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Russie (2005-2006): Évolutions politiques et diplomatiques contrastées Pour la première fois depuis longtemps, la Russie n'a pas connu de grande...

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« Russie (2005-2006): Évolutions politiques et diplomatiques contrastées Pour la première fois depuis longtemps, la Russie n'a pas connu de grande tragédie nationale en 2005-2006.

Les dénouements catastrophiques ont été évités tant à l'occasion d'un incident grave à bord d'un sous-marin que lors d'une attaque de combattants tchétchènes en Kabardino-Balkarie dans le nord du Caucase (octobre 2005).

Le président Vladimir Poutine se plaisait à souligner la normalisation à l'œuvre, notamment en choisissant symboliquement la date anniversaire de la Constitution pour venir à Grozny saluer le travail du premier Parlement tchétchène de l'« après-guerre » (élu en novembre 2005). Aussi, alors que les dérives autoritaires du régime russe étaient la cible des critiques occidentales, le soutien interne au président restait-il indéfectible. Le pouvoir poutinien a continué d'évoluer, de façon certes moins spectaculaire qu'à ses débuts, mais toujours contrastée. Une démocratie tâtonnante Les symboles nationaux ont connu un nouveau changement.

La « fête de la Concorde » (nouveau nom du jour anniversaire de la révolution d'Octobre) a été remplacée par une « Journée de l'unité nationale », célébrée le 4 novembre et commémorant la fin emblématique du « temps des troubles » en 1612. Les institutions ont également fait l'objet d'ajustements.

La Chambre sociale, instaurée à l'automne 2004 pour représenter la société civile et destinée à faciliter le dialogue entre le pouvoir et les citoyens, s'est réunie pour la première fois en janvier 2006 sans que soient précisées ses relations avec la Douma ni ses champs de compétence.

Elle est en principe composée de représentants du monde associatif, mais sa représentativité pose problème car la désignation de ses membres est très encadrée et les ONG les plus critiques à l'égard du pouvoir en sont absentes. Ces associations restaient en effet la cible de nombreuses attaques les présentant comme des « agents de l'étranger » (certaines d'entre elles ont été accusées d'espionnage).

En décembre 2005, une loi restreignant leur activité a été adoptée. Même si cette suspicion répondait à l'adoption par le Conseil de l'Europe d'une résolution sur la « Nécessité d'une condamnation internationale des crimes des régimes communistes totalitaires », il serait excessif d'évoquer une glaciation des rapports avec le monde occidental.

En effet, V.

Poutine continuait à veiller aux équilibres subtils régissant l'équipe gouvernementale : en novembre 2005, il a promu au rang de vice-premier ministre respectivement un « étatiste dur » (Sergueï Ivanov, qui a conservé son portefeuille de la Défense) et un « pragmatique européen » (Dmitri Medvedev, ancien chef de son administration, affecté à la mise en œuvre des projets sociaux nationaux).

L'un et l'autre étaient considérés comme des dauphins potentiels en vue de l'élection présidentielle de 2008, à laquelle V.

Poutine, aux termes de la Constitution, ne peut pas se présenter, alors qu'un sondage d'avril donnait près de 60 % d'opinions favorables à un amendement qui lui permettrait de briguer un troisième mandat. L'aménagement de la « verticale du pouvoir » s'est poursuivi avec les mêmes oscillations.

Alors qu'il était question de supprimer l'élection des maires au suffrage direct (après celle des gouverneurs), une disposition a été adoptée, permettant au parti vainqueur des élections régionales de soumettre au choix du président son candidat à la fonction de chef de l'exécutif régional.

Cette réintroduction d'un élément de démocratie représentative apparaissait néanmoins ambiguë, soulignant les similitudes fonctionnelles entre l'ancien PCUS (Parti communiste de l'Union soviétique) et le « parti du pouvoir » (Russie unie). Ce parti a été le vainqueur incontesté des élections partielles de l'année (à Moscou en décembre 2005, dans 8 régions en mars 2006).

Les partis libéraux se sont retrouvés exclus des assemblées représentatives, faute d'avoir franchi la barre des 7 % de suffrages exprimés.

Les sempiternelles tentatives pour constituer un parti d'opposition libérale unifié n'arrivaient toujours pas à aboutir, alors que deux anciens membres de l'establishment politique prenaient position sur ce front : l'ancien conseiller économique de V.

Poutine, Andreï Ilarionov, qui a démissionné en décembre 2005, et l'ancien Premier ministre limogé, Mikhaïl Kassianov, qui a fondé en avril 2006 une Union populaire démocratique et appelé au rassemblement de toutes les oppositions.

Quant à Rodina, formé pour grignoter une partie de l'électorat communiste aux élections législatives de 2003, il fléchissait : après avoir connu une scission, il a été éliminé de la course électorale dans plusieurs circonscriptions sous prétexte de non-conformité aux réglementations ; son nouveau leader, Alexandre Babakov, manquait de véritable carrure politique.

Le Parti communiste (KPR) et le Parti libéral-démocrate de Russie du nationaliste Vladimir Jirinovski (LDPR) se sont maintenus, mais leurs scores ne leur permettaient pas de se poser en opposition alternative.

L'opinion publique s'accommodait de ce paysage politique simplifié et l'idée d'un « conservatisme libéral » semblait désormais faire consensus. L'économie sous la coupe de l'État ? Malgré les déclarations d'attachement au libéralisme, le mouvement de renationalisation de l'économie s'est poursuivi.

La prise de contrôle des actifs du « géant » pétrolier Ioukos avait été la principale conséquence, voire l'objectif, des poursuites engagées contre son dirigeant l'oligarque Mikhaïl Khodorkovski (condamné en octobre 2005 à neuf ans de détention, actuellement purgés en Sibérie).

Mais c'est sans « dommages collatéraux » pour son patron Roman Abramovitch que le groupe Sibneft, quatrième producteur national de pétrole, a été acheté à hauteur de 72 % par le gazier public russe Gazprom, en septembre 2005. Cette tendance à restaurer des secteurs monopolistiques contrôlés par l'État s'observait également dans la production automobile et d'aluminium.

Face à ce processus, les élites économiques restaient discrètes, se contentant de réclamer un partenariat avec l'État dans la gestion d'un Fonds d'investissement qui est resté très virtuel, et choisissant de porter à la tête de l'organisation du patronat russe (RSPP) un ancien ministre, Alexandre Chokhine. Les stratégies économiques étaient soumises aux mêmes balancements que les manœuvres politiques.

D'un côté, des zones économiques spéciales ont été créées : quatre sont désignées comme « technologiques », deux comme « zones de production industrielle », celle d'Elabouga étant destinée à produire des pièces détachées automobiles, avec la participation d'investisseurs américains et sud-coréens.

De l'autre, V.

Poutine a réaffirmé sa volonté de limiter les interventions bancaires étrangères, ne contribuant pas à lever les.... »

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