.
Dans un effort continu pour relancer le processus de
paix issu de l’accord du Vendredi saint du 10 avril 1998, le Premier ministre a
annoncé, le 21 octobre 2003, de nouvelles mesures visant au désarmement de
l’Armée républicaine irlandaise (IRA).
Cette initiative devait également
permettre d’organiser, le 26 novembre 2003, l’élection de l’Assemblée
semi-autonome d’Irlande du Nord, suspendue depuis octobre 2002 à la suite d’une
affaire d’espionnage impliquant des membres de l’IRA.
Le scrutin en question a
surtout été marqué par la victoire des partis radicaux.
Le Parti unioniste
démocrate (DUP) du pasteur fondamentaliste Ian Paisley (opposé à l’accord de
paix du 10 avril 1998), en obtenant 30 sièges, soit 10 de plus qu’en 1998, est
devenu la première formation politique d’Irlande du Nord, devant le Parti
unioniste d’Ulster (UUP, protestant modéré) de l’ex-Premier ministre David
Trimble.
Dans le camp nationaliste, parallèlement,....
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